« Charité bien ordonnée commence par soi-même. » L'abbé Antoine Videau, ex-curé du village de Calacuccia, petite commune du centre de la Corse postée au pied du monte Cintu, n'a visiblement pas fait vœu de pauvreté pendant les vingt ans qu'il a passés à la tête de la gestion du patrimoine de l'Eglise de Corse. Appliquant la maxime populaire à la lettre, le curé de campagne se serait servi de son statut d'économe de l'association diocésaine pour se remplir les poches avec les deniers du culte. La justice lui reproche d'avoir mis en place un véritable système d'escroquerie fondé, pêle-mêle, sur des détournements de fonds, des encaissements de loyers non déclarés, une gestion opaque de l'immobilier de l'Eglise et autres pots-de-vin. Six ans après le début de l'enquête, le principal intéressé confesse n'être pas « comptable » mais ne se reconnaît pas dans le « pilleur de troncs » que dénoncent ses détracteurs.
Condamné en 2010 à trois ans de prison et 100.000 € d'amende, l'abbé devra pourtant justifier devant la cour d'appel de Bastia de 28 comptes en banque bien remplis en Corse et sur la Côte d'Azur, d'un important patrimoine immobilier des deux côtés de la Méditerranée, d'un « séjour culturel » organisé à Las Vegas et, accessoirement, d'« éléments de personnalité » peu catholiques tels une maîtresse à La Ciotat, une Rolex et une Ferrari. Ce sont, en tout, pas moins de 2 millions d'euros qu'on le soupçonne d'avoir détournés entre 1985 et 2004, grâce à une méthode bien rodée. Au point de faire d'Antoine Videau « un cas d'école en matière d'abus », selon les mots du procureur de la République Thomas Pison.
Des messes à 140.000 €
Le « système Videau », qui aurait prospéré pendant deux décennies, jouait sur tous les registres de l'escroquerie. L'immobilier d'abord, car l'abbé aurait encaissé les loyers (non déclarés) de la maison diocésaine d'Ajaccio, transformée en immeuble d'habitation où logeaient les fonctionnaires de passage. Le couvent de Calacuccia, rénové à grands frais, proposait un service de chambres d'hôtes pour les nombreux randonneurs arpentant le GR 20 et accueillait également des colonies de vacances. Sans compter les appartements personnels de l'abbé à Vico, quelque six magasins dans la station balnéaire de Sagone, dont une ancienne boîte de nuit, et les chèques de fidèles encaissés, « par erreur », sur son compte personnel. La liste de ses pêchés de lucre ne s'arrête pas là, puisque celui que l'on surnomme le « tiroir-caisse de l'Eglise » aurait spolié de 550.000 € au moins les héritiers de Mgr Arrighi, un archevêque corse mort à Rome dont il était l'exécuteur testamentaire. Non content d'avoir facturé 140.000 € de frais de messe à la famille, soit 4.000 offices, Antoine Videau aurait escamoté de nombreux objets d'art religieux que l'archevêque souhaitait léguer à ses ayants droit.
L'abbé contre-attaque
Face à la curée, l'abbé se borne à nier les faits et à pointer du doigt les autres brebis égarées du troupeau. En l'espèce, Mgr Lacrampe, évêque de Corse au moment des faits, qui se serait laissé aller à quelques excès ou aurait tout le moins fait preuve de laxisme envers son subalterne. Sur sa liste noire également : Bruno Servas, comptable de l'association, auquel Antoine Videau affirme « avoir trop fait confiance » en lui concédant des « prêts » sur les fonds de l'Eglise. Sans contrition ni confession, la cour d'appel devra se contenter des dénégations de l'abbé pour décider si l'ancien curé de Calacuccia est coupable de ces spectaculaires abus de confiance. Antoine Videau, qui justifie son train de vie fastueux en arguant être issu d'une famille fortunée, était pourtant prévenu : selon l'Evangile, « il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer au royaume des cieux ». La justice des hommes sera-t-elle plus clémente pour l'ecclésiastique ?
Condamné en 2010 à trois ans de prison et 100.000 € d'amende, l'abbé devra pourtant justifier devant la cour d'appel de Bastia de 28 comptes en banque bien remplis en Corse et sur la Côte d'Azur, d'un important patrimoine immobilier des deux côtés de la Méditerranée, d'un « séjour culturel » organisé à Las Vegas et, accessoirement, d'« éléments de personnalité » peu catholiques tels une maîtresse à La Ciotat, une Rolex et une Ferrari. Ce sont, en tout, pas moins de 2 millions d'euros qu'on le soupçonne d'avoir détournés entre 1985 et 2004, grâce à une méthode bien rodée. Au point de faire d'Antoine Videau « un cas d'école en matière d'abus », selon les mots du procureur de la République Thomas Pison.
Des messes à 140.000 €
Le « système Videau », qui aurait prospéré pendant deux décennies, jouait sur tous les registres de l'escroquerie. L'immobilier d'abord, car l'abbé aurait encaissé les loyers (non déclarés) de la maison diocésaine d'Ajaccio, transformée en immeuble d'habitation où logeaient les fonctionnaires de passage. Le couvent de Calacuccia, rénové à grands frais, proposait un service de chambres d'hôtes pour les nombreux randonneurs arpentant le GR 20 et accueillait également des colonies de vacances. Sans compter les appartements personnels de l'abbé à Vico, quelque six magasins dans la station balnéaire de Sagone, dont une ancienne boîte de nuit, et les chèques de fidèles encaissés, « par erreur », sur son compte personnel. La liste de ses pêchés de lucre ne s'arrête pas là, puisque celui que l'on surnomme le « tiroir-caisse de l'Eglise » aurait spolié de 550.000 € au moins les héritiers de Mgr Arrighi, un archevêque corse mort à Rome dont il était l'exécuteur testamentaire. Non content d'avoir facturé 140.000 € de frais de messe à la famille, soit 4.000 offices, Antoine Videau aurait escamoté de nombreux objets d'art religieux que l'archevêque souhaitait léguer à ses ayants droit.
L'abbé contre-attaque
Face à la curée, l'abbé se borne à nier les faits et à pointer du doigt les autres brebis égarées du troupeau. En l'espèce, Mgr Lacrampe, évêque de Corse au moment des faits, qui se serait laissé aller à quelques excès ou aurait tout le moins fait preuve de laxisme envers son subalterne. Sur sa liste noire également : Bruno Servas, comptable de l'association, auquel Antoine Videau affirme « avoir trop fait confiance » en lui concédant des « prêts » sur les fonds de l'Eglise. Sans contrition ni confession, la cour d'appel devra se contenter des dénégations de l'abbé pour décider si l'ancien curé de Calacuccia est coupable de ces spectaculaires abus de confiance. Antoine Videau, qui justifie son train de vie fastueux en arguant être issu d'une famille fortunée, était pourtant prévenu : selon l'Evangile, « il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer au royaume des cieux ». La justice des hommes sera-t-elle plus clémente pour l'ecclésiastique ?