Alors que c'est l'union sacrée qui domine dans la "guerre" contre le coronavirus, les professionnels de santé pointent les insuffisances des dispositifs.
POLITIQUE - Ils font plus que tirer la sonnette d’alarme, ils montent au créneau. Médecins, infirmiers, spécialistes... Sur les plateaux de télévision ou à la radio, ils mettent en cause les décisions gouvernementales dans la gestion de la crise sanitaire du coronavirus. Et de façon bien plus visible depuis que l’exécutif a haussé le niveau en termes de mesures contraignantes.
Après les annonces faites par Emmanuel Macron jeudi 12 mars, prévoyant la fermeture des écoles mais en même temps le maintien du premier tour des élections municipales, plusieurs médecins chevronnés prenaient la plume pour demander au chef de l’État de faire machine arrière.
“N’allez pas voter”
“Nous avons bien compris les enjeux juridiques, mais au vu de la situation exceptionnelle, il nous semble indispensable de repousser les élections dans une démarche de protection de la santé et de la vie de chacun de nos concitoyens”, écrivaient dans une lettre ouverte au président de la République plusieurs médecins français.
“Le contrôle des distances entre les personnes est complexe à mettre en œuvre (...) L’observance de l’hygiène des mains par les votants et membres du bureau de vote, paraît illusoire. La désinfection systématique des surfaces, bien que secondaire dans le mode de transmission du virus, est impossible”, déploraient-ils. En vain. Le jour du scrutin, d’autres appelaient à l’abstention, à l’image de Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris. “N’allez pas voter”, implorait-il.
Même désapprobation exprimée avec force après les annonces faites lundi 16 mars par le chef de l’État. “Je ne suis qu’à moitié satisfait”, a fait savoir sur le plateau de Quotidien Rémi Salomon après l’allocution présidentielle, déplorant qu’aucune mesure de “confinement drastique” n’ait été annoncée par Emmanuel Macron. Idem pour le professeur Philippe Juvin (ex-eurodéputé LR), qui regrette que l’exécutif ne soit pas allé assez loin dans la coercition.
“Le confinement total, c’est la seule manière de stopper l’épidémie. Nous comprenons les craintes du président de la République, sur les effets majeurs qu’a un tel confinement sur l’activité économique. Mais nous voulons parlons en tant que médecin. Il fallait un confinement total”, affirme le chef des urgences de l’hôpital parisien Georges-Pompidou, qui pointe le confinement “ambigu” choisi par Emmanuel Macron. Et le professeur d’asséner: “La France est un pays sous-développé en matière de santé”. Des voix qui détonnent alors que ces mesures provoquent une forme de consensus, certes fragile, dans le monde politique.
Outre l’impréparation et un retard à l’allumage, les professionnels de santé pointent également le cruel manque de moyens dont souffrent les soignants. Sur ce point, Juliette Richard, infirmière aux urgences de l’hôpital Robert Debré à Paris, n’y est pas allée par quatre chemins. ”Ça fait un an qu’on alerte sur la dégradation de nos conditions de travail, sur le manque de lits”, a-t-elle regretté sur le plateau de “Vous avez la parole” sur France 2. “Là, il (Macron, ndlr) nous promet des moyens dès demain, mais demain ce sera déjà trop tard”, a-t-elle affirmé.
“C’est lamentable”
Voilà pour l’hôpital. Mais du côté de la médecine de ville, l’indignation est la même. “C’est lamentable, on envoie les soignants au casse-pipe sans protection”, alerte Jean-Paul Hamon, généraliste à Clamart (Hauts-de-Seine) et président de la Fédération des médecins de France, cité par 20 Minutes. “Ce mardi, on ne voit pas le bout de la queue d’un masque! Au cabinet, on n’en a quasiment plus. Et on est deux médecins contaminés sur cinq, je suis positif depuis lundi. Et l’une des deux remplaçantes est en train de se faire tester. Le combat va se terminer faute de combattants”, s’alarme-t-il.
Alors que la situation s’aggrave, Emmanuel Macron et le gouvernement n’ont sans doute pas fini de voir les professionnels de la santé, en première ligne contre le coronavirus, exprimer de plus en plus fort leur colère. Et ce n’est pas l’hommage rendu ce mardi soir par Edouard Philippe sur France2 qui devrait suffire à l’atténuer.
huffigtonpost.fr
Comme quoi il n'y a pas que les politiques et l'opposition qui pensent que c'est un gouvernement d'amateur qui ne prend pas les bonnes décisions et qui est à la ramasse complète pour gérer cette crise.