On ne peut arrêter le temps.
Quand revient la fin de l'été
Si je cherche dans mon miroir
Les images du temps passé
C'est que j'ai mal à la mémoire
Quand revient la fin de l'été
Je cherche en vain tes cheveux blonds
On a fauché les champs de blé
A l'époque de la moisson
Quand revient la fin de l'été
Si quelquefois j'ai l'âme en peine
C'est que j'ai longtemps espéré
Que tu reviennes
Et quand planté devant ma glace
Je regarde mes cheveux blancs
Mais il faut voir les choses en face
On ne peut arrêter le temps
Qu'ils étaient doux les soirs d'automne
Que l'on passait seuls tous les deux
Et ce n'était pas monotone
Au coin du feu
Tu me parlais de l'Amérique
Des grands lacs du Canada
Ou bien des déserts de l'Afrique
Et je te suivais pas à pas
Toi tu me tenais chaud au cœur
Moi je te donnais du courage
Nous arrivions toujours vainqueurs
Dans nos voyages
Et puis la vie de tous les jours
A usé nos rêves d'enfants
Quand j'y pense j'ai le cœur lourd
On ne peut arrêter le temps
Et quand bientôt viendra l'hiver
Tout sera recouvert de blanc
Quand le froid gèlera la terre
J'irai où nous allions avant
Et je lancerai aux oiseaux
Des grains et des miettes de pain
Ils ont peur de moi les moineaux
Mais toi, ils mangeaient dans ta main
Et puis je ferai un détour
Remonterai la grande allée
Le pas traînant et le cœur lourd
Faire semblant de se promener
Puis j'irai jusqu'au cimetière
Où tu reposes maintenant
Et je pleurerai sur la pierre
On ne peut arrêter le temps…
On ne peut arrêter le temps.
Pierre COUTREAU - juin 1985
Dis-moi un mot, fais-moi un geste.
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
Tu vois j'ai fait le premier pas
Bien sûr je n'ai pas dit « je t'aime »
Mais pourtant je chante pour toi
Parce qu' il y a dans ton sourire
Un monde que je ne connais pas
Et comme c'est trop peu de le dire
Je voudrais le vivre avec toi.
J'aimerais t'écrire des poèmes
Sur des mots que j'inventerais
Des mots plus forts que des « je t'aime »
Des mots que toi tu comprendrais
Puis me perdre dans ton regard
Me laisser aller au bonheur
Oublier s'il est tôt ou tard
Perdre toute notion de l'heure.
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
C'est peu et beaucoup à la fois
Et si c'est tout ce qu'il nous reste
J'aurai quelques regrets, je crois
Et je garderai dans mes rêves
Le plus beau souvenir de toi
Où tu me dis du bout des lèvres
Tous ces mots que l'on dit tout bas.
Moi j'ai besoin d'aimer pour vivre
J'ai tant besoin de ton amour
Et pas seulement pour survivre
Mais pour exister au grand jour
Moi j'ai besoin de la tendresse
Que tu as jusqu'au bout des doigts
Pour échapper à ma détresse
Et reprendre confiance en moi
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
Même si cela ne se fait pas
Dans cette vie qu'est-ce qu'il nous reste
De beau si l'on ne s'aime pas
Dans cette vie qu'est-ce qu'il nous reste
De beau si l'on ne s'aime pas
Pierre Coutreau - juillet 1987
On s'habitue.
Encore un mot, pour ne rien dire
Un mot d'ennui, un mot de trop
Plus triste qu'un soupir.
Et puis tu vois, on s'habitue
On doit se forcer pour sourire
On apprend à ne plus souffrir
On s'habitue, évidemment
Les larmes ne durent qu'un moment
Le temps qui a raison de tout
A effacé ce qui fut nous
Et puis tu vois, on s'habitue
Parce que la vie est ainsi faite
Il y a des victoires et des défaites.
Encore un mot, pour ne rien dire
Parce que quand on a trop parlé
On n'a plus grand-chose à se dire
Et puis tu vois, on s'habitue
On oublie les belles promesses
On se dit des mots qui nous blessent
On s'habitue, évidemment
On apprend à serrer les dents
On déchire en petit morceaux
Les mots d'amour et les photos
Et puis tu vois, on s'habitue
Quand le cœur est un peu plus sage
On apprend à tourner la page.
Encore un mot, pour ne rien dire
Comme un regret ou un adieu
Quand il n'y a plus d'avenir
Et puis tu vois, on s'habitue
A ne plus avoir dans sa main
La chaleur d'une autre main
On s'habitue, évidemment
Mais le vide se fait si grand
Qu'on aurait envie de partir,
Qu'on ne voudrait plus revenir,
Et puis tu vois, on s'habitue
On est là, on reste quand même
Sans les sourires et les « je t'aime »
Et puis tu vois, on s'habitue…
Tu sais on s'habitue à tout,
Pourquoi pas nous…
Pierre Coutreau - septembre 1990
Ca tue le temps.
fontaine
fond village
Il n'y a plus personne dans la ferme à côté
Ils ont déménagé, les voisins...
Ils ont brûlé dans la cour, des tas de vieux papiers
Avant de partir ce matin.
Il n'y a plus grand monde, maintenant, au bourg, à qui parler
Depuis qu'est mort le vieux Tonin...
D'ou je suis je regarde au loin dans la vallée
Puis je parle un peu, à mon chien...
Ca tue le temps...
J'ai préparé la soupe, pour mon chien et pour moi
Il doit rester un peu de vin...
Demain, faudra que je pense à couper du bois
Et que j'achète un ou deux pains...
Je passerai peut-être, par le vieux sentier
Et puis si j'y pense, en chemin
Je prendrai quelques champignons, dans un panier,
C'n’est pas que je les aime bien... mais...
Ca tue le temps...
Peut-être qu'un jour, moi aussi, je partirai...
Mais la ville, c'est un peu trop loin...
Je n'sais pas trop et comme c'est là que je suis né...
Et puis, je n'ai jamais pris le train...
Tant que je reste, le village n'est pas vraiment mort
Puisqu'il y a au moins un habitant...
Puis aux beaux jours, y'a des gens qui viennent du nord
Et qui passent de temps en temps... et...
Ca tue le temps...
Pierre Coutreau - février 1992