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Le Défouloir
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    poésies choisies pour vous

    provence26
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    poésies choisies pour vous Empty poésies choisies pour vous

    Message par provence26 Mar 24 Jan - 18:58

    L'étrangère est de retour



    Ainsi tu es là ? Je t'avais presque oubliée.
    Mais je te connais, tu ne cèderas pas un pouce de terrain.
    Sournoise, tu réapparais aux premières heures du matin,
    Alors que quelques bribes de rêves s'attardent dans une aube diffuse.
    Ton regard moins brillant que par le passé,
    Ton visage plus sillonné, ton sourire moins franc,
    Tu me sembles lointaine et effacée, peu incline aux bavardages.

    -Où étais-tu durant tout ce temps ?
    -J'étais là, mais je t'ai permis quelques illusions,
    Celles du rêve et de l'espoir, j'ai fait mon travail en sourdine.
    La vieillesse vois-tu ne cesse jamais d'œuvrer.
    -Et l'on peut dire que tu as mis du cœur à l'ouvrage.
    -Le temps m'a assisté avec fidélité, il m'a grandement aidé,
    Et toi tu n'as pas vraiment résisté, je me croyais acceptée.

    -Je n'ai rien à te dire vieille femme, tu es si sûre de toi !
    Je m'étonne, ton œuvre est inachevée, inégale et capricieuse.
    Le visage en deux est partagé, le côté du cœur est le plus buriné.
    A gauche les sillons sont plus profonds, à droite moins disgracieux.
    Les larmes n'ont-elles pas glissé de la même façon ?
    Le sourire est éteint dans un coin alors qu'il est vivant dans l'autre,
    L'œil gauche imprégné de tristesse, le droit encore pétillant…

    -C'est que tout est en toi, peurs de vieille femme et rêves d'enfant,
    Lassitude des ans et joie de vivre, vide et plénitude,
    Détresse et joie, rancune et amour…
    Comme une goutte d'eau représente la mer entière,
    Comme son dernier baiser a exprimé tout son amour,
    Tu détiens ce trésor rare et précieux, amassé doucement,
    Fait de tes bonheurs et de tes peines et qui est l'essence de vie.

    -Je te reconnais, tu es l'étrangère, mon inséparable.
    Celle par qui arrivent les ravages et la solitude,
    Celle qui aura le dernier mot, l'inévitable dernier mot.
    Tu es aussi celle qui sait encore sourire, ressentir et aimer,
    Et qui garde à fleur de coeur espoir et forces de vie…
    Je te vois satisfaite… je t'en prie ne reviens pas trop vite.




    Le Recueil



    Un vieux recueil de poésies
    Entre les pages jaunies
    Se cache une fleur séchée
    Qui fut une belle pensée

    Aux pétales sans éclat
    Sans aucun apparat
    Les veinures marquées
    Les couleurs passées

    La tige courbée et friable
    A l'air si vulnérable
    Soutient allègrement une corolle
    Qui certainement est un peu folle

    Elle a quitté son jardin d'origine
    Encore fraîche et coquine
    Emportée par de braves gens
    Il y a de cela fort longtemps.

    Imprégnée des mots de Paul Eluard
    Alors que pour elle il est trop tard
    Elle est bercée par ses poèmes
    Et par mégarde s'y perdrait même

    De son passé elle a tout oublié
    Son présent n'est point à renier
    Elle ne croit plus aux louanges
    Mais elle est sûre que "la terre est bleue comme une orange".




    L'étrangère



    Ce matin, dans mon miroir j'ai rencontré une étrangère,

    - Qui es-tu vielle femme ? je ne te connais pas.

    - Je suis celle qui t'a menée jusque là…

    - Et qui te dit que c'est ici que je veux être ?

    - J'ai fait ce que j'ai pu pour toi, Je n'ai pu éviter les creux et les bosses,

    Et je sais que la vie t'a laissé des bleus.

