LE DEBARQUEMENT
Durant la traversée d’une lenteur désolante, Napoléon bien que pas vraiment Marin avait pris la sage décision de disperser sa petite flotte afin de ne point éveiller l’intérêt, en effet, rien que dans cet espace maritime , en Méditerranée il y avait trois frégates françaises et un Brick de guerre qui croisaient entre l’île d’Elbe et la corse. La frégate anglaise
The Partridge se trouvait en rade de Livourne et bien d’autres navires anglais tiraient des bords au large de gênes…Chaque navire de sa petite flotte avait donc reçu l’ordre de se diriger vers le Golfe de Jouan en ordre dispersé.
D’ailleurs, l’Inconstant croisa une frégate française, la fleur de lys et Chautard , remplaçant le lieutenant Taillade avait même un temps conseillé de rentrer vite fait à Porto-Ferrajo…
Napoléon n’apprécia guère et l’on fit force de voiles et même on coula un canot à la traîne du navire qui ralentissait celui-ci. Enfin, vers 4 heures, l’inconstant avait à peine doublé le Cap corse lorsque le vigile signala un navire de guerre arrivant droit vent arrière…L’Empereur commanda aussitôt le branle bas… « Laissons le approcher et s’il attaque, à l’abordage! » Les sabords furent enlevés , les pièces chargées mais on ne "bastingua" pas encore, peu après, muni d’une longue-vue, Taillade reconnu
le Zéphir qu’il avait souvent croisé à bord de l’Inconstant et qui était commandé par l’un de ses anciens camarades, . C’était le capitaine Andrieux.
Napoléon, qui ne désirait absolument pas engager le combat ordonna aux grenadiers de s’allonger sur le pont et d’ôter leurs bonnets à poils.
On attendit… Les deux navires passèrent bientôt bord à bord… Habitué à croiser des bateaux battant pavillon Elbois, Andrieux ne semblait nullement hostile… Sur l’ordre de Napoléon Taillade pris un porte voix et il interpella le capitaine du Zéphir – Où allez vous? –A Livourne et vous? –A Gênes…
–Avez vous des commissions? –Non et…Au fait, comment se porte le grand homme? –A merveille, merci… Les deux bâtiments s’éloignèrent….
On aperçu encore le lendemain un autre bateau mais il faisait voile vers la Sardaigne et disparu bientôt à l’horizon…Mit de belle humeur, Napoleon s’écria : "C’est une journée d’Austerlitz!" Puis il commença à dévoiler le but réel de son expédition.
Se tournant vers Peyrusse tourmenté par le mal de mer, il l’apostropha: « Allons monsieur, le trésorier, un peu d’eau de la Seine vous guérira.
En croisant Mallet entouré de plusieurs officiers sur le pont, il leur avoua combien son entreprise était hardie…"Aucun exemple historique ne pouvait m’engager à la tenter mais je compte sur l’étonnement des populations, la situation de l’esprit public démoralisé de ce qu’ils vivent dans leur présent, les ressentiments de toute espèce, l’amour de mes soldats ainsi que les sentiments "napoléonistes" qui perdurent encore en France…"
N’ayez pas d’inquiétude je compte sur la stupeur, l’irréflexion et sur l’effet d’entraînement de cette aventure audacieuse et inattendue pour réussir Puis, montrant Drouot du doigt, se promenant en solitaire, soucieux, sur le pont il ajouta : "Je sais bien que si j’avais écouté «le sage» je ne serais pas parti , cependant comme tous ces étrangers voulaient ma mort… Il y avait encore plus de danger à rester à Porto–Ferrajo"
Si les officiers subalternes et les soldats étaient joyeux de ce retour en France, il n’en était pareil de la plupart de l’Etat Major et des employés civils qui doutaient du succès de l’aventure.
Drouot on l’a lu, avait tout fait en vain pour décourager Napoléon de cette aventure.
Cambronne n’avait pas crié « A Paris » mais simplement déclaré: Je n’ai jamais cherché a pénétrer les secrets de mon souverain. Je vous suis tout dévoué. Quant à Pons, Peyrusse, le colonel Mallet ils ne cessaient d’interroger l’Empereur sur ses moyens d’action futurs!
Napoléon leur répondit: La Révolution a éclaté à Paris, Un gouvernement provisoire y est établi!
Je compte sur toute l’armée, j’ai reçu les intentions de plusieurs régiments…J’arriverai sans nul doute à Paris sans avoir besoin de tirer un seul coup de fusil.
