La porte de la maison se referme, le moteur de la petite voiture de liaison parking camion-maison-parking camion tousse puis démarre, première, seconde, la troisième se fera l'écho d'un autre trottoir, il est parti…
Plus que 5 ou 6 jours à vivre en demi-teinte, sans espoir de couleur maritale au passage : vous l'aurez compris, il est routier, et fier de l'ètre.
Pour sa femme et ses enfants commence une autre semaine…des impondérables comme l'école et le boulot, des obligations comme le ménage, le repassage, la cuisine, la gestion du quotidien en somme…
Pour lui commence le parcours au goût d'asphalte, les pamplemousses immangeables, les aquariums à tête d'abeille, les puschs multicolores qui colorent la monotonie du grand ruban, les cafés serrés à la saveur du « qu'à pas dormi et qui s'sent sale », bref la vie d'un routier, et fier de l'ètre.
Il faut aimer ce mec pour accepter toutes ces absences, ces choix que l'on doit faire d'une date « ce samedi ou celui d'après, ça dépend s'il rentre ou pas », car sur les 2 il y en aura bien un ou il sera là, tous ces dimanches après-midi sacrifiés sur l'autel du repos pour qu'il puisse rouler de nuit.
Le quidam au détour d'un trottoir ne peut imaginer la vie du routier : vagabond du goudron (même s'il est conducteur d'un matériel hors de prix), sans-abri des parking d'autoroute, hôte permanent des restos de nationale…!!! tu parles…
Il faut à leurs compagnes du courage pour accepter de les savoir affronter tous ces fous de la route qui sont bien plus dangereux que lui mais dont on ne parlera jamais quand il y aura un accident mettant en cause un poids lourds.
Mais il est vrai aussi que nous organisons tellement notre vie en fonction de son absence qu'on ne le voudrait que pour les week-ends ou les jours de repos, car, qu'on le veuille ou non, on doit faire sans lui et les habitudes ont la vie dure !!!
Combien de fois ai-je attendu le moment de son retour en idéalisant cet instant ou l'on se retrouve, une fois la porte ouverte et le sac jeté pour m'embrasser…
Et pourtant combien de fois cela a-t-il fini en presque dispute car il est fatigué de sa semaine et je suis fatiguée de vivre sans lui…on voudrait tout se dire et les mots se bousculent, les sentiments de joie, de soulagement de le revoir enfin, de jalousie de n'avoir pas partagé sa vie, de rancoeur d'avoir dû, seule, tout géré…
Et pourtant, s'il n'y avait pas tout cela, il n'y aurait pas nous, pas lui, il n'y aurait… !!! Rien ne me destinait, enfant, à aimer ce genre d'hommes que vous êtes, vous les routiers.
Je connaissais par cœur toutes les marques de camions que l'on croisait au
gré des départs en vacances avec mes parents, et cela me servit finalement quelques années plus tard…
Tout ce que je sais aujourd'hui je l'ai appris avec « les vieux », et j'ai de ces années de débutante gardé les plus beaux souvenirs de ces « ours » au cœur « gros comme ça » qui m'ont fait passer sous les remorques pour isoler des poumons de suspension, pour connaître la différence entre les suspensions à lames et les autres.
Je n'ai pas le permis mais je travaille dans le transport et j'aime ces gars et ces femmes qui aiment leur camion, et vivent leur métier avec sérieux, rigueur et passion.
Rien ne m'est plus difficile aujourd'hui que de constater le laxisme de certains que j'appellerais des « tourneurs de volants » qui ne savent même pas qu'on remplit une feuille de conso quand on fait le plein !!!
Je ne parle pas de certains, affréteur ou « dispatcher », qui ne sont jamais monté dans un camion et prennent les chauffeurs pour des livreurs de pizzas…
J'ai triché en épousant un routier, et je partage quelquefois sa cabine, le temps d'avaler moi aussi quelques rubans d'asphalte ; au quotidien je me contente de grimper dans les tracteurs quisont dans la cour, pour aller relever les compteurs.
Vous qui avez pu laisser libre cours à votre passion, je vous souhaite d'avoir ou de rencontrer celle qui peut la comprendre et l'accepter, car il est facile et difficile à la fois de partager cette maîtresse, sans qui finalement nous ne serions pas votre femme.
