les hommes souffrent plus que les femmes
Mesdames, si vous pensez que les hommes n’ont pas de cœur, détrompez-vous.
Même si nous ne le reconnaissons pas toujours, nous serions en réalité plus sensibles aux ruptures amoureuses que les femmes.
Ce n’est pas moi qui le dis, mais une étude très sérieuse menée par une équipe de l’université de Copenhague en début d’année.
Ces scientifiques se sont penchés sur l’impact des ruptures de couples et de la solitude sur notre santé…
Ils ont eu la surprise de découvrir que les « peines de cœur » n’avaient pas seulement un impact sur le moral, mais aussi sur la santé des personnes concernées.
Mais uniquement chez les hommes.
Ce qui se passe dans votre corps après une rupture (si vous êtes un homme)
Jusqu’à présent, certains travaux avaient déjà démontré que la solitude avait des conséquences négatives sur le long terme…
Mais c’est la première fois que des chercheurs s’intéressent spécifiquement aux ruptures amoureuses et à leurs effets sur la santé.
L’étude danoise, parue en janvier dans la revue Journal of Epidemiology and Community Health, portait sur une base de données de 4 835 patients, âgés de 48 à 62 ans, sur une période de 26 ans (de 1986 à 2011).
Pendant toutes ces années, les chercheurs ont recueilli chez les volontaires le nombre de ruptures, le nombre d’années passées seuls, ainsi que tous les facteurs pouvant influencer les résultats (âge, niveau d’éducation, poids, médication, etc.).
En parallèle, les participants ont fourni régulièrement des échantillons de sang pour évaluer les niveaux d'interleukine-6 et de protéines C-réactives, qui sont les deux principaux marqueurs de l'inflammation.
Des taux élevés de ces deux marqueurs sont notamment liés à un risque plus grand de maladie cardiovasculaire, de déclin cognitif ou encore de mortalité.
Les femmes sont-elles « immunisées » contre les déceptions amoureuses ?
Je vous avoue que je ne m’attendais pas à une telle conclusion :
Chez les hommes, les scientifiques ont trouvé une association très claire entre le nombre de ruptures (ainsi que les années de solitude) et une inflammation de bas grade, c’est-à-dire chronique
Chez les femmes, ils n’ont cependant trouvé aucune association entre inflammation et rupture
Autrement dit, les ruptures amoureuses seraient mauvaises pour la santé des hommes, mais pas des femmes…
Les hommes qui avaient eu le plus de ruptures amoureuses au cours de leur vie avaient en moyenne des marqueurs de l’inflammation 17 % plus élevés que le groupe de référence.
Si vous êtes un homme et que vous avez vécu quelques ruptures dans votre vie, je vous rassure tout de suite : seule une combinaison entre de nombreuses ruptures et plusieurs années de solitude aurait un impact mesurable sur votre santé.
Mais ce n’est pas tout.
Les hommes auraient tendance à déprimer après s’être fait quitter
Une seconde étude, parue quelques jours après la publication danoise, a montré que les hommes auraient aussi, après une rupture, un risque plus élevé de souffrir de maladie mentale, dépression ou d’anxiété…
Les risques de suicide seraient même quadruplés !
Ces deux études scientifiques cassent l’image de l’homme insensible et révèlent le « cœur tendre » qui se cache sous la carapace masculine.
Oubliez le modèle de l’homme sans état d’âme qui, à la manière de James Bond, passe indifféremment d’une relation à l’autre !
Contrairement aux idées reçues, c’est la femme qui serait la mieux armée pour faire face aux déceptions amoureuses.
Attention, je ne dis pas que les femmes ne sont pas affectées par les ruptures.
Qu’on soit un homme ou une femme, il s’agit toujours d’un événement difficile à vivre…
En revanche, les femmes semblent s’en remettre plus rapidement et en garder moins de « séquelles » que les hommes sur le long terme.
Comment expliquer cette différence ?
Le secret des femmes pour « mieux vivre » les séparations
Pour le Dr Oliffe, qui dirige le groupe de recherche sur la réduction du suicide masculin de l’université de Colombie Britannique, « l'incertitude des hommes quant à la façon de résoudre les problèmes dans le cadre d’une relation conduit de nombreux hommes à s'isoler plutôt qu'à demander de l'aide.
L’objectif de la plupart des hommes de l'étude, qui étaient face à des périodes de transition (deuil, parentalité, infidélité…), était souvent d'éviter les conflits. »
Une fois séparés, les hommes employaient tous des stratégies pour faire face à la rupture, mais ces stratégies n’étaient souvent pas les plus efficaces :
certains se mettaient par exemple à consommer de l’alcool pour mieux supporter la colère, le regret, la culpabilité ou la tristesse.