(
Je pense qu’il n’en pensait pas un mot…Mais c’est pourtant ce qui se produisit !)
Dans l’après midi, Napoléon qui s’était retiré dans sa cabine remonta sur le pont avec dans les mains les proclamations imprimées dans Elbe…Elles furent dictées par les fourriers
à ceux qui savaient lire et écrire. Lorsque tout ceci fut fait et terminé, Napoléon invita une vingtaine d’officiers et sous-officiers à descendre un par un dans sa cabine pour signer ces proclamations à l’armée…
L’homme ne perdait pas le Nord… Il assurait sa légitimité et connaissait les hommes.
On a vu que contrairement à la version du mémoriel suivie par quasi tous les historiens du moment, que l’Empereur avait rédigé ces trois proclamations le 25 février et les avaient secrètement fait imprimer à Porto Ferrajo
La prévoyance qui est une des qualités essentielles de l’art de la guerre était trop importante chez lui, pour qu’il s’embarqua sans proclamations déjà imprimées. Comment les paysans, les soldats, les ouvriers, qui connaissaient à peine leur lettres auraient ils déchiffré des proclamations manuscrites?
Si pendant la traversée on en avait fait écrire d’autres c’est qu’il y en avait trop peu…Or Napoléon n’était pas sur de pouvoir en faire imprimer d’autres arrivé en France.
Cependant, pour les proclamations de La Garde, Napoléon avait d’autres motifs: Le but était de démontrer que La garde était entièrement d’accord avec cette aventure…Alors que les déclarations faites en son nom n’étaient en aucun cas signées lors de leur placardage dans l’île d’Elbe..
Il les fallait toutes signées à présent pour les placarder dans les villes de France…
Ce diable d’homme était aussi malin que belliqueux
Le vent ayant fraîchi, le bateau voguait assez vite à présent , on pouvait au loin apercevoir la cîme des Alpes . La France approchait et c’est avec emphase que Napoléon annonça au capitaine Chautard et au lieutenant Taillade qu’il leur décernait…La légion d’honneur!
En même temps, il mit a l’ordre qu’il décorait tous les officiers et soldats qui l’avaient suivis à l’île d’Elbe et avaient plus de quatre années de service dans La Garde.
Chautard fit découper dans un pavillon de signalisation rouge des petits morceaux de tissu et les distribua aux nouveaux « légionnaires » qui les attachèrent à leur capote. Ils étaient d’ailleurs peu nombreux car tous les autres avaient déjà reçu la croix sur les champs de bataille
Vers neuf heures du soir…Les vigies signalèrent les feux de plusieurs navires…C’était la flottille Impériale qui ralliait. L’empereur monta sur la pont pour s’en assurer puis rentra dans sa cabine finir une partie d’Echec qu’il avait commencé avec Bertrand. Ce soir là, Bertrand aurait été mal avisé et même un peu cruel en jouant pour mettre son empereur échec et mat!
Le 1er mars à l’aube, la flottille arriva au Cap d’Antibes. Napoléon monta sur le pont, une cocarde tricolore au chapeau…Il donna l’ordre d’enlever toutes les cocardes blanches et rouge pour les remplacer par les cocardes nationales On descendit les pavillons de l’île d’Elbe pour le re hisser accompagné du pavillon tricolore sous les ovations des équipages… Vers une heure de l’après midi, on décida de mouiller dans le Golfe Jouan. Peu avant, Napoléon avait envoyé le capitaine Lamouret assisté de vingt grenadiers et chasseurs, un lieutenant et un tambour afin de s’assurer de la batterie de canons de la Gabelle. Ce petit ouvrage ayant en fait été désarmé, les grenadiers y débarquèrent sans rencontrer d’opposition.
Il gagnèrent donc la route de Cannes et Antibes et se postèrent en observateurs…Un capitaine nommé Bertrand et quelques hommes habillés en civils se dirigea vers Antibes.
Drouot , lui qui avait débarqué peu après Lamouret avec un second détachement avait envoyé cet autre officier pour tenter d’entraîner la garnison à leur cause et pour demander des passeports en blanc
Ce capitaine Bertrand fut arrêté aussitôt dès son arrivée dans la ville par un sous officier à qui il avait fait des ouvertures…Le sous officier ne l’entendait pas du tout de la sorte et le conduisit chez le Major de la 87 eme, en poste à Antibes. Celui-ci dépêcha une estafette afin de prévenir le colonel Cuneo d’Ornano qui lu les déclarations de Napoléon et décida de le maintenir en détention…
On le prévient en outre qu’un détachement de grenadiers demande d’entrer dans la Citadelle…Le colonel était d’autant plus ennuyé que ses hommes étaient à l’exercice mais leurs fusils non équipés de pierres à feu, mais de pierres en bois destinées aux exercices….Quant aux hommes en poste de garnison…Ils n’ont pas de cartouches! Il décide d’un stratagème improvisé, il décide de parlementer avec Lamouret le temps que ses ordres soient exécutés puis le laisse entrer lui et ses hommes.
