Changement de ton, recentrage, c'est une Marine Le Pen métamorphosée qui prépare la présidentielle de 2022 et accélère sa normalisation. Certains revirements ont de quoi surprendre ses électeurs les plus fidèles. En 2017 Marine Le Pen se posait en candidate du peuple et conspuait le système, les élites, les banquiers. Quatre ans plus tard, elle est méconnaissable.
Les formules anti-système ont disparu, "le dégagisme c’est terminé", dit-elle elle-même en privé. Quant aux fameuses élites, "nous travaillons à faire émerger une nouvelle élite", dit-elle. Le virage est à 180 degrés sur la forme et sur le fond, le parti multiplie les concessions : volte-face sur la dette qu’elle veut maintenant rembourser et revirement sur Schengen qu’elle veut adapter.
Marine Le Pen s’embourgeoise au sens où elle va chercher un électorat plus bourgeois, plus diplômé, de droite et c’est totalement assumé par son entourage. Opération séduction donc à coups de propositions plus raisonnables, plus libérales et ce n’est que le début promet un cadre, d’autres surprises à venir. Le risque pour Marine Le Pen c’est de se dénaturer, de déplaire à ses propres électeurs qui demandent de la radicalité.
"Un FN trop gentil n'intéresse personne", disait Jean-Marie Le Pen. C’est la crainte de certains cadres, "à force de faire du normal on va pousser nos électeurs à l’abstention", dit l'un d'entre eux. "Quand on a voté RN une fois, on y reste", répond Marine Le Pen en privé, une façon de justifier sa stratégie.
rtl.fr
Idéologiquement, c'est décevant, mais stratégiquement, elle a raison, elle n'a pas de réserve de voix ; il faut donc qu'elle fasse patte douce pour attirer des gens de droite qui ne feront pas confiance à L.R. et pour les convaincre de voter pour elle au second tour.
Les vétérans du parti vont renâcler, mais ce sont des gens qui votent et qui voteront pour elle tellement, ils n'en peuvent plus de Macron.