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Message par provence26 Lun 9 Nov - 18:50

légendes 44d6d89a-9d6d-4e6f-a8f7-90c65270ad47_56pluie de sang



PLUIES DE SANG, CROIX, BLÉ, SEL, COTON, CENDRES
(D'après « Recherches sur les phénomènes
météorologiques de la Lorraine » paru en 1885)

Les tourbillons et les trombes enlèvent des mousses, des feuilles, du foin, de la poussière, des particules fines du sol, voire même des gerbes qui, du côté de Lyon, ont été transportées jusqu'à trois kilomètres. Ces mouvements giratoires entraînent quelquefois les produits ainsi enlevés à une certaine distance, surtout quand ceux-ci sont ténus ; ils causent alors dans leur chute de singulières surprises aux populations.
Ainsi, à Gênes, en 1744, pendant une guerre civile, et en Transylvanie, en 1810, il tomba une pluie dont les gouttes étaient colorées en rouge et qu'on prit pour du sang. L'analyse révéla que la coloration n'était point un produit animal : à Gênes, c'était à des particules minérales microscopiques, c'est-à-dire à du sable rouge très fin ; en Transylvanie, à du pollen ou poussière végétale enlevée à des résineux. On a vu de même des neiges teintes en rouge par des causes analogues.
C'est à un ordre de choses sans doute tout différent qu'il faut rapporter le fait signalé par les Annales messines à la date de 1516 : « Quand ce vint à xawoultrer la vigne, beaucoup de gens, hommes et femmes, trouvoient leurs mains et leurs manches toutes dessaignées, non pas un peu si rouges que vray sang et ne savoient où
Pluie de sang à Lisbonne en 1551

dont ce venoit et en estoient plusieurs gens émerveillés dont il venoit ni précédoit et se cuidoient les aulcuns avoir coppés ».
Ces taches rouges prises pour du sang n'étaient-elles pas causées par le liquide rougeâtre que déposent certains papillons au moment où ils sortent de leur chrysalide ? En certaines années, le papillon dont la chenille affectionne l'ortie, éclôt, même en notre pays, en assez grande abondance pour que les plantes, les murs, les corniches même, se trouvent couverts de ce liquide rougeâtre. Celui-ci ne peut être tombé du ciel, puisque le revers des feuilles, les corniches s'en trouvent tachés. Pieresc observa en France une prétendue pluie de sang due à la présence, dans chacune des gouttes, d'une foule de petits insectes rouges qui volaient en ces temps-là en quantité dans l'atmosphère. Hildebrand, en 1711, remarqua aussi une pluie de couleur rouge due à la même cause.
On rapporte qu'à la suite d'un orage, on vit l'eau des citernes d'Allain, comme celle des flaques de la route, toute couverte d'une poudre jaune qu'on prit pour de la fleur de soufre. Ce phénomène, assez fréquent du reste, s'est produit au printemps de 1883, aux environs de Saumur, où les maraîchers virent, un matin, leurs légumes tout couverts d'une poussière jaune qui n'était autre chose que du pollen de fleurs de bouleaux, de pins ou de lycopodes, venant de loin. Nous avons signalé du sable fin colorant en rouge des gouttes d'eau, et ce sable lui-même tomber abondant ; il avait sans doute été enlevé des déserts. Mais sans sortir de la région, le Dr Simonin cite dans Résumé d'observations météorologiques une pluie de sable, en 1856, près de Varangéville, à la suite d'une trombe qui avait suivi quelque temps le cours de la Meurthe.
Le Dr Marchal, de Lorquin, a signalé, à la date du 4 août 1854, à Fraquelfing (arrondissement de Sarrebourg), une pluie de sel, à la suite d'un orage, pendant lequel on crut voir tomber des flocons de neige. Mais après la pluie, la substance blanche restée sur le sol ayant été examinée,
Pluie de croix en 1503
légendes 1d5d4205-8674-4e40-aea6-cc7ff82d5663_56b pluie de croix

fut trouvée cristallisée, croquant sous la dent et ayant la saveur bien connue du sel. Marchal crut pouvoir attribuer ce phénomène à une trombe qui aurait enlevé de l'eau de l'Océan, l'aurait ensuite vaporisée dans la partie supérieure de l'atmosphère et le sel marin libre se serait cristallisé, aurait été transporté au loin et serait venu tomber dans nos parages.
Un ouvrage imprimé dans la seconde moitié du XVIe siècle, le Promptuaire, entre les mains d'une famille de Germiny, signale en Thuringe, non loin d'Eskerberg, une pluie de blé ; il en tomba de l'épaisseur de deux doigts. Ce phénomène s'étant produit le 25 juin, on doit l'attribuer à une trombe qui aurait, comme celle de Froville, découvert une maison, une ferme, et enlevé le blé battu, comme dans ce dernier village il enleva le tas de foin. On a signalé en Espagne, dans la province de Léon, une pluie de pois, d'une variété inconnue ; on en recueillit, dit-on, neuf quintaux.
Ajoutons des pluies de coton, apparemment produites par le duvet de certains arbres chargés au printemps de gousses cotonneuses, telles que celles que l'on remarque sur quelques variétés de peupliers de nos routes. Les pluies de cendre ont une origine volcanique. Ces produits de certaines éruptions sont poussés avec force dans les régions supérieures de l'atmosphère et transportés au loin par les contre-alizés. On a vu ainsi des cendres entraînées à plus de deux cents lieues de distance et, en tombant, obscurcir l'air et couvrir le pont de certains navires d'une couche de plusieurs centimètres. Du reste, lors de l'éruption du Vésuve qui engloutit Herculanum et Pompéi, des cendres lancées par le volcan furent transportées par le courant boréal, ou de retour, jusqu'en Afrique.
Pour terminer cette énumération de pluies bizarres, citons un phénomène singulier relevé dans les Annales messines et que nous livrons à la sagacité des physiciens et des météorologistes. « En 1500 advinrent plusieurs aultres merveilles parmey le monde, entre lesquelles en aulcune partie des Allemaignes tomboient et cheoient du ciel aucunes licques en manière de croix, les unes perses, les aultres en coulleur rouge, et d'aultres estoient jaunes. Et furent frappés de cette mallaidie et pestilence nouvelle et estrainge plus à l'entour de la rivière du Rhin que aultre pairt ; car des incontinent que icelles tomboient dessus le corps d'antenne personne, fust homme ou femme, josne ou vieulx, tantost incontinent après ilz mouroient ; et si les dictes croix cheoient sur la robbe, elles l'avoient tantost percée jusques à la chair ».
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légendes Empty vision infernale vous aimez lire ?????

