De plus en plus de Belges souffrent de solitude

Les femmes de plus de 30 ans sans emploi sont particulièrement isolées socialement
BRUXELLES “C’est dans les villes les plus peuplées que l’on peut trouver la plus grande solitude”, disait déjà le poète Jean Racine à son époque. Et plus on évolue, plus cela se confirme. La solitude est l’un des grands maux du siècle. L’isolement social va de pair avec la culture individualiste qui ne cesse de se développer dans notre société.
De plus en plus de Belges souffrent de solitude. Aucune statistique officielle n’est disponible en la matière, mais c’est un fléau qui prend de plus en plus d’ampleur, comme en témoigne le nombre d’appels reçus par les six centrales téléaccueil, joignables gratuitement par téléphone via le 107, à Bruxelles et en Wallonie.
Des permanences téléphoniques dédiées à l’écoute de toute personne vivant une situation de crise ou une difficulté sur le plan moral, social ou psychologique.
Plus de 158.000 appels par an sont traités par les nombreux bénévoles du 107. Et parmi ces appels, presque un sur cinq est consacré uniquement à la problématique de la solitude rencontrée par la personne au bout du fil.
La majorité des francophones qui sollicitent l’écoute du 107 sont des femmes, âgées entre 30 et 70 ans, la plupart de la tranche des 50-60. “62 % des personnes qui appellent vivent seules, 80 % sont sans activité professionnelle”, nous précise Marie-Christine Jacques, de la centrale télé-accueil de Liège.
Du côté de Bruxelles, le 107 compte davantage d’appelants de plus de 65 ans souffrant de solitude, un appel sur cinq concerne cette thématique, précise la responsable Véronique Van Espen. “Depuis cinq ans, nous permettons également aux personnes qui sollicitent une oreille attentive des échanges via un chat sur Internet. Les jeunes femmes de 20 à 29 ans sont les plus nombreuses à y exprimer leurs problèmes relationnels et leurs difficultés à affronter la solitude”, précise encore Véronique Van Espen.
Et parmi celles et ceux qui osent évoquer leur solitude avec les bénévoles du 107 télé-accueil, on compte aussi un certain nombre de Belges qui recomposent tous les jours le numéro gratuit juste pour pouvoir ainsi parler à une personne dans leur journée. “On leur accorde un quart d’heure ou un peu plus parce qu’on sait qu’ils n’auront aucun autre contact humain de leur journée; la télévision représente souvent pour ces personnes le seul lien vers l’extérieur”, conclut Marie-Christine Jacques.