L'hirondelle
Quand la terre a donné le sang de ses vendanges,
Quand dans l’âtre déjà s’enflamment les sarments,
L’hirondelle s’enfuit vers des lointains étranges
Pour vivre deux saisons sous des cieux plus cléments.
Au déclin de l’été, avant le grand voyage,
Elle avait chaque jour rendez-vous sur les fils.
Romantique tableau en plein cœur du village
Qu’elle avait retrouvé au début de l’avril.
Elle est du renouveau messagère fidèle.
Son retour dit enfin notre adieu à l’hiver.
Pour revenir vers nous, volant à tire-d’aile,
Elle a dû survoler océans et déserts.
Dans le creux d’un chevron, un coin de cheminée,
La fente d’un vieux mur, elle a construit son nid.
Le garde en sa mémoire, y revient chaque année
Pour y pondre ses œufs et nourrir ses petits.
Aronde en noir et blanc, poétique compagne,
J’aime ton gazouillis, ton habit de gala.
Ton vol rapide et sûr, animant la campagne,
De ce mouvant ballet, je ne me lasse pas.
Sans toi l’or de l’automne a pour nous moins de charme.
Ton départ nous émeut, qui nous fait regretter
Ta ronde au ras des toits quand le ciel est en larmes,
Ton envol gracieux dans le bleu de l’été.
Reviendra le printemps, reviendra l’hirondelle,
Elle survolera océans et déserts.
Promesse des beaux jours, messagère éternelle,
A son retour enfin, nous oublierons l’hiver.
Oh ! Muse !... Dis-lui...
Oh ! Poésie ! je suis, l'amoureuse égarée !
Sur tes lèvres de miel où mon cœur s'est noyé.
Je suis l'âme alanguie sur ton rivage igné
Où souffle ton zéphyr aux effluves sacrées
Où irais-je mander la lumière des aubes ?
Confesser les élans que la ferveur enrobe ?
Dans l'antre des passions que tes refrains exhalent,
Sur l'étreinte céleste et les flammes d'opale ?
Dans le parfum subtil où darde le silence,
Aux éclats étoilés, éblouissants d'absence ?
Oh ! Muse ! J'ai perdu mon âme sous les voûtes,
De ton palais perlé d'un nectar qui envoûte
Tous nos songes fleuris d'un jardin d'innocence
Ont immergé leurs yeux exempts de providence,
Sous ton pampre goûteux ont fondu de désir ;
Dans l'espace en fusion à l'errance en soupirs.
Dans ton temple azuré, d'étreintes séraphiques,
Redis-lui tout l'amour éthéré... authentique.