Les défenseurs des animaux à Cuba ont salué samedi la publication de la première loi sur le bien-être animal du pays, une "première étape" importante mais encore insuffisante, combats de coqs et sacrifices religieux restant autorisés.
"Ce n'est qu'une première étape et le chemin sera très long", a réagi auprès de l'AFP Grettel Montes de Oca, fondatrice de l'association Cubains en défense des animaux (Ceda), qui a appris la nouvelle alors qu'elle cherchait de la nourriture pour les 60 animaux qu'elle a recueillis chez elle, dans cette île aux pénuries récurrentes.
"Mais c'est forcément positif que désormais il y ait une loi", même si "il y a beaucoup de choses qui ne sont pas bien" dans le texte, a-t-elle ajouté.
Cuba a publié samedi son décret-loi sur le bien-être animal, le premier dans l'histoire du pays et sous une pression inédite de la société civile. Il entrera en vigueur dans 90 jours.
"Par exemple, les autorités continueront de ramasser les animaux dans la rue et de sacrifier les chiens (errants), et (il y aura toujours) les combats de coqs, la maltraitance des animaux dans les spectacles, les cirques, les rodéos, les zoos", a regretté Grettel Montes de Oca.
Mais c'est vrai que "nous étions le pays le plus en retard d'Amérique latine et des Caraïbes" en matière de protection animale.
- Combats de coqs -
Dans son article 9, le texte "interdit aux personnes de provoquer l'affrontement entre animaux de n'importe quelle espèce, sauf exception approuvée par l'autorité compétente".
Les combats de chiens sont ainsi interdits, mais ceux de coqs, tradition très ancrée à Cuba puisque même la propriété familiale de Fidel Castro comptait une arène dédiée à cette activité, reste autorisés dans le cadre de clubs spécifiques supervisés par l'Etat.
"Ils ont laissé les combats de coqs!!! Je pensais qu'on avancerait dans la reconnaissance du fait qu'il s'agit d'un acte de cruauté à des fins lucratives", a dénoncé Yimel Diaz Malmierca sur l'un des groupes de défenseurs des animaux sur Facebook.
De même, les sacrifices d'animaux par la santeria, religion syncrétique originaire du Nigeria et apportée à Cuba par les esclaves, restent autorisés. Le décret dispose toutefois que "le sacrifice d'animaux doit être réalisé avec compassion et rapidité, pour éviter douleur et stress".
Il n'est pas rare de croiser dans les rues de La Havane des cadavres de poules ou pigeons décapités par les adeptes de cette religion, la plus populaire sur l'île.
"Ce n'est pas possible qu'à chaque coin de rue on trouve un animal mort", a témoigné à l'AFP Patricia Gonzalez, infirmière qui a recueilli chez elle 14 chiens et 20 chats.
"Je viens d'une famille d'origine africaine et quand j'étais enfant, il n'y avait pas autant de sacrifices, ma mère me disait que parfois, avec une prière et une offrande de fleurs, un miracle pouvait arriver", a-t-elle ajouté.
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On ne se rend pas compte, mais il y a des pays qui ont encore beaucoup de chemin à faire et je serai curieux de savoir combien de pays sur d'autres continents n'ont pas ou peu de lois pour la protection des animaux.