Mais à peine entrés dans l’enceinte… Qu’il fait relever le pont levis et voilà ces hommes face à un bataillon, l’arme au bras!
Cependant, à la vue des bonnets à poils, souffle un esprit de révolte.
Vu la disproportion des forces, les grenadiers consentent à se laisser conduire au quartier de la courtine où ils déposent leurs fusils puis sont mits à l’ombre par l’adjudant de service.
Cela s’annonce plutôt mal…
Durant cette équipée, les onze cents hommes formant la petite armée Impériale opéraient leur débarquement, on s’approchait le plus possible de la côte et l’on mit les chaloupes à la mer, certains plus pressés n’attendaient pas le retour des chaloupes et canots, ils se jetaient à l’eau jusqu’à la ceinture, pressés de fouler à nouveau cette chère terre de France… Vers quatre heure, il restait à débarquer le trésor, les bagages, les canons et les chevaux. Cependant, toutes les troupes avaient débarqué et établissaient un bivouac dans une olivette entre Canne et Antibes.
Napoléon, qui avait débarqué dans les derniers, s’assis dans son fauteuil de campagne près des feux allumés par ses soldats. Son premier soin avait été d’envoyer Cambronne à Cannes avec quarante chasseurs et grenadiers pour intercepter tous les courriers et réquisitionner contre argent tous les chevaux et mulets qu’ils pourraient trouver.
Cambronne dit-il, je vous confie l’avant garde de ma plus belle campagne Vous ne tirerez pas un seul coup de fusil. Songez que je désire reprendre ma couronne
sans verser une seule goutte de sang français!Plus tard, on a représenté Napoléon les yeux fixés sur ses cartes, hésitant entre deux itinéraires, pesant les avantages et les dangers de chacun… Grave erreur sortie de l’imagination de ceux qui ne connaissaient pas vraiment Napoléon. Pour se déterminer, Napoléon n’avait pas attendu le moment de son débarquement, il connaissait trop bien la carte politique de la France il se rappelait les menaces, les insultes et les humiliations subies à Orange, à Avignon à Orgon, les dangers évités à Aix, Saint Cana et décida d’éviter de rallier Lyon par la grande route…Trop de royalistes dans ces régions.
Il imaginait déjà les gardes nationaux, les paysans ameutés au son du tocsin et des tambours des villages, il s’en moquait un peu vu la puissance de ses troupes mais celles des troupes de Toulon et Marseille l’effrayaient tout autrement. Il désirait absolument foncer sur Paris sans perdre son temps à livrer bataille… En passant par les Alpes il n’y avait pas à en appréhender.
Nb: Si M Poutine avait LU Napoléon et ses 100 jours, il aurait pris Kiev depuis lurette et son "opération spéciale" serait terminée depuis lurette!
L’esprit des montagnards de la haute Provence et surtout des Dauphinois différait de celui des habitants du littoral et des riverains du Rhône. Puis, ces populations étaient peu nombreuses et disséminées, ayant très peu de moyens de communication entre elles à cause des obstacles naturels et des rares chemins. Dès son départ, il se décida donc à remonter
au travers les Alpes, choisissant ces petits chemins escarpés plutôt que les grandes routes plus a l’Ouest.
Il décida donc de filer au plus vite vers Grenoble… Ville républicaine s’il en était à cette époque…
D’ailleurs Le chirurgien de La Garde Emery, originaire de Grenoble était passé par cette ville en rejoignant son bataillon sur l’île d’Elbe et il avait fourni des renseignements à l’Empereur, Informations confirmées par un commerçant gantier, jean Dumoulin qui avait lui aussi entretenu Napoléon sur l’état d’esprit de la population grenobloise . Aussi, dès son arrivée à Castelane il fit établir trois passeports en blanc et en rempli un au nom du chirurgien de La Garde Emery prétendu en congé pour ne pas éveiller les soupçons
Prends les devants Emery et dis que j’arrive…
La France des valeureux m’attend!
Mais c'est encore ...à suivre