« Bonsoir, bonne route, à demain au téléphone, je t'aime… »
Femme de routiers...
Plus que 5 ou 6 jours à vivre en demi-teinte, sans espoir de couleur maritale au passage : vous l'aurez compris, il est routier, et fier de l'ètre.
Pour sa femme et ses enfants commence une autre semaine…des impondérables comme l'école et le boulot, des obligations comme le ménage, le repassage, la cuisine, la gestion du quotidien en somme…
Pour lui commence le parcours au goût d'asphalte, les pamplemousses immangeables, les aquariums à tête d'abeille, les puschs multicolores qui colorent la monotonie du grand ruban, les cafés serrés à la saveur du « qu'à pas dormi et qui s'sent sale », bref la vie d'un routier, et fier de l'ètre.
Il faut aimer ce mec pour accepter toutes ces absences, ces choix que l'on doit faire d'une date « ce samedi ou celui d'après, ça dépend s'il rentre ou pas », car sur les 2 il y en aura bien un ou il sera là, tous ces dimanches après-midi sacrifiés sur l'autel du repos pour qu'il puisse rouler de nuit.
Le quidam au détour d'un trottoir ne peut imaginer la vie du routier : vagabond du goudron (même s'il est conducteur d'un matériel hors de prix), sans-abri des parking d'autoroute, hôte permanent des restos de nationale…!!! tu parles…
Il faut à leurs compagnes du courage pour accepter de les savoir affronter tous ces fous de la route qui sont bien plus dangereux que lui mais dont on ne parlera jamais quand il y aura un accident mettant en cause un poids lourds.
Mais il est vrai aussi que nous organisons tellement notre vie en fonction de son absence qu'on ne le voudrait que pour les week-ends ou les jours de repos, car, qu'on le veuille ou non, on doit faire sans lui et les habitudes ont la vie dure !!!
Combien de fois ai-je attendu le moment de son retour en idéalisant cet instant ou l'on se retrouve, une fois la porte ouverte et le sac jeté pour m'embrasser…
Et pourtant combien de fois cela a-t-il fini en presque dispute car il est fatigué de sa semaine et je suis fatiguée de vivre sans lui…on voudrait tout se dire et les mots se bousculent, les sentiments de joie, de soulagement de le revoir enfin, de jalousie de n'avoir pas partagé sa vie, de rancoeur d'avoir dû, seule, tout géré…
Et pourtant, s'il n'y avait pas tout cela, il n'y aurait pas nous, pas lui, il n'y aurait… !!! Rien ne me destinait, enfant, à aimer ce genre d'hommes que vous êtes, vous les routiers.
Je connaissais par cœur toutes les marques de camions que l'on croisait au
gré des départs en vacances avec mes parents, et cela me servit finalement quelques années plus tard…
Tout ce que je sais aujourd'hui je l'ai appris avec « les vieux », et j'ai de ces années de débutante gardé les plus beaux souvenirs de ces « ours » au cœur « gros comme ça » qui m'ont fait passer sous les remorques pour isoler des poumons de suspension, pour connaître la différence entre les suspensions à lames et les autres.
Je n'ai pas le permis mais je travaille dans le transport et j'aime ces gars et ces femmes qui aiment leur camion, et vivent leur métier avec sérieux, rigueur et passion.
Rien ne m'est plus difficile aujourd'hui que de constater le laxisme de certains que j'appellerais des « tourneurs de volants » qui ne savent même pas qu'on remplit une feuille de conso quand on fait le plein !!!
Je ne parle pas de certains, affréteur ou « dispatcher », qui ne sont jamais monté dans un camion et prennent les chauffeurs pour des livreurs de pizzas…
J'ai triché en épousant un routier, et je partage quelquefois sa cabine, le temps d'avaler moi aussi quelques rubans d'asphalte ; au quotidien je me contente de grimper dans les tracteurs quisont dans la cour, pour aller relever les compteurs.
Vous qui avez pu laisser libre cours à votre passion, je vous souhaite d'avoir ou de rencontrer celle qui peut la comprendre et l'accepter, car il est facile et difficile à la fois de partager cette maîtresse, sans qui finalement nous ne serions pas votre femme.
« Bonsoir, bonne route, à demain au téléphone, je t'aime… »
Femme de routiers...