Sont-ils si nombreux que le prétend Arnaud Montebourg dans sa lettre à Maurice Taylor ? L’analyse de plusieurs études statistiques proposée par Lucas Léger, chercheur à l’IREF, répond par la négative, surtout si l’on compare la France avec la Grande Bretagne et l’Allemagne. La France n’est plus attractive : triste vérité.Alors que ce gouvernement devait être celui du « dialogue social », le ministre du redressement productif a, une fois encore, montré toute sa haine pour l’entreprise, surtout si elle est étrangère. Dans sa lettre au président de Titan, Arnaud Montebourg se fait le chantre d’un tri sélectif d’un genre nouveau, entre les entreprises dignes de s’implanter dans lHexagone et celles qui ne le sont pas. Outre la surveillance rapprochée qu’il entend mettre en place à l’égard du fabricant de pneus américain, le ministre de l’industrie se ridiculise avec autant d’affirmations péremptoires et de faits non vérifiées. Ce travail de sape et de découragement des investisseurs étrangers de longue haleine n’est pas sans conséquence pour notre économie.Le dopage statistique de l’AFIIDans sa réponse à Maurice Taylor, notre avocat de la démondialisation indique que « chaque année, on compte 700 décisions de localisation d’investissements étrangers créateurs d’emplois et de valeur en France. » Ces quelques chiffres proviennent directement de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) dont le but est de promouvoir la France à l’étranger. Mais ces chiffres ne sont valables que dans le cadre d’une comparaison avec nos voisins européens.La France est effectivement une terre d’accueil pour les investissements étrangers, se plaçant juste derrière la Grande-Bretagne en nombre de projets pour l’année 2011. Et si, d’après une étude Ernst & Young, 70 % des investisseurs étrangers sont globalement satisfaits du site France, 61 % de ceux qui ne sont pas encore implantés ne souhaitent pas y investir. Loin de se renforcer, cette vitalité s’érode. Mais c’est aussi le cas pour le Royaume-Uni, l’Allemagne (cf. tableau), les Pays-Bas ou la Belgique. La France n’est donc pas l’exception et la méfiance des investisseurs s’est étendue à tout le vieux continent.
Flux internes d’IDE ($ Mds)*
Variation 2006 – 2011
2006
2007
2008
2009
2010
2011
France
72
96
64
24
31
41
> 43 %
Allemagne
56
80
8
24
47
40
> 29 %
Royaume-Uni
156
196
91
71
51
54
> 65 %Source : UNCTAD*Arrondis à l’unité supérieureD’autre part, le chiffre de 700 entreprises avancé par Arnaud Montebourg inclut toutes sortes d’investissements. Par exemple, l’achat d’un immeuble parisien par un Qatari ou une opération de fusion-acquisition seront comptabilisés dans les projets d’investissement en France. Or, ils sont moins créateurs d’emplois et moins productifs que l’implantation d’un centre de recherche et développement (R&D). Il faut donc les déduire du total. C’est ce qu’ont entrepris de faire Ernst & Young et une cellule de recherche du Financial Times – FDI Intelligence – dans deux études séparées (cf. tableau comparatif). D’un coup, les chiffres sont moins flatteurs pour la France qui dégringole à la quatrième place, derrière la Russie, d’après l’étude FDI Intelligence.
Données Ernst & Young
Données Publiques
DonnéesFDI Intelligence
Projets en 2011
Variation 2010 – 2011
Emplois nets créés
Projets en 2011
Variation 2010 – 2011
Emplois créés ou maintenus
Nouvelles installations (2011)
Royaume-Uni
679
> 7 %
29 888
1 406*
> 2 %*
112 659*
896
Allemagne
597
7 %
17 276
n.c.
n.c.
n.c.
551
France
540
> 4 %
13 164
698
> 11 %
27 958
281Sources : AFII, UKTI, Ernst & Young, FDImarkets* Données sur la période fiscale 2011/2012Le dopage statistique des agences publiques en charge de promouvoir l’investissement est donc évident. D’ailleurs sur ce tableau la France se retrouve loin derrière le Royaume-Uni qui, relativement, maintient ou crée deux fois plus d’emplois que la France. Arnaud Montebourg se targuait que « la France a la fierté d’accueillir sur son sol plus de 20.000 entreprises étrangères représentant près de deux millions d’emplois, un tiers de ses exportations industrielles, 20 % de la recherche et développement privée et 25 % des emplois industriels. » Il y a plus de 55 000 entreprises étrangères implantées en Allemagne qui représentent 3 millions d’emplois. En moyenne, les données Ernst & Young indiquent que chaque projet est créateur de 44 emplois en Grande-Bretagne, 30 en Allemagne et 24 en France. Quant à la R&D, l’étude du cabinet de consulting citée plus haut s’en inquiète. Malgré un crédit d’impôt recherche unique en Europe, les activités de R&D ne représentent que 29 nouveaux projets en 2011 (contre 45 en 2010). Une inquiétude justifiée quand on sait que l’innovation est l’une des clés de voute de la croissance. Seul point positif, celui du secteur industriel, le plus actif en Europe attirant 170 projets en 2011.Pas assez d’implantations nouvellesIl n’y a clairement pas assez d’implantations nouvelles, seulement 40 % des projets concernés quand on reprend les données de FDI Intelligence. Ce chiffre atteint les 64 % pour la Grande-Bretagne. Et sans surprise, les pays émergents (BRICS) investissent plutôt en Allemagne et au Royaume-Uni qu’en France. Ce sont pourtant ceux qui ont le plus de chances d’arriver avec des projets nouveaux et créateurs nets d’emplois. Là encore, la France est à la peine et cette carence nous indique que notre pays n’est plus aussi attractif qu’il le devrait. La France doit réapprendre à attirer des capitaux et l’attitude d’Arnaud Montebourg est plus que dangereuse. Elle dessert l’entreprise et l’emploi en France.
fr.irefeuope.org
Ils ont beau mentir et mentir encore ils ne font rien pour l'emploi et rien pour attirer réellement les investisseurs étrangers en France.
Les 75% d'impôts pour les hauts salaires et les charges insurmontables pour les entreprises font que les investisseurs préfèrent aller dans des pays comme l'Allemagne ou l'Angleterre plutôt que de venir chez nous.
J'ajoute que vu le code dut travail et les syndicats d'un autre siècle qu'il y a dans le pays je comprends parfaitement que les investisseurs passent leur chemin et aille vers des pays réellement civilisés et implantés dans le XXI siècle.