    - Tes vieux bras ne peuvent plus me soutenir,

    Tes rides ne peuvent plus me sourire

    Ton regard a perdu son éclat

    Ton visage respire la tristesse

    Tu devrais abandonner, toi l'étrangère, et aller te reposer.

    - Nous sommes inséparables, toi la petite et moi la vieille,

    Il nous faudra dans ce même corps achever notre chemin,

    Nous aimer ou nous haïr n'y fera rien.

    - Serais-tu si futée pour me parler ainsi ?

    Aurais-tu acquis un brin de jugeote en même temps que tes cheveux blancs ?

    - Je suis faite de ce que tu as trouvé, ta récolte est la mienne,

    Je n'ai rien de plus que ce que tu m'as donné.

    - Tu n'es donc pas plus riche que la petite fille que j'ai été ?

    - A peine, mais j'ai tout de même dans ma besace un trésor léger à porter.

    - Et quelle est cette richesse ?

    - C'est tout l'amour que tu as partagé,

    celui qui t'a fait rire, Et qui aujourd'hui te fait pleurer.





    L'enfant

    Un petit enfant est venu à moi ce matin

    Ses yeux d'un bleu profond sont graves

    Avec suspicion ils observent le monde.

    Son petit nez se plisse, présageant les larmes orageuses.

    Sa bouche aux lèvres satinées se crispe

    Et forme une adorable moue devant ces visages si peu connus.

    Doucement sa joue s'appuie sur la mienne,

    Son petit bras se glisse autour de mon cou,

    Un peu de bave chaude irrigue quelques unes de mes rides.

    Dans son regard monte une pointe de satisfaction

    Tandis qu'un gloussement joyeux retentit de sa gorge rose.

    Du bout de ses six mois l'enfant a ri,

    Il vient d'inventer la confiance…

    Une goutte de rosée sur un pétale de rose

    Une goutte de sang sur le sable

    Une larme dans les yeux d'un enfant apeuré

    Une main tendue vers un crouton de pain

    Une femme épuisée qui n'a plus d'espoir

    L'horreur de la guerre.

    Une goutte de rosée sur un pétale de rose

    Rafraîchit la souffrance de mon âme.




    Le Marchand de Rêves


    Il était une fois un petit bout d'homme; il était si petit que personne ne pouvait le voir. A sa naissance sa maman l'avait deviné plutôt qu'aperçu et pour l'allaiter, elle se servait d'une loupe afin de trouver ses minuscules lèvres affamées. L'enfant grandit, mais si peu ! Elle lui chanta des berceuses joyeuses, d'autres emplies de regrets. Mais la plupart du temps elle se plaisait à lui prédire un avenir heureux, à lui inventer des aventures romanesques. Elle lui chuchotait à l'oreille : " tu seras magicien, tu imagineras la vie, tu seras marchand de rêves. "

    Lorsqu'il devint un jeune homme, il comprit qu'il ne pourrait exercer aucun métier ordinaire. Comme tous les enfants il avait rêvé d'être pompier, mais jamais il ne pourrait soulever les lourds tuyaux ou conduire la belle voiture rouge. Puis il avait voulu être médecin; il aurait tant voulu aider les enfants à grandir. Mais comment ausculter les malades sinon avec une échelle ? Il avait pensé également au métier d'aviateur mais il se serait perdu sur un grand siège désertique avant de pouvoir saisir ces manettes qui lui paraissaient énormes. Tout cela n'était vraiment pas pratique…

