Les médecins sont bienveillants. Peut-être parfois trop. J'ai rencontré cinq généralistes en région parisienne, en leur expliquant que je souhaitais être arrêtée pour des motifs n'ayant aucun rapport avec mon état de santé, comme un casting de chant ou un déménagement. Ils ont tous cédé. Néanmoins, ils ne m'ont prescrit que des arrêts de moins de trois jours, qui ne coûtent pas d'argent à la Sécurité sociale.
Pour un casting de chant : 3 jours d'arrêt
Motif du médecin : « Gastro-entérite aigüe »
J'arrive dans un cabinet, sans rendez-vous. Six personnes patientent déjà. Puis c'est mon tour.
« Qu'est-ce qui vous amène, mademoiselle ?
Je travaille dans la vente. Mais ma passion, c'est le chant. Or il y a cette audition après-demain pour un spectacle... Ma patronne ne me laissera jamais prendre une journée.
Je vois. C'est important pour vous, le chant ? »
Mon visage s'éclaire. « Oui !
Bon. Je veux bien vous arrêter trois jours. Ne dites rien à votre employeur.
Merci. Et désolée. »
Il rit doucement. « Vous savez, vous n'êtes pas la seule. Pour le motif, je vous mets "gastro-entérite aigüe", il y en a beaucoup en ce moment. »
Pour un déménagement : 1 jour d'arrêt
Motif du médecin : « Asthénie »
Je file dans le métro, j'ai rendez-vous dans un autre cabinet. Nouveau scénario.
« Je viens de m'installer à Paris, non loin d'ici. Je ne connais encore personne. Je travaille dans un magasin et je n'ai pas de congés pour organiser mon déménagement demain...
– Ah. » Il voit où je veux en venir et soupire. « Un jour d'arrêt, ça vous suffit ? » Puis il me parle quelques minutes du quartier, et me propose de le déclarer en tant que médecin traitant. J'accepte du bout des lèvres et m'éclipse.
Pour une fête de famille : 1 jour d'arrêt
Motif du médecin : aucun
Je vais dans un centre médical, sans rendez-vous. Le médecin apparaît, imposant et bourru.
« Bonjour docteur. J'habite seule à Paris, toute ma famille est en province. – Ça se guérit facilement, ça ! », plaisante-t-il.
Je souris, gênée. « Mes parents organisent une grande fête demain, avec toute ma famille. Je les vois très peu. Or mon employeur n'acceptera jamais de me laisser partir. »
Il se racle la gorge. Son sourire a disparu. Silence. « Si je vous arrête une journée, ça vous ira ? »
« Bien sûr ! » Il m'interroge sur ma santé, puis me laisse partir.
Pour un petit ami en province : 3 jours d'arrêt + somnifères
Motif du médecin : « syndrome anxio-dépressif »
Autre cabinet, sur rendez-vous. « Vous allez me trouver ridicule docteur. Mon petit ami habite à Reims et vient de me quitter. Nous étions ensemble depuis quatre ans, et cela fait un mois que je travaille à Paris. Je veux aller le voir, mais je n'ai pas de congés. »
Le docteur me dévisage. « S'il ne tient pas un mois à distance, n'insistez pas. Mieux vaut vous séparer maintenant que dans dix ans... » Silence. « Bon, je vous arrête trois jours. J'indique que les sorties sont autorisées, vous pouvez y aller tranquillement. » Il me parle ensuite des relations amoureuses, puis me demande si je dors bien.
« Cette nuit, à peu près cinq heures.
– C'est peu. Je vous prescris des somnifères, prenez un demi-comprimé si besoin. »
Pour chercher un nouvel emploi : trois jours d'arrêt
Motif du médecin : « Fatigue »
Je termine par un centre médical, sans rendez-vous. Je patiente près de deux heures, je m'endors même dans la salle d'attente.
« Bonjour docteur, je travaille actuellement dans un magasin. Ça ne me plaît pas, mais je termine tard et je n'ai pas le temps de chercher un autre emploi.
Le week-end non plus ? »
Montée de stress. « Non, je fais des extras dans la restauration.
Vous devez être à bout.
Oui. Pourriez-vous m'arrêter ? Pour souffler un peu et chercher un emploi.
