En officialisant il y a quelques jours sa candidature à l’élection présidentielle, Marine Le Pen a obéi à un calendrier mûrement réfléchi : démarrer tôt – et ainsi mettre un terme aux rumeurs qui la disaient hésitante –, élaborer son programme et convaincre de sa crédibilité. Traumatisée – bien qu’elle s’en défende – par le fiasco de son débat de l’entre-deux-tours avec Emmanuel Macron, la « patronne de l’opposition », comme elle aime à le dire, entend, pour cette troisième tentative, mettre toutes les chances de son côté.
Chaque semaine, la fille de Jean-Marie Le Pen s’astreint, elle pourtant si rétive à la contrainte, à une réunion de travail avec ses « Horaces », ce groupe d’experts constitué fin 2016 par André Rougé, mis en sommeil après l’échec du second tour de 2017 et réactivé après les européennes de 2019. Informel, son rendez-vous hebdomadaire avec ce « shadow cabinet » se tient le soir, en général dans un appartement privé – jamais le même – et presque toujours autour d’un apéro dînatoire. Les thèmes sont divers et souvent dictés par l’actualité : la réforme des retraites a ainsi occupé plusieurs séances, mais aussi la fiscalité, la sécurité, l’immigration, l’Europe, les aides sociales, l’environnement, l’équilibre des territoires.
Le projet présidentiel de la candidate sera dévoilé en 2021
Tous bénévoles, les experts (hauts fonctionnaires, ingénieurs, avocats, cadres…) ne sont pas toujours d’accord entre eux : le retour à la retraite à 60 ans, notamment, divise. Certains ont été membres des cabinets de Jean-Louis Debré, Dominique Perben ou Eric Raoult, d’autres exercent encore des fonctions dans le privé. Les échanges peuvent être contradictoires, doivent être étayés, mais la règle est intangible : « Nous proposons, Marine dispose », explique Jean Messiha, énarque et porte-parole du groupe, qui protège l’anonymat de ses camarades : « Une précaution indispensable dans la société orwellienne qui est la nôtre. » Les Horaces fournissent aussi de nombreuses notes à la présidente du RN. Cette dernière ne s’interdit pas de rencontrer des personnalités extérieures, comme récemment Laurent Alexandre, macroniste en 2017 qui, depuis, a pris ses distances avec le chef de l’Etat.
Régulièrement, l’essayiste Hervé Juvin, aujourd’hui député européen RN, passe une tête chez les Horaces, comme Philippe Olivier, conseiller politique de Marine Le Pen, ou Thierry Mariani, ex-ministre de Nicolas Sarkozy devenu, lui aussi, député européen. Les transfuges de l’UMP Jérôme Rivière et Jean-Paul Garraud viennent occasionnellement. Ce think tank fonctionne indépendamment du parti. « Nous veillons à ce qu’il n’y ait aucune porosité », confirme Philippe Olivier, qui, lui-même, planche sur le « localisme » et la « démétropolisation », deux notions qui sont apparu dans les discours de Le Pen, notamment lors de la convention de janvier sur les municipales.
Récemment, un sous-groupe s’est constitué avec quelques trentenaires tout juste entrés dans la vie active et pour la plupart issus de grandes écoles. Leurs aînés les surnomment « les jeunes Horaces ». Eux aussi fonctionnent de façon autonome. Un livre blanc sur la sécurité est annoncé pour la fin du mois de janvier. D’autres s’échelonneront jusqu’en 2022. Le projet présidentiel de la candidate lepéniste sera dévoilé lors du congrès qui suivra les élections régionales de 2021. « Nous étions un parti de contestation, nous sommes appelés à devenir un parti de gouvernement, résume André Rougé. La mue est en cours. »
Ce mystérieux André Rougé, coordinateur des « Horaces »
Agé de 58 ans, cet ex-attaché parlementaire de Michel Debré, qui a longtemps appartenu au RPR, a parallèlement travaillé plus de quinze ans dans le groupe Bouygues. Il est aujourd’hui député européen du RN et coordinateur des Horaces. Délégué à l’outre-mer au sein du RN, il veille sur la cohérence du futur programme de Marine Le Pen. Un programme dont il assure qu’il n’aura « rien à voir » avec celui de 2017, trop « rigide » et trop inspiré – notamment sur le volet européen – par Florian Philippot, avec lequel il n’avait aucun atome crochu. De Marine Le Pen, dont il est très proche, il dit qu’elle a « appris de ses échecs », qu’elle a le « cuir tanné », une qualité « indispensable » à toute personnalité politique, et qu’elle est devenue « solide ».
prarismatch.com
Je suis surpris de voir un article comme ça sur Paris-Match, eux qu'il y a quelques années en arrière diabolisaient le F.N. à l'époque nous font un article sur les qualités de préparation de ce partie et de sa présidente aux prochaines élections.
Ceci-dit je pense que le R.N. vient de prendre conscience que pour la première fois depuis la révolution et la première fois dans l'histoire du parti, ils ont une réelle chance d'arriver au pouvoir et ça c'est nouveau .
J.M. Le-Pen savait parfaitement qu'il ne serait jamais président et sa fille pensait qu'elle serait peut-être à la tête d'un fort parti d'opposition mais je pense que là ils ont intégrer le fait que potentiellement le R.N. est devenu un parti de gouvernement et qu'il va falloir arriver bien préparé aux prochaines élections si ils veulent avoir une chance d'être le prochain parti aux affaires.
Sans être mentionné, je pense que dans les fameux Horace, il y aurait les potentiels futurs ministres d'un gouvernement R.N.
André Rougé futur premier ministre de M.Le-Pen ? Je pense que c'est une affaire à suivre.