    Le petit bout d'homme suivit donc le chemin tracé par sa maman de longues années plus tôt. Il devint marchand de rêves. Evidemment il s'agit d'un travail de nuit, qui est d'ailleurs assez mal rémunéré, mais l'on ne peut pas toujours choisir, il faut quelquefois se contenter de peu. Chaque soir notre petit bout d'homme commençait ses visites assez tôt, il s'occupait d'abord des plus jeunes, mais il n'y avait pas de limite d'âge pour obtenir ses services. D'ailleurs il faisait souvent des heures supplémentaires, il allait greffer quelques jolis rêves dans l'âme de retraités somnolents sur un fauteuil, en début d'après-midi. Il se faufilait agilement dans les maisons par des fenêtres entreouvertes, par des portes mal fermées, par des failles invisibles à l'œil nu. Il avait appris à grimper sur le lit, se posait délicatement sur l'épaule de l'insomniaque, coincé entre le cou et l'oreille, il caressait doucement la joue, faisait une légère pression sur les paupières qui s'alourdissaient petit à petit. Le petit bout d'homme murmurait, comme une mélopée monotone, le rêve qu'il trouvait bon de susciter à son patient. Comme il avait beaucoup d'expérience il se trompait rarement, cependant il était arrivé, une ou deux fois, que le rêve se transforme en cauchemar; c'est que dans une longue carrière il est inévitable de faire quelques erreurs. Mais dans l'ensemble ses choix étaient infaillibles et amenaient souvent un léger sourire sur les lèvres du dormeur. Sa réserve de songes était grande, il y en avait pour tous les âges, pour tous les goûts, pour toutes les occasions.

    Les enfants malheureux, ceux qui avaient été beaucoup grondés, qui avaient eu tout faux à l'école, qui s'étaient chamaillé avec leur meilleur copain, ceux-là avaient droit au merveilleux rêve du " magasin de
    jouets " . Une immense surface de liberté remplie des richesses les plus désirées, des poupées causantes, des robots vainqueurs, des trains électriques anti-déraillants, des soldats de plomb extrêmement légers, des ballons qui vont toujours droit au but, des petites autos démontables et incassables, des billes chamarrées, des maisons de poupées, des panoplies d'indiens pacifiques, des déguisements de carnaval, des bicyclettes dorées, des trottinettes démodées…
    Les mal-aimés de tous les âges se voyaient emportés vers des rivages de tendresse, où régnaient la tolérance, la gentillesse; les visages y étaient souriants et les bras étaient toujours ouverts. Les frustrés, les exaspérés, ceux pour qui le monde ne fait pas justice, ceux qui ont les nerfs à fleur de peau, ceux-là se laissaient glisser sur un nuage de bien-être, s'enfonçaient dans un duvet de calme et de sérénité, sur des plages accueillantes faites de sable chaud et fin. Les assoiffés d'amour, les esseulés, les laissés pour compte, se mouvaient avec grâce dans un palais de conte de fée, qui ne cessait pas à minuit pile mais qui au contraire se terminait souvent (pour les privilégiés) en rêve bleu un peu mouillé. Les timides, les coupables de tout et de rien, ceux qui sont las de leurs charges, ceux qui ont trop d'ouvrage ou trop de responsabilités, ceux là planaient sur l'aile d'un ange pour un tour du monde en classe de luxe.

    Le petit bout d'homme était le réparateur des journées difficiles, des tristesses, des frustrations, des colères. Il était le vidangeur des âmes en peine. Il était assez fier et quelquefois si sûr de lui qu'il se prenait pour le père Noël. Il aimait tant faire plaisir que des poussières de ravissement retombaient sur lui…

    La sonnerie du réveil retentit d'un son strident, notre marchand de rêves reçut entre les côtes un coup de coude bien balancé, suivit d'un bougonnement agressif : " Alors ? Qu'est-ce que tu fous ? Tu vas être en retard à ton boulot, grouille-toi ! " Notre homme s'extirpa avec regret de son rêve, releva péniblement son mètre quatre-vingt-dix-neuf de hauteur. Il s'assit sur le rebord du lit conjugal, regarda sa femme d'un regard éteint, insensible aux cheveux en pagaille, au teint blafard, au cœur vide et inaccessible. Vite, il lui fallait avaler son petit café froid, attraper son petit métro, arriver à son petit emploi, blaguer avec des collègues qui ne l'appréciaient pas du tout, encaisser les railleries sur sa taille hors du commun. Comme chaque matin, ce grand rêveur venait de réintégrer sa petite vie.





