Deux jours ? » J'en réclame trois. Il accepte. Il est ensuite le premier des cinq à m'ausculter. Il confirme : je n'ai aucun souci de santé.
C'est sur France Soir
je comprend pourquoi mon collègue entame son deuxième mois d'arrêt pour un un lumbago
Pour un casting de chant : 3 jours d'arrêt
Motif du médecin : « Gastro-entérite aigüe »
J'arrive dans un cabinet, sans rendez-vous. Six personnes patientent déjà. Puis c'est mon tour.
« Qu'est-ce qui vous amène, mademoiselle ?
Je travaille dans la vente. Mais ma passion, c'est le chant. Or il y a cette audition après-demain pour un spectacle... Ma patronne ne me laissera jamais prendre une journée.
Je vois. C'est important pour vous, le chant ? »
Mon visage s'éclaire. « Oui !
Bon. Je veux bien vous arrêter trois jours. Ne dites rien à votre employeur.
Merci. Et désolée. »
Il rit doucement. « Vous savez, vous n'êtes pas la seule. Pour le motif, je vous mets "gastro-entérite aigüe", il y en a beaucoup en ce moment. »
Pour un déménagement : 1 jour d'arrêt
Motif du médecin : « Asthénie »
Je file dans le métro, j'ai rendez-vous dans un autre cabinet. Nouveau scénario.
« Je viens de m'installer à Paris, non loin d'ici. Je ne connais encore personne. Je travaille dans un magasin et je n'ai pas de congés pour organiser mon déménagement demain...
– Ah. » Il voit où je veux en venir et soupire. « Un jour d'arrêt, ça vous suffit ? » Puis il me parle quelques minutes du quartier, et me propose de le déclarer en tant que médecin traitant. J'accepte du bout des lèvres et m'éclipse.
Pour une fête de famille : 1 jour d'arrêt
Motif du médecin : aucun
Je vais dans un centre médical, sans rendez-vous. Le médecin apparaît, imposant et bourru.
« Bonjour docteur. J'habite seule à Paris, toute ma famille est en province. – Ça se guérit facilement, ça ! », plaisante-t-il.
Je souris, gênée. « Mes parents organisent une grande fête demain, avec toute ma famille. Je les vois très peu. Or mon employeur n'acceptera jamais de me laisser partir. »
Il se racle la gorge. Son sourire a disparu. Silence. « Si je vous arrête une journée, ça vous ira ? »
« Bien sûr ! » Il m'interroge sur ma santé, puis me laisse partir.
Pour un petit ami en province : 3 jours d'arrêt + somnifères
Motif du médecin : « syndrome anxio-dépressif »
Autre cabinet, sur rendez-vous. « Vous allez me trouver ridicule docteur. Mon petit ami habite à Reims et vient de me quitter. Nous étions ensemble depuis quatre ans, et cela fait un mois que je travaille à Paris. Je veux aller le voir, mais je n'ai pas de congés. »
Le docteur me dévisage. « S'il ne tient pas un mois à distance, n'insistez pas. Mieux vaut vous séparer maintenant que dans dix ans... » Silence. « Bon, je vous arrête trois jours. J'indique que les sorties sont autorisées, vous pouvez y aller tranquillement. » Il me parle ensuite des relations amoureuses, puis me demande si je dors bien.
« Cette nuit, à peu près cinq heures.
– C'est peu. Je vous prescris des somnifères, prenez un demi-comprimé si besoin. »
Pour chercher un nouvel emploi : trois jours d'arrêt
Motif du médecin : « Fatigue »
Je termine par un centre médical, sans rendez-vous. Je patiente près de deux heures, je m'endors même dans la salle d'attente.
« Bonjour docteur, je travaille actuellement dans un magasin. Ça ne me plaît pas, mais je termine tard et je n'ai pas le temps de chercher un autre emploi.
Le week-end non plus ? »
Montée de stress. « Non, je fais des extras dans la restauration.
Vous devez être à bout.
Oui. Pourriez-vous m'arrêter ? Pour souffler un peu et chercher un emploi.
Deux jours ? » J'en réclame trois. Il accepte. Il est ensuite le premier des cinq à m'ausculter. Il confirme : je n'ai aucun souci de santé.
C'est sur France Soir
je comprend pourquoi mon collègue entame son deuxième mois d'arrêt pour un un lumbago