L’ambassadeur de Chine en France nie la souveraineté des États post-soviétiquesL’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, a remis en question le statut d’État souverain, en visant notamment de l’Ukraine, lors d’une interview avec Darius Rochebin, sur LCI vendredi.![Ukraine : pour débattre et essayer de comprendre ... - Page 25 64453e10](https://i.servimg.com/u/f20/20/30/98/10/64453e10.jpg)
Les propos controversés de l’ambassadeur chinois en France qui, questionné sur la province ukrainienne de Crimée, annexée depuis 2014 par Moscou, a nié la souveraineté des ex-républiques soviétiques, ont provoqué une levée de boucliers parmi les États concernés.
« Il est étrange d’entendre une version absurde sur ''l’histoire de la Crimée'' de la part d’un représentant d’un pays scrupuleux au sujet de son histoire millénaire », a lâché sur Twitter Mykhailo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.
« Tous les pays de l’ex-URSS ont un statut souverain clair inscrit dans le droit international », a-t-il poursuivi, avant d’ironiser : « Si vous voulez être un acteur politique majeur, ne répétez pas comme un perroquet la propagande des Russes. »
Interrogé vendredi soir par Darius Rochebin sur LCI, l’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, avait indiqué au sujet de la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014 : « Ça dépend de comment on perçoit ce problème. Il y a l’Histoire. La Crimée était tout au début à la Russie. C’est Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l’Ukraine dans l’époque de l’Union soviétique. »
Il avait poursuivi son argumentaire, estimant que les pays de l’ex-URSS « n’ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain ».
« Loups combattants », ces nouveaux diplomates chinois
Lu Shaye, qui fait partie des « loups combattants », ce nouveau clan de diplomates chinois ne mâchant pas leurs mots face à un Occident perçu comme systématiquement hostile à Pékin, avait également appelé à arrêter de « chicaner » sur la question des frontières post-soviétiques.
Des commentaires qui concernent toutes les républiques nées de la dislocation de l’URSS en 1991, soit quatorze « États-membres des Nations unies, que cet officiel chinois a littéralement rayé de la carte en une seule affirmation ahurissante », a écrit Thomas Friang, le fondateur de l’Institut Open Diplomacy, un think-tank français, dans une tribune pour le Journal du dimanche.
Des remarques « complètement inacceptables » pour les États baltes
Les États baltes, désormais membres de l’Union européenne et de l’Otan, ne masquent pas leur courroux. Le ministre des Affaires étrangères letton, Edgars Rinkevics, a dénoncé des remarques « complètement inacceptables ».
Son homologue estonien Margus Tsahkna les a qualifiées de « fausses », relevant d’une « interprétation erronée de l’Histoire ». « Selon le droit international, les États baltes sont souverains depuis 1918, mais ils ont été occupés pendant 50 ans » par l’URSS, a-t-il poursuivi.
La France a de son côté déclaré avoir « pris connaissance avec consternation » de ces propos, demandant à la Chine « de dire (s’ils) reflètent sa position, ce que nous espérons ne pas être le cas ».
L’Ukraine a été reconnue internationalement « dans des frontières incluant la Crimée en 1991 par la totalité de la communauté internationale, Chine comprise », a insisté Paris, rappelant que l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 est « illégale au regard du droit international ».
Les déclarations du « loup » Shaye mettent dans l’embarras la diplomatie française, deux semaines à peine après qu’Emmanuel Macron a rendu visite à son homologue chinois Xi Jinping pour l’inciter à « ramener la Russie à la raison » vis-à-vis de l’Ukraine et le presser de ne pas livrer d’armes à Moscou.
Si Pékin se dit officiellement neutre, Xi Jinping n’a jamais condamné l’invasion russe ni même parlé au téléphone, jusqu’ici, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. À l’inverse, il s’est rendu il y a peu à Moscou pour y réaffirmer son partenariat avec le président russe Vladimir Poutine, aux allures de front anti-occidental.