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    poésies choisies pour vous Empty un mystére historique

    Message par provence26 Mar 24 Jan - 18:59



    Un mystere historique


    L'abbé saunière poésies choisies pour vous 387905sauniere


    Mgr Beauséjour, évêque de Carcassonne, est muet de stupéfaction. Il vient de prendre connaissance du dossier que son vicaire général lui a remis. Ainsi un de ses curés de campagne mène plus grand train que lui si l'on en croit les comptes, sans doute truqués en plus, qui viennent de lui parvenir. Le premier novembre 1900, ce curé avait fait entrer dans son presbytère : 1 fût rhum Martinique en caisse ABC no 1031: 45 litres à 2 francs= 90 francs ; 50 litres du rhum à 2,35 franc= 117,50 francs (Rhum parfait, presque historique) ; 33 litres de vin blanc Haut Barsac; 33 litres de Malvoisie, 17 litres de quinquina doré, 53 litres de Banyuls, 12 litres de muscat. Cela représente alors une somme considérable, c'étaient des francs-or, la plus forte des monnaies. Comment le curé d'une bourgade au fond de son diocèse peut-il payer tout cela, et pour en faire quoi ? Il convoque aussitôt à l'évêché ce curieux vicaire. Malheureusement, à chaque injonction, il reçoit une lettre d'excuse, certificat médical à la clé : l'abbé Bérenger Saunière est malade.


    Un étrange personnage

    Étrange personnage que ce Saunière, bel homme, bâti en joueur de rugby. C'était un enfant de la région, d'origine pauvre, né le 11 avril 1852 à Montazels, d'une famille fort modeste, aîné de sept enfants. Ordonné en 1879, vicaire à Alet puis curé d'un petit village, il se trouve, trois ans après, professeur au séminaire de Narbonne. Il n'y reste pas longtemps : ses manière désinvoltes, son indépendance ne plaisent guère à ses supérieurs. En voulant le punir, ceux-ci, curieusement, lui ouvrent la route de l'aventure en le nommant en 1885 curé d'une petite bourgade : Rennes-le-Château, proche de Montségur, le dernier refuge des hérétiques Cathares. Quelques maisons bordent l'unique rue du village ; pour l'abbé Saunière, cette nomination représente l'exil le plus total. Semées de petites villes et de minuscules villages, des vagues de collines partent des Pyrénées pour venir mourir à Carcassonne. La terre est dure. Les habitants sont rares.


    Une région pauvre

    La région est pauvre. Elle était pourtant très riche. Autrefois, il y a 2 000 ans, les Celtes y habitaient- Narbonne était leur capitale. Les Wisigoths, ennemis mortels des Romains, ont pris leur suite, jusqu'aux invasions musulmanes de l'an 700. Depuis, le pays se méfie : des tours de guet, aujourd'hui ruinées, cernent le paysage. Des châteaux forts achèvent de s'écrouler au sommet des collines. Pendant des centaines d'années, les hommes ont nourri cette terre de leur sang. Devenue partie intégrante du comté de Toulouse en 1050, la région a suivi son Seigneur dans le catharisme. Comme toute la région, Rennes s'est endormi loin de l'histoire. Après avoir été une capitale de plus de 30 000 habitants, la ville a fini par devenir un pauvre hameau, défendu par un vieux château.


    Un curieux voisin

    Son voisin, l'Abbé Boudet, curé de Rennes-les-Bains, est un homme cultivé qui écrit de curieux ouvrages. Il lui conseille de restaurer l'église délabrée de Rennes-le-Château, l'église de Sainte-Madeleine qui se dresse sur l'emplacement de l'ancien palais fortifié des Wisigoths. Un legs, un prêt difficilement consenti par la commune permettent de commencer les travaux en 1891. L'abbé a, entre-temps, pris une jeune chapelière de 18 ans, Marie Denarnaud, pour gouvernante.


