Élections municipales à Lyon: la droite peut-elle gagner ?

La droite retrouve peu à peu des couleurs à Lyon, selon le dernier sondage publié à deux mois des prochaines élections. Mais plus de 25 ans après avoir perdu la mairie, il sera compliqué pour Les Républicains de créer la surprise.

Minée par les divisions et l'emprise de Gérard Collomb sur la ville de Lyon, la droite avait été cantonnée à un rôle de figuration ces dernières année. Mais depuis peu, elle semble retrouver quelques couleurs. Au point de croire à un véritable retournement de situation aux prochaines élections en mars 2020?

La marche semble encore haute, de l'avis même de Michel Noir, dernier maire de droite à avoir dirigé la ville entre 1989 et 1995.

"Ce qui est sûr, c'est qu'Etienne Blanc et François-Noël Buffet feront un très bon score, au niveau des écologistes", prédit l'ancien élu RPR qui anticipe déjà un lendemain d'élections fait "de discussions, de négociations et de palabres pour voir qui fusionne avec qui".

Etienne Blanc, outsider
En attendant de peut-être pouvoir jouer les arbitres des élections municipales et métropolitaines, les deux candidats continuent leur campagne, sûrs de leur force. A Lyon, Etienne Blanc est passé de simple challenger à véritable outsider en quelques mois.

"La politique ce n'est que du mouvement. C'est le général de Gaulle qui disait ça. C'est comme une bataille: il faut occuper le terrain, bouger sans arrêt, surprendre", estime l'adjoint de Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Placé en deuxième position des intentions de vote du dernier sondage Lyon Mag, juste derrière le candidat EELV Grégory Doucet mais loin devant Yann Cucherat, investi par LaREM et adoubé par Gérard Collomb, Etienne Blanc martèle ses propositions autour des thèmes classiques de la droite comme la sécurité, mais aussi autour de l'écologie.

"Même si Etienne Blanc l'emporte, ce sera une droite qui ressemble beaucoup par certains aspects à la gauche, à LaREM et aux écologistes", analyse le politologue Romain Meltz, invité de Bonjour Lyon ce lundi. Etienne Blanc "se pense maintenant comme une cible et plus comme un challenger. Il y a plein de choses dans son programme qui n'étaient pas vues, pas attaquées par les autres qui vont commencer à l'être", ajoute-t-il.

Une alliance victorieuse à la Métropole?
A l'inverse, pour François-Noël Buffet, candidat à la Métropole, la situation semble plus difficile. Le sénateur et ancien maire d'Oullins joue sur la fidélité à "sa famille". "Je n'ai pas profité de telle ou telle occasion pour me carapater ailleurs. Ce qui est le cas de beaucoup d'autres. On ne gagne rien à louvoyer, on gagne à être soi-même", assure-t-il.

"Il vise la droite traditionnelle", traduit Romain Meltz, "cette droite qu'Etienne Blanc a modifié en la verdissant et en la démocratisant (...) Il se dit qu'on peut très bien faire de la politique qu'avec des garçons en tête de liste", explique le politologue, en référence à l'annonce contestée de nommer des têtes de liste 100% masculines aux prochaines élections métropolitaines.

Cependant, le candidat de la droite pourrait jouer les premiers rôles à la Métropole en concluant une alliance à la tête de la collectivité avec Gérard Collomb.

"Comme ces élections ne vont rien produire, les gens vont être demandeur d'un exécutif qui fonctionne", prédit le politologue. En effet, à l'issue des deux tours des élections métropolitaines, aucune liste ne pourrait bénéficier de la majorité suffisante pour gouverner seul.

"Les électeurs des deux candidats accepteront peut-être qu'au troisième tour, pour qu'on sorte de cette situation, ils soient autorisés à faire cet accord", avance Romain Meltz.