Bref, les hommes auraient plutôt tendance à vouloir se couper de leurs émotions, à les enfouir à l’intérieur d’eux au lieu de les évacuer…
Rares sont ceux qui osent demander de l’aide, se confient à un proche et plus généralement qui expriment leur souffrance, par exemple en pleurant.
Ce serait pourtant l’une des clés pour mieux traverser un événement douloureux comme une rupture ou un deuil.
Le lien caché entre émotions et maladies
Exprimer ses émotions aide à mieux les réguler :
cela permettrait de mieux vivre la situation difficile et de se remettre plus rapidement de celle-ci.
Et pour cela, les femmes semblent plus douées que les hommes.
Une étude publiée dans la prestigieuse revue Plos One, a d’ailleurs montré que les femmes avaient une plus grande expressivité de leurs émotions.
En analysant les expressions du visage de volontaires face à des vidéos gaies, tristes ou effrayantes, les chercheurs ont prouvé que les femmes manifestaient davantage leurs émotions sur leur visage que les hommes (sourire, haussement de sourcils…).
Selon le médecin et psychanalyste Alain Braconnier, auteur du livre Le Sexe des Émotions, « les femmes expriment plus facilement ce qu’elles éprouvent et perçoivent davantage ce que l’autre ressent. Elles ne sont donc pas plus émotives, mais elles communiquent mieux leurs émotions que les hommes. Ceux-ci, par exemple, expriment plus brutalement leurs affects ; les femmes parlent davantage de ce qu’elles ressentent. Les hommes expriment insuffisamment leurs émotions, ils les "agissent" au lieu de les dire. »
Serait-ce le secret des femmes pour mieux surmonter les situations difficiles ?
Aujourd’hui, on sait qu’intérioriser ses émotions négatives est mauvais pour la santé.
La peur, l’angoisse ou encore le doute, l’incertitude ou le stress seraient ainsi liés à de nombreuses maladies chroniques ou aiguës :
Ces émotions négatives pourraient impacter la digestion, la glycémie, l’équilibre du cholestérol ou la vitalité générale.
Elles pourraient accélérer la progression du cancer de la prostate
Elles augmenteraient le risque de maladies coronaires et agiraient comme déclencheur d’un événement cardiaque majeur
Elles diminueraient l’efficacité du système immunitaire
Manuel de survie pour les hommes (et les femmes) qui se font « larguer »
Malheureusement, dans notre société, il est difficile pour un homme d’exprimer sa fragilité et sa souffrance émotionnelle, par exemple en pleurant ou en se confiant… souvent par peur que cela soit considéré par l’entourage comme un signe de faiblesse, un manque de virilité.
Mais comme on vient de le voir, reconnaître qu’on souffre n’est pas une faiblesse, mais une force qui nous aide à surmonter les moments difficiles et limite le risque de « somatiser ».
Pour cela, le maître-mot est :
COMMUNIQUER
Ce conseil vous semblera peut-être un peu « bateau », mais il est essentiel pour ne pas rester seul avec sa souffrance.
Voici quelques conseils pour les hommes (et les femmes) qui ont du mal à surmonter leurs peines de cœur :
Soyez à l’écoute de vos émotions.
Que ressentez-vous précisément ?
Ressentez-vous, de la tristesse, du désarroi, de la culpabilité ou de la colère ? Reconnaître sa souffrance et mettre des mots vous aidera à l’apprivoiser.
Confiez-vous à un proche.
Dites-lui ce que vous vivez, partagez vos doutes et vos souffrances… Il n’aura pas de réponse « toute faite » à vous donner, mais il vous écoutera et c’est cela qui importe. L’empathie de l’autre vous permet de ne plus supporter vos difficultés seul.
Si vous en ressentez le besoin, écrivez ce que vous ressentez dans un carnet. Vous pouvez aussi écrire une lettre à votre ex-conjoint(e). À vous de décider si vous la lui envoyez ensuite… Le plus important, c’est de pouvoir évacuer vos émotions négatives (par la parole ou par l’écrit).
N’ayez aucune honte à pleurer si vous en avez envie. Les larmes contiennent différentes hormones et molécules qui agissent sur la douleur et la déprime (prolactine, leucine encéphalique, opiorphine[10]…). Elles permettent également d’évacuer des hormones liées au stress.
Prenez soin de vous, faites des activités qui vous plaisent, voyez vos amis, détendez-vous…
Si vous êtes à court de ressources, demandez de l’aide à un thérapeute (psychologue, psychiatre …). Ici encore, il n’y a aucune honte à avoir.
Les « souffrances de l’âme » doivent être prises avec autant de sérieux que les maladies qui touchent nos organes.
Dernière édition par Pelayo le Jeu 2 Juin - 15:42, édité 1 fois