Message par provence26 Lun 9 Nov - 18:52


UNE VISION INFERNALE
AU XIe SIÈCLE
(D'après un article paru en 1845)

Pendant la Première moitié du Moyen Age, la littérature proprement dite n'existait plus que de nom, et les seuls poètes étaient les chroniqueurs et les hagiographes. C'est dans ces écrivains que l'on trouve le germe des idées poétiques qui plus tard ont fait fortune. Les récits de visions y sont fréquents, et le suivant est le plus saisissant de tous ceux que nous avons lus. Sans prétendre aucunement que Dante l'ait connu, il suffira pour montrer combien, deux siècles avant lui, l'enfer occupait les esprits. Nous nous servons de la traduction de la collection des Mémoires donnée par M.Guizot.
Il y avait, raconte Ordéric Vital (Histoire des ducs de Normandie, livre VIII), dans un village que l'on appelle Bonneval, un prêtre nommé Gauchelin. L'an de l'incarnation 1092, au commencement de janvier, ce prêtre alla de nuit visiter un malade. Il revenait seul et se trouvait loin de toute habitation, lorsqu'il entendit un grand bruit comme d'une armée considérable.
Ayant voulu se retirer vers quatre néfliers qu'il avait perçus dans un champ, un homme d'une énorme stature, armé d'une grande massue, le devança dans sa course, et levant son arme sur sa tête lui dit : « Arrête -là ! n'avance pas davantage. » Aussitôt le prêtre s'arrêta glacé d'effroi, et, appuyé sur le bâton qu'il portait, resta dans l'immobilité. L'homme armé de la massue se tint auprès lui, et sans lui faire de mal attendit le passage de l'armée.
Voilà qu'une grande troupe de fantassins se mit à passer, emportant sur leur cou et leurs épaules des moutons, des habillements, des meubles et des ustensiles de toute espèce, comme ont coutume de faire les brigands. Cependant tous gémissaient et s'encourageaient à redoubler de vitesse. Le prêtre reconnut parmi eux plusieurs de ses voisins qui étaient morts récemment, et il les entendit se plaindre des supplices cruels dont, à cause de leurs crime, ils éprouvaient les tourments. Ensuite passant une troupe de porte-morts auxquels se réunit à l'instant le géant dont nous avons parlé. Ils étaient chargés d'environ cinquante cercueils, dont chacun était soutenu par deux porteurs.
Ensuite vint à passer une troupe de femmes dont la multitude parut innombrable au prêtre. Elles étaient montées à cheval sur des selles de femmes, dans lesquelles étaient enfoncés des clous enflammés. Le vent les soulevait fréquemment à la hauteur d'une coudée, et les faisait retomber aussitôt sur les clous ardents. Horriblement tourmentées par les piqûres et les brûlures, elles vociféraient des imprécations, et confessaient publiquement les péchés pour lesquels elles étaient punies.
Le prêtre reconnut dans cette troupe quelques dames nobles, et vit les chevaux et les mules avec les selles de plusieurs femmes qui vivaient encore. Peu après, il aperçut une troupe nombreuse de clercs et de moines, leurs juges et leurs supérieurs, des évêques et des abbés, portant leur crosse pastorale ; les clercs et les évêques étaient vêtus de chapes noires ; les moines et les abbés de capuchons de la même couleur. Tous gémissaient et se plaignaient ; quelques-uns imploraient Gauchelin par son nom, et le suppliaient, à cause de leur ancienne amitié, de prier pour eux. Ce prêtre rapporte qu'il avait vu là beaucoup de personnages d'une grande considération que l'opinion commune croyait placés dans le ciel au milieu des saints.
A cet épouvantable aspect, tout tremblant et appuyé sur son bâton, il s'attendait à des choses plus épouvantables encore. Il vit ensuite s'avancer une grande armée ; on n'y remarquait aucune couleur, si ce n'est le noir et un feu scintillant. Tous ceux qui la composaient étaient montés sur des chevaux gigantesques ; ils marchaient armés de toutes pièces, comme s'ils avaient volé au combat, et portaient des enseignes noires. Il vit parmi eux Richard et Baudouin, fils du comte Gislebert, qui étaient morts depuis peu, ainsi que beaucoup d'autres dont je ne puis déterminer le nombre.
Gauchelin, après avoir vu passer cette nombreuse troupe de chevaliers, se mit à réfléchir ainsi en lui-même : « Voilà sans doute les gens de Herlequin ; J'ai ouï dire que quelques personnes les avaient vus parfois ; mais, incrédule que j'étais, je me moquais de ces rapports, parce que je n'avais jamais eu d'indices certains de pