Au volant de l'alternateur démarreur |
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Continental et Renault V.I. ont mis au point un Premium équipé de l'alternateur démarreur Isad. Sous une robe classique, ce tracteur cache un procédé technique promis à un bel avenir. |
Il ne paye pas de mine, ce prototype. Posé sur le parking de
Continental Isad, une société, installée à Landsberg, en Bavière - et
en Allemagne -, qui fait partie de la division Continental Automotive
Systems, le tracteur Renault Premium en question semble ne rien avoir
d'extraordinaire, avec sa cabine Privilège blanche et son moteur de 400
ch.C'est une fois la cabine basculée que sa nature de prototype
se révèle. On découvre alors qu'il est équipé de l'Isad (integrated
starter alternator damper, démarreur alternateur amortisseur de
vibrations intégré), un procédé mis au point par Continental, et
dévoilé, dans le domaine de l'automobile, à la fin de 1997.Pour
le camion, Renault V.I. et l'équipementier allemand ont dévoilé
l'existence de ce prototype au début de cette année (voir L'argus du 11
janvier 2001). Accolé au volant moteur, le moteur électrique est
quasiment invisible. De couleur gris aluminium, le boîtier
électronique, dit Redbox, n'est pas spectaculaire. Il est pourtant le
véritable coeur du système. La liaison entre lui et le moteur
électrique est la partie la plus visible, mais sans doute la moins
attrayante. L'oeil averti remarquera tout de même la présence, au côté
des deux batteries de 12 V, d'un inhabituel accumulateur de 42 V.Une
fois la cabine revenue en position normale, la démonstration peut
commencer. Et, là, le Premium 400 justifie ses galons de prototype et,
surtout, de premier camion équipé de l'alternateur démarreur de
Continental. Tout commence lors du démarrage, qui se fait quasiment
instantanément et sans le bruit habituel du démarreur. On a beau savoir
qu'il en est ainsi avec l'Isad, le phénomène est impressionnant. De
l'extérieur, le bruit le plus audible est celui causé par les
vibrations de la cabine. Alimenté par la batterie de 42 V, et contrôlé
par l'électronique de puissance, le moteur électrique entraîne
directement le vilebrequin grâce à un couple de 1 000 Nm (102 mkg). Le
régime de ralenti est atteint en deux dixièmes de seconde.Cette
faculté à démarrer rapidement autorise la fonction « stop and go », qui
s'active par un bouton situé à la planche de bord. A l'arrêt du
véhicule, le moteur thermique s'éteint si la boîte est au point mort et
si la pédale d'embrayage n'est pas enfoncée. Pour le relancer, il
suffit d'appuyer sur l'embrayage, toujours avec la boîte au point mort.
Il redémarre également si le véhicule en roue libre atteint une vitesse
minimale et programmable.Comme son nom l'indique, l'Isad est
aussi un alternateur, grâce à son électronique de puissance Redbox.
Traitant les entrées des signaux de tension, de courant et de
température des accumulateurs, ce boîtier transforme le courant de 42 V
en 24 V pour les batteries, et recharge l'accumulateur de 42 V. Il
engendre même un courant alternatif de 220 V, ce qui permet d'utiliser
dans le camion des appareils à forte tension, tels qu'un micro-ondes,
un aspirateur ou une télévision.Quatrième fonction de l'Isad :
l'aide au « décollage », bien pratique à 40 t, lors d'un démarrage en
côte. Le moteur électrique vient fournir une puissance additionnelle
sur l'arbre de transmission, réduisant de fait les risques de calage et
les trop grands patinages de l'embrayage.Toutes ces fonctions
directes de l'alternateur démarreur entraînent une économie de
carburant (de l'ordre de 10 % dans le cadre de cycles de circulation
usuels), une moindre pollution - en bruit comme en gaz -, un confort de
vie amélioré, une longévité accrue et un entretien facilité en raison
de la disparition d'organes d'usure (balais, courroies, etc.).Les
fonctions indirectes sont prometteuses. La puissance électrique du
système et son corollaire, le passage à un réseau de bord de 42 V,
permettront d'asservir électriquement nombre d'accessoires aujourd'hui
entraînés mécaniquement (direction, ventilateur, compresseur d'air,
climatisation...), d'en ajouter d'autres (chauffage de cabine
instantané, volant chauffant, nouveaux dégivreurs rapides), et
éventuellement d'utiliser simultanément des outils gros consommateurs
d'énergie (treuil, groupe frigorifique, ordinateur...). Continental
envisage la production en petite série de l'Isad aux alentours de 2002
ou 2003. Elle sera assurée à Landsberg, site créé en 1999, quatre ans
après la genèse de l'alternateur démarreur. Si la firme allemande se
refuse à dévoiler avec quels autres constructeurs de poids lourds elle
s'est lancée sur un projet équivalent, on peut imaginer que Renault
V.I. a pris une petite longueur d'avance sur ses concurrents.