« Customs, follow us. » Affichant le message lumineux « Douanes, suivez-nous », la voiture rabat un poids lourd néerlandais vers l’aire de repos du Bois-d’Arsy. L’opération de contrôles aléatoires qui vient de débuter sur l’autoroute A 1 durera plusieurs heures. Emmenés par le directeur régional de Picardie, Jean-Pierre Billon, les douaniers se mettent en chasse.
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Cet axe stratégique et sensible est surnommé « l’autoroute de la drogue ». Il conduit tout droit aux Pays-Bas, où il est aisé de s’approvisionner.
Chou blanc sur les oranges. Parti de Valence, en Espagne, le routier intercepté se rend dans le Kent avec un chargement de 21 t d’oranges. Les douaniers vérifient les papiers, posent quelques questions et se livrent à un numéro de contorsion pour inspecter les palettes à la lampe torche. Dessus, dessous et entre les cartons. Tout est clair. Trouver des stupéfiants, des cigarettes de contrebande et des produits de contrefaçon nécessite du flair, beaucoup d’imagination et des trésors de patience. « On apprend sur le tas. Il faut se mettre dans la peau d’un éventuel trafiquant, explique un agent. On écoute aussi les anciens collègues. On se documente. »
A l’échelle sur le toit du bus marocain ! La totale. Intrigués par un car circulant à vide et immatriculé au Maroc, les douaniers sortent le grand jeu. « C’est bizarre et ça vaut le coup de regarder de plus près », commente Jean-Pierre Billon qui déploie l’échelle pour accéder au toit du véhicule. Dans le même temps, ses équipes déballent une série de tournevis et démontent une cloison à l’intérieur de la soute. L’endoscope (une microcaméra perchée au bout d’un câble) visite l’arrière des roues. La fouille minutieuse prend une heure. Nordine, le chauffeur, essaie de rester calme. « Depuis notre départ d’Oujda, au Maroc, nous avons déjà été arrêtés cinq fois. Une première fois dans le port d’Almería, en Espagne par la Guardia civil et passés au scanner. Ça me dégoûte de faire ce travail. Et je sais qu’un dernier contrôle nous attend encore au péage de Lille! »
La roue de secours, cache idéale de la drogue. La nuit commence à tomber. Une vieille Toyota espagnole qui roule tous feux éteints attire l’attention. Moteur, habitacle, sièges arrières, coffre et valise sont inspectés. Même la casquette que porte le conducteur est vérifiée! Bras croisés, l’automobiliste ne pipe mot. La roue de secours de la voiture fait l’objet de recherches plus poussées, à l’aide d’un densimètre. Les douaniers savent qu’elles sont souvent utilisées pour cacher de la drogue. Cette année, sur l’A 1, ils ont par exemple découvert 3,6 kg d’héroïne dissimulés dans une roue de secours.