    Des surprises en restaurant l'église
    Premier travail d'urgence : réparer l'autel. C'est une épaisse dalle de pierre, dont une extrémité est scellée dans le mur de l'église, tandis que l'autre est soutenue par une colonne sculptée par les Wisigoths. Aidé de deux maçons il déplace la dalle. Il a la surprise de découvrir que la colonne est creuse. A l'intérieur, des tubes de bois scellés à la cire renferment quatre parchemins. Ce sont des transcriptions de passages de l'Évangile, rédigées en latin dans une écriture archaïque et quelque peu étrange. Le premier de ces manuscrits (Jean, XII 1-12) décrit la visite du Christ à la maison de Lazare, à Béthanie. Le deuxième raconte l'histoire des disciples qui égrènent les épis de blé, le jour du sabbat : cette version est élaborée à partir de celle de Matthieu (XII, 1-8), de Marc (II, 23-28) et de Luc (VI, 1-5). Cependant, si on les examine plus attentivement, ces manuscrits font apparaître un certain nombre de détails inattendus : les monogrammes respectent des compositions différentes. Des lettres ont été ajoutées au texte. Certaines sont remplacées par des points, d'autres ont été déplacées. La découverte vite ébruitée, le maire propose de conserver ces documents dans les archives. L'abbé, qui ne sait comment rembourser le prêt accordé, lui propose de les vendre et de se charger de la négociation. Saunière les montre également à son évêque, Mgr Billard, évêque de Carcassonne, prélat érudit en relation avec les savants prêtres de Saint-Sulpice dont l'abbé Bieil, leur directeur spirituel.


    Le curé avec ses parchemins à Paris

    Le diocèse lui paye le voyage à Paris. Le curé de campagne remet les parchemins à l'abbé Bieil. Ce dernier le présente à son neveu l'éditeur Ané et à son petit-neveu Emile Hoffet, oblat de vingt ans féru d'occultisme et de sociétés secrètes. Saunière visite Saint-Sulpice, regarde étonné l'insolite crucifixion de Signo. En trois semaines, il passe le plus clair de sont temps au Louvre où il achète une reproduction des Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin, le Saint-Antoine ermite de David Téniers et, curieusement, un portrait du pape Célestin V. Plus curieux encore : il devient l'ami de la plus célèbre cantatrice du temps, Emma Calvé, vingt-quatre ans, beauté célèbre au sommet de sa gloire. Elle revient tout juste de Londres, où les Anglais lui ont fait un triomphe. La reine Victoria l'a même invitée à Windsor. Pour un curé de campagne inconnu, ce n'est pas un mince succès.


    Des pierres tombales effacées
    De retour à Rennes-le-Château, Saunière dit au maire qu'il a vendu les documents, le rembourse du prêt grâce à l'argent donné par l'évêque et se remet au travail. Il entreprend une fouille systématique de son église et décide de soulever une autre dalle, face à l'autel. La face cachée se révèle sculptée, dans un style archaïque daté du VI ou du VII siècle.On peut y voir deux scènes, qui se déroulent toutes deux dans un lieu voûté ou dans un crypte. A gauche, un chevalier sur sa monture sonne du cor de chasse, tandis que son cheval abaisse le col pour s'abreuver dans une fontaine. A droite, un autre chevalier brandit un bâton de pèlerin et porte un enfant sur son arçon. Usée et cassée, la pierre laisse difficilement deviner les sujets, mais la facture est incontestablement ancienne. Une fois la pierre levée, l'abbé Saunière demande aux jeunes gens de creuser sur plusieurs mètres. Au bout d'un moment, la pioche fait sonner un objet dur. C'est alors qu'il s'enferme seul dans son église.


