[18/10 - 20h29]
La grève jeudi contre la réforme des régimes spéciaux, a enregistré un pic historique de mobilisation à la SNCF avec plus de 73% de grévistes, un taux supérieur à 1995, et provoqué de très fortes perturbations qui vont en partie se prolonger vendredi.
Jeudi, les cheminots étaient en effet 73,5% à cesser le travail selon la SNCF, contre 67% au plus fort du conflit de 1995.
Les 130 manifestations qui se sont déroulées dans toute la France ont rassemblé 150.000 personnes, dont 21.000 à Paris, selon la police, et 300.000 en France dont 25.000 à Paris, selon la CGT.
La direction de la SNCF a annoncé que le trafic serait encore "très perturbé" vendredi matin, "en raison des opérations de maintenance et de reprise des installations".
De nombreuses assemblées générales, à l'initiative de SUD Rail et de FO, ont en outre voté la poursuite de la grève, décidée aussi par la Fgaac (conducteurs).
Les autres fédérations de cheminots, notamment la CGT, pourraient décider lundi d'une nouvelle mobilisation.
A la RATP, 58 % des agents étaient en grève selon la direction contre 61% au plus fort du mouvement de 1995. Le trafic a été "très fortement perturbé" et le restera vendredi, avec un métro sur trois et des difficultés persistantes sur les lignes A et B du RER, ainsi que celles des bus et du tramway, selon la direction.
Les usagers avaient pris les devants face à la paralysie prévisible jeudi, posant des RTT, prenant leur voiture ou se ruant sur les Vélib (deux fois plus utilisés qu'un jour normal), mais ils pourraient être pris de court vendredi.
Chez EDF et GDF, les directions ont recensé plus de 50% de grévistes - un niveau supérieur aux mobilisations de 2003 et 2004 - et la CGT 80% avec une baisse de production de 10.000 mégawatts et la coupure du courant à La Lanterne, résidence secondaire de Nicolas Sarkozy à Versailles.
"Le mouvement est fort: le gouvernement doit maintenant en tenir compte, car sur le terrain la grogne monte", a déclaré le leader de FO, Jean-Claude Mailly, dans le carré de tête du défilé parisien (25.000 personnes selon les organisateurs, 21.000 selon la police).
En province, où Marseille a été en tête de la mobilisation, les transports publics ont été "très peu perturbés", selon le patronat du secteur.
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, s'est dit "prêt à recevoir" les organisations syndicales sur la réforme "dès la semaine prochaine". Mais le gouvernement n'entend "pas céder" sur l'augmentation de la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans, a rappelé son porte-parole.
Le numéro un de la CGT, Bernard Thibault, a prévenu qu'il attendait "de réelles marges de négociation".
Dans la fonction publique, où la CGT, FO et Solidaires avaient appelé à la grève, près de 8% des fonctionnaires d'Etat ont cessé le travail, dont 20% à Bercy ,mais moins de 10% des enseignants.
"La grève est minoritaire dans l'éducation mais c'est logique parce qu'il n'y avait pas de mot d'ordre national", a souligné Gérard Aschieri (FSU).
Alors que le président Sarkozy était confronté jeudi à sa première épreuve du feu sociale, l'Elysée a annoncé son divorce d'avec Cécilia.
Une opération de "com'", a ironisé M. Mailly, tandis que le Parti socialiste se demandait s'il fallait voir une "simple coïncidence" dans le fait que "l'Elysée choisisse ce jour de forte mobilisation sociale pour officialiser l'information".
il faudrait que cela dure, et pas qu'un jour.