Au début traitées par un abyssal mépris médiatique, les manifestations contre le passe sanitaire n’ont, désormais, plus rien d’anecdotique et ces mêmes médias sont aujourd’hui obligés d’en convenir. Certes, nous n’en sommes pas aux millions de manifestants de la Manif pour tous ou des gilets jaunes, mais le phénomène continue de gagner en ampleur : en France, plus de 160.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, arpentaient donc le pavé, ce samedi dernier. Ce qui n’est pas rien.
Dans ces cortèges, il y a, bien sûr, les habituels paranoïaques, certains persuadés qu’avec le vaccin nous seront également inoculés 5G et codes-barres – menées reptiliennes obligent. Mais après tout, dans les défilés antilepénistes d’antan, certains n’étaient pas loin de croire que le Quatrième Reich était de retour, les nazis ayant colonisé la face cachée de la Lune en attendant l’heure de la revanche…
Plus sérieusement, un sondage IFOP publié par le JDD nous dit que 35 % des Français soutiennent le mouvement en question, contre 49 % d’hostiles et 16 % d’indifférents. Les positions sont donc loin d’être tranchées et la radiographie du peuple des « sceptiques » est tout aussi intéressante, tant leur profil tend à se rapprocher de celui des gilets jaunes et des abstentionnistes militants ; souvent les mêmes…
Ainsi sont-ils principalement jeunes – ceux pour qui le vaccin ne paraît pas être une nécessité : 51 % chez les moins de 35 ans. La moitié d’entre eux sont généralement commerçants ou artisans et à 44 % issus des classes les plus modestes. En termes de préférence électorale, 57 % des électeurs de La France insoumise et à 49 % des électeurs du Rassemblement national soutiennent le mouvement.
D’un point de vue géographique, ce que le sondage en question ne nous dit qu’à mots couverts, mais que l’on peut aisément déduire à partir d’autres enquêtes, c’est que les gros bataillons des récalcitrants sont issus de cette fameuse « France périphérique » si bien analysée par Christophe Guilluy et Jérôme Fourquet. Rien que de très logique, à mieux réfléchir.
En effet, entassés dans les mégapoles où la surpopulation à la terrasse des restaurants ou dans les transports en commun est la règle, la vaccination paraît d’autant plus impérative qu’elle est censée pouvoir contribuer au maintien d’un mode de vie privilégié. Mais rien de tel en province, où les bistrots sont la plupart du temps déserts, où l’on peut marcher longtemps sans rencontrer personne. En ce sens, les politiciens des villes ne connaissent pas grand-chose à la vie des Français des champs. D’où cette incompréhension se traduisant maintenant en défilés qui, même si menés par des slogans parfois maladroits, nous en disent néanmoins beaucoup sur notre société.
Ce que résume assez bien Jean-Philippe Dubrulle, analyste de l’IFOP : « C’est cette France un peu délaissée, qui galère et qu’on avait déjà identifiée dans la crise des gilets jaunes, qui affirme le plus son soutien à ces manifestations contre le passe sanitaire. »
Une fois encore, la fracture se creuse. Car à force d’annonces contradictoires, de mesures inapplicables, de contraintes vécues comme autant d’humiliations, comment imaginer que le peuple des gouvernés puisse continuer à faire confiance à celui des gouvernants ?
Ce, d’autant plus que dans ces enquêtes d’opinions demeure une grande absente, cette France où l’ordre public ne règne plus ; celle de l’immigration que les médias ont rebaptisée du doux euphémisme de « quartiers populaires ».
On attend encore les enquêtes sur la vaccination et le respect du passe sanitaire dans ces « zones de non-droit », sachant qu’il est toujours plus aisé de taper sur le pizzaiolo du coin, déjà écrasé de charges sociales, que sur le dealer tenant commerce au bout de la rue.
bvoltaire.fr
Je pense que le gouvernement entretien volontiers l'amalgame entre les anti vaccin et les anti pass sanitaires ce qui n'est pas la même chose et probablement beaucoup parmi les gens qui sont contre ces manifestations pensent que c'est contre le vaccin que les manifestants en ont alors que ce n'est pas le cas et qu'il faut l'expliquer encore et encore.