    L'abbé va battre la campagne avec un sac

    Après cette découverte, l'abbé Saunière arrête de travailler dans son église. On le voit courir à la campagne, un sac sur le dos, en compagnie de sa gouvernante, sa complice jusqu'à sa mort et, une fois l'abbé disparu en 1917, son héritière et la détentrice de leur secret commun. Il revient tous les soirs, le sac plein de cailloux choisis avec soin. Quand on l'interroge, il répond qu'il a décidé d'orner d'une grotte en pierres le minuscule jardin qui se trouve en face de l'église. La grotte est toujours en place de nos jours, mais elle a été pillée. Au fond du cimetière, près de l'église, se dressent deux pierres tombales, dont celle de Marie de Négir d'Albes, morte en 1781, épouse de Francis d'Hautpoul, seigneur de Rennes-le-Château. Une nuit, il les déplace à l'autre bout du cimetière et efface soigneusement les inscriptions. En vain : certains archéologues les avaient déjà relevées (nous savons aujourd'hui que l'une de ces pierres portait la même composition de monogrammes que l'un des manuscrits).


    Un grand voyageur avec des comptes en banque

    Au cours des deux années suivantes, le curé de Rennes-le-Château ne cesse de voyager. Il ouvre un compte en Banque à Perpignan. Un autre à Toulouse. Un autre encore à Paris et un quatrième à Budapest. Des mandats arrivent de toute l'Europe, libellés au nom de Marie Denarnaud, apparemment expédiés par différentes communautés religieuses. A partir de 1896, il entreprend un vaste programme de remise à neuf de l'église. Il dirige les travaux et met la main à la pâte, peignant lui-même la sainte Madeleine du devant de l'autel. Le calvaire seul coûtera 11 000 francs ! Presque tout a subsisté jusqu'à nos jours et l'effet en est saisissant. Lorsqu'en 1897 tout est terminé il demande à son évêque de venir consacrer l'église. A peine arrivé l'évêque en proie à un malaise s'empresse de bénir en coup de vent cet ensemble d'une rare laideur et s'enfuit. Il ne revint jamais à Rennes-le-Château.


    Des sculptures troublantes
    Il faut reconnaître que ce saint lieu est bien étrange. Sur le tympan est gravé: "Teribilis est locus iste" (ce lieu est terrible, "les paroles de Jacob à Bethléem"). Ailleurs on peut lire: "Méa domus orationis vocatibus". La suite de la citation est sans équivoque : "Ma maison est celle de prière, vous en avez fait une caverne de brigands". Lieu terrible en effet que cette église dédiée à la Madeleine. A l'entrée, le bénitier surmonté des initiales "B.S.", est posé sur la tête d'Asmodée, le diable boiteux. Ce démon, de dimensions humaines et le regard mauvais, semble assis, deux de ses doigts forment un cercle, une de ses côtes est plate, le mamelon n'est pas à sa place. Les couleurs sont criardes. Curieusement dans la proche région existe un rocher nommé Fauteuil du Diable, le Plan de la Coste, et une autre: "le sein du Diable" à dire vrai "seing", donc "signe". Quant aux initiales "B.S." l'abbé a joué sur les mots : un endroit appelé le bénitier se trouve entre les rivières Blanques et Sals. Asmodée appuie ses cinq doigts sur son genou : ne nomme-t-on pas la main du diable "cinq creux" sur le rocher proche de Rennes-le-Château dit Pierre du Pain ? Au-dessus : quatre anges ailés, qui portent la devise "Par ce signe, tu vaincras", une citation qui passe pour avoir entraîné la conversion de l'empereur Constantin. Le regard du diable du bénitier fixe un dallage. Il n'est pas le seul. Sur les fonds baptismaux, saint Jean-Baptiste fixe lui aussi l'échiquier. Dans cette église peu banale, l'abbé a fait faire un dallage noir et blanc de soixante-quatre cases comme un échiquier dont les angles sont orientées vers les points cardinaux. Les murs de l'église sont recouverts de peintures en relief de style populaire : quelques stations d'un chemin de croix et de représentations du Christ. Chaque tableau dans ce sanctuaire fait référence à des lieux du voisinage. Autre lieu marqué dans le sanctuaire : la statue de Saint Antoine-Ermite. Or, un lieu proche se nomme grotte de l'Ermite. De plus le soleil venant du vitrail opposé vient frapper cette statue le 17 janvier, jour de la fête du saint. Là encore apparaît le chiffre 17 qui avec le chiffre 22 (référence au nombre de lettres de l'alphabet hébraïque et aussi arcane du tarot dit le "mat") est souvent présent.


