Avec ou sans la crise, les déficits de nos comptes publics sont insupportables. Réduire les indemnités versées aux salariés en arrêt maladie et/ou allonger le délai de carence de 3 à 4 jours va pénaliser les personnes les moins bien protégées, employées souvent dans des petites entreprises. Puisqu’il s’agit de faire des économies tout en réduisant les abus, il conviendrait de réformer en priorité le système d’indemnisation des arrêts maladie dans la fonction publique.
Les chiffres sont difficiles à se procurer faute de bilan sociaux homogènes et accessibles, mais les différentes analyses montrent que la durée annuelle moyenne de congés maladie (hors maternité) est de moins de 10 jours dans le secteur privé et de plus de 15 jours dans la fonction publique. Comme le montre chaque année le rapport DEXIA, la situation est pire dans les collectivités locales, mais aussi dans les hôpitaux publics, que dans la fonction publique d’État. Les estimations de l’écart moyen avec le privé sont donc d’au moins 5 jours et vont jusqu’à 10 jours par an. Et encore, l’absence de déclaration des congés maladie brefs, beaucoup plus courante dans le secteur public, conduit à sous-estimer ces chiffres. Il est vrai que la tentation est forte :
Il n’existe pas de délai de carence dans la fonction publique (contrairement au secteur privé où la CNAM ne paie pas les 3 premiers jours d’absence),
Les fonctionnaires reçoivent la totalité de leur salaire pendant les trois premiers mois d’absence dus à une maladie (contrairement au secteur privé où la CNAM ne paie que 50% du salaire)
Le contrôle des congés maladie des fonctionnaires est très léger, beaucoup moins efficace que celui effectué par la CNAM ou les entreprises dans le privé.
Coût : des milliards
Ces 5 jours d’écart minimum ne semblent pas catastrophiques, mais multipliés par 5 millions de fonctionnaires et 100 euros par jour ils conduisent à un surcoût de 2,5 milliards d’euros par an. Le paiement des 3 jours de carence à lui seul coûte 1,5 milliard. Et le paiement des salaires à 100% pendant une moyenne de 15 jours de maladie (et non pas à 50% comme c’est légal) pèse 3,5 milliards.
Surcoût des congés maladie de la fonction publqiue, en milliards d’euros par an
Durée supplémentaire des arrêts maladie (5 jours) 2,5
Aucun jour de carence 1,5
Paiement à 100% des salaires pendant les 15 jours 3,5
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On comprend mieux pourquoi les enseignants ou les facteurs sont souvent malade, un petit coup de blue's, une ouverture de la chasse et hop quelques jours de congé à plein tarif dès le premier jour et sans contrôle.
Ça vaut quand même le coup de travailler dans la fonction publique.