Elle se jette sous un camion : un incroyable suicide

IL est 5 heures, ce mardi matin, lorsqu'un automobiliste qui emprunte la RD 181 dans le sens Sissonne/Coucy-lès-Eppes, aperçoit au niveau de l'intersection avec la D 25 menant à Marchais, un vélo, de l'autre côté de l'îlot central.
Intrigué, il fait demi-tour. Au sol, une femme inconsciente et un vélo accidenté. Il compose immédiatement le 18. A l'arrivée des secours, il est déjà trop tard pour sauver la cycliste.
Sur elle, les gendarmes ne découvrent aucun papier d'identité. Elle ne portait pas de gilet fluorescent et il semble que la lumière sur son vélo n'était pas allumée. Etrange. Joseph Pesci, un des adjoints au maire de la commune de Coucy-lès-Eppes, où s'est produit l'accident, est dépêché sur les lieux. Pour les gendarmes, il s'agit de savoir si l'élu peut identifier l'inconnue. « C'est difficile vous savez, on n'est pas habitué à ce genre de chose. Je connais beaucoup de monde à Coucy mais son visage ne me disait rien du tout. »
Le routier s'arrête… à Wassigny
L'inconnue a été percutée par un camion qui roulait dans le même sens qu'elle. Les gendarmes en sont sûrs parce qu'ils ont retrouvé au sol parmi les débris de verre, un grand logo Mercedes, uniquement installé sur les poids lourds. Tous les débris gisant au sol sont précieusement ramassés pour les besoins de l'enquête. Depuis combien de temps la pauvre victime gisait-elle au bord de la route ? Et quelle est son identité ? Les gendarmes ne vont pas mettre longtemps à obtenir la réponse à ces deux questions.
Deux heures plus tard alors qu'ils sont toujours en train de faire leurs constatations, ils reçoivent un appel de leurs collègues de Wassigny. Il est 7 heures du matin, un routier vient de se présenter à leur brigade. Il aurait raconté qu'il avait percuté un peu plus tôt un vélo à côté de Laon.
Et puis, peu de temps après, les proches de l'inconnue signalent la disparition de la dame. Il s'agit d'une retraitée qui habite Sissonne. Une femme gravement dépressive. Elle avait fait part à ses proches de son intention d'en finir. Selon les gendarmes de Sissonne en charge de l'enquête, elle aurait pris la route, en pleine nuit, sans lumière ni bande fluorescente sur ses vêtements.
Une errance à vélo de plus de 4 kilomètres dans la campagne laonnoise.
À Coucy-lès-Eppes, elle a alors fait demi-tour.
Puis, sur le bas-côté de la route, elle a attendu patiemment qu'un camion arrive. A 4 h 30, alors qu'un routier Nordiste de 50 ans au volant de son camion Mercedes était en phase d'accélération à la sortie de Coucy-lès-Eppes, elle s'est jetée sous ses roues. Reste maintenant au cours des prochaines heures au parquet de Laon de statuer sur l'éventualité de poursuivre, ou non, le routier qui a continué sa route alors qu'il avait percuté de plein fouet la cycliste.
Hier, six heures après le drame, il restait encore d'infimes traces de freinage au sol et une tache brunâtre sur les lieux de l'impact. Du sang séché à l'endroit même où cette femme a souhaité en finir avec la vie.