En 2012, le viol collectif et le meurtre d'une étudiante dans un bus de New Dehli, avait créé un tollé dans le pays. Ses bourreaux ont été pendus ce vendredi.
INDE - La conclusion funeste d’un effroyable fait divers, qui est encore aujourd’hui loin d’être un cas isolé. Les quatre bourreaux de Jyoti Singh, violée et tuée à New Delhi en 2012, ont été exécutés ce vendredi 20 mars, après trois reports de dernière minute, les détenus ayant désormais épuisé tous leurs recours. Cette jeune étudiante de 23 ans avait été victime d’un viol en réunion dans un bus qui traversait la capitale indienne le 16 décembre 2012 et est décédée des suites de ses blessures plusieurs jours plus tard. Cette histoire a soulevé l’Inde et fait le tour du monde, mettant en lumière le traitement des femmes dans le pays et la culture du viol qu’elles subissent. Ce tollé a donné l’impulsion pour la création, le 22 mars 2013, d’une loi anti-viol, visant à durcir les peines. Entre autres, elle condamne les violeurs à la prison à perpétuité ou à la peine de mort, en cas de décès de leur victime.
Pourtant, sept ans plus tard, la situation est toujours aussi critique dans la plus grande démocratie du monde, où l’actualité est très régulièrement émaillée de faits divers relatant les viols, parfois suivis de meurtres, de femmes et souvent de petites filles. Pour Kalama Marius, enseignante-chercheuse à l’université Bordeaux Montaigne, spécialisée sur la question des genres en Inde et auteur de “L’Inde, une puissance vulnérable” (Bréal, 2018), la loi et la perspective de la peine de mort ne suffisent pas à dissuader les violeurs. Elle a répondu aux questions du HuffPost, à l’instar d’Ivan Savy, direct de l’ONG Plan International France.
La liberté de parole, le seul changement notable
Une fillette de trois ans violée et décapitée, une vétérinaire de 27 ans violée, tuée et brûlée, une écolière de cinq ans violée et étranglée avec sa cravate d’uniforme... Ces horreurs indicibles ont fait la Une des journaux indiens et internationaux ces derniers mois et ce n’est qu’une infime partie des affaires de viols et violences faites aux femmes en Inde chaque année.
32.000. C’est le nombre de viols déclarés en 2017, dont 10.000 concernant des mineurs, selon les derniers chiffres officiels communiqués. Un nombre largement en dessous de la réalité, ont confié des experts à l’AFP.
“Après le retentissement en 2012, il y a eu des changements dans la loi indienne sur les violences faites aux femmes. Elle a été durcie et la loi anti-viol a été créée. La parole s’est davantage libérée et le nombre de plaintes pour viols s’est envolé. Et c’est globalement la seule chose qui a vraiment changé depuis”, nous explique Kamala Marius.
Pourtant, on pourrait croire d’après certains chiffres que la situation s’améliore doucement: à New Delhi, le nombre de plaintes pour viol était en hausse constante chaque année, multiplié par trois en quatre ans. Ce jusqu’en 2017 où le nombre de ces plaintes a baissé de 1% par rapport à l’année précédente, avec 2049 dépôts: une première. Assiste-t-on enfin à une diminution des violences sexuelles envers les femmes? C’est un peu plus compliqué que cela.
“D’une part, ce nombre est reparti à la hausse en 2018, précise Kamala Marius et d’autre part, il n’est pas réellement significatif: les chiffres officiels que donne le gouvernement ne prennent pas en compte les viols conjugaux et ceux perpétrés au sein de la famille. Aussi, les viols d’enfants sont toujours très tabou. Pourtant, la grande majorité des viols se déroulent dans le cercle familial ou dans le voisinage, le chiffre devrait donc être beaucoup plus élevé. Enfin, il y a aussi ces femmes qui ne peuvent pas porter plainte, de peur de représailles ou parce que les crimes d’honneur existent toujours dans certains villages, notamment dans le Nord du pays”.
huffigtonpost.fr
Au moins le point positif c'est que ça ne bricole pas, reconnu de viol et meurtre, c'est la pendaison, ça pourrait en faire réfléchir quelques-uns en France si on appliquait les mêmes peines.
Le point négatif, c'est que les choses avancent doucement et que les juges n'ont pas l'air plus efficace dans ce pays que dans le notre.