    Un étrange chemin de croix

    Quant au chemin de croix, Saunière se souvenait sans doute de celui de Saint-Sulpice, il n'est que rébus et allusions. Dès la première station on retrouve les lieux environnants. Pilate se lave les mains dans un plateau blanc tenu par un noir : c'est Blanchefort et Roco Negro. Les statues placées entre les stations du chemin de croix ont aussi leurs symboles plus difficiles à comprendre que les roses et les croix qui ornent la façade. Son église achevée, Saunière a d'autres envies de construire. Il fait apporter l'eau et l'électricité dans le village. En 1900 il achète des terrains et fait édifier la villa Béthanie et une tour de deux étages. La tour Magdala c'est sa tour d'ivoire avec sa bibliothèque aux meubles coûteux et laids. La villa Béthanie c'est la maison de tous. Un chemin de ronde ceinture le domaine, un parc l'agrémente avec des bassins, un potager et un verger complètent l'ensemble. Cela coûta un million de francs-or ! Un parc zoologique vient couronner le tout. A la villa défilent des personnages célèbres : le secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts Dujardin-Baumetz ; Emma Calvé y est chez elle, mais aussi Andrée Bruguière, femme de lettres en vogue, qui se fait appeler marquise d'Artois, la marquise de Bozas d'authentique noblesse et un personnage surnommé "l'étranger" par les gens du pays qui n'est autre que l'archiduc Jean de Habsbourg, cousin de l'empereur d'Autriche-Hongrie. Tant d'invités justifient les factures qui ont éberlué l'évêque de Carcassonne. Le village, s'il jase un peu sur la vie de joyeux luron de son curé, ne peut que pardonner. En effet il est d'une bonté à toute épreuve et d'une générosité sans limite.


    Trafic de messes

    Lorsque Mgr Beauséjour, sous prétexte de simonie et de trafic de messes, le fait suspendre "a divinis" puis "interdire"; les villageois lui restent attachés. Saunière n'ayant plus le droit de dire la messe ni de donner les sacrements, un autre curé est nommé. Chaque dimanche il célèbre la messe dans une église vide. Le village vient à la messe où Saunière officie, dans une chapelle qu'il a fait construire, malgré l'interdit du pape. Le procès de Rome n'est pas pour l'effrayer : il tient tête à son évêque, interjette appel à Rome, gagne la partie. L'évêque forme un contre-recours et finit par avoir gain de cause. Il ordonne à Saunière de remettre le presbytère au nouveau curé, l'abbé Marty. Mais c'est impossible! Saunière lors de la séparation de l'Eglise et de l'Etat l'avait loué à la municipalité, désormais propriétaire, au nom de Marie Denarnaud ! Se sentant mourir, Bérenger Saunière demande son voisin, curé d'Esparaza, l'abbé Rivière. Lorsque ce dernier quitta la chambre du mourant il est blême: de ce jour-là à sa mort on ne le vit plus rire et il devint taciturne. Que lui avait révélé Saunière? Au début de 1917, à la porte de la tour Magdala il est frappé d'une hémorragie cérébrale. Il meurt le 22 janvier 1917, à l'âge de 65 ans,toujours aimé de ses paroissiens. En effet, on expose son cadavre sur le chemin de ronde, recouvert d'une tenture à pompons rouges. Tout Rennes-le-Château, qui défile devant le corps, emporte comme une relique un pompon de ce drap mortuaire. On a diagnostiqué une cirrhose du foie, mais déjà le bruit d'une mort non naturelle circule. Chose plus étrange encore et parfaitement incompatible avec la loi de l'Eglise qui veut que les derniers sacrements soient donnés à un malade conscient, ce n'est que deux jours après son décès que Saunière les reçut!


    Un étrange testament
    Etrange destinée, jusque dans l'au-delà, de cet homme. On s'aperçoit, à l'ouverture de son testament, que ce prodigue ne possède rien : tout est au nom de Marie Denarnaud ! Etrange histoire encore, Emma Calvé a emporté l'un des piliers wisigothiques de l'autel dans sa propriété de Millau, les livres de l'abbé, les plans de ses constructions disparurent sans savoir comment.


    Un remake du "Masque de fer" ?

    Quel secret a-t-il emporté dans sa tombe ? Ou a-t-il partagé avec sa servante et qu'elle ne put révéler, alors qu'elle en avait l'intention lorqu'elle mourut en 1954, elle aussi frappée d'hémorragie ? L'histoire d'un trésor caché fit courir les chercheurs jusqu'au jour récent où la municipalité interdit toutes les fouilles à Rennes-le-Château, on avait déjà trouvé un lingot d'or de vingt Kilos et un autre de cinquante kilos environ. Une dizaine d'années après la mort du curé on découvrit une statuette en or à moitié fondue. Lui-même avait donné aux gens du pays des bijoux et des monnaies anciennes et au curé Saint-Paul-de-Fenouillet, dans les Pyrénées, un très beau calice ancien. Qui donc avait bien pu lui indiquer ce trésor ?


    Un curé voisin énigmatique
    C'est l'abbé Henri Bouvet, curé de la commune voisine Rennes-les-bains. Erudit et fort charitable, il dispose, bien que vivant modestement, d'une grande fortune et verse à l'évêché des sommes importantes ce qui lui vaut la considération de son évêque, Mgr Billard. C'est lui qui offre en 1887 à Saunière de financer la restauration de l'église Sainte Marie-Madeleine à condition d'en rester le maître d'oeuvre absolu mais occulte. C'est lui qui verse au nom de Marie Denarnaud, en quinze ans- et encore les comptes des années 1891 à 1894 ont disparu- 4 516 691 francs-or ! En 1903 il cesse les paiements pour des raisons inconnues. Saunière est alors sans argent et une brouille entre les deux curés s'installe qui durera douze ans. Bouvet, avant de mourir révéla à Saunière le secret de sa fortune et l'emplacement du trésor. Dès lors les projets extravagants de Saunière reprennent. La mort devait les interrompre.


    L'énigme des parchemins

    Il n'est donc jusqu'à présent question que d'argent, de trésor caché. Mais il y a plus intéressant : l'affaire des parchemins. A sa mort Saunière les légua à sa nièce, Madame James, de Montazels qui n'y comprit rien et qui, déçue par un si médiocre héritage les vendit en 1955 pour 250 000 francs à des Anglais faisant partie de la ligue de la librairie ancienne lesquels les publient. Les trois parchemins sont : la généalogie des comtes de Rhédae, le testament de François-Pierre de Hautpoul, seigneur de Rennes et du Bézu, celui d'Henri Hautpoul daté du 24 avril 1695. Il y avait là de quoi faire changer l'histoire de la France à la fin du siècle dernier et l'on comprend alors pourquoi Jean de Habsbourg, la comtesse de Chambord, veuve du dernier représentant de la branche aînée des Bourbons, aient attaché autant d'importance à la recherche des documents et versé des sommes énormes pour les faire aboutir. Ces parchemins révèlent tout simplement l'existence de la descendance des rois mérovingiens après l'ursupation carolingienne (Charlemagne etc.). Mais depuis le IX ème siècle cette famille, la plus ancienne de France, a renoncé au trône. En 1873, le Comte de Chambord a renoncé au trône parce qu'il ne pouvait accepter le drapeau tricolore hérité de la Révolution française. Il était mort sans descendants. Quelle révolution eut été dans les années 1880 la preuve de l'existence de descendants de la lignée mérovingienne! La jeune et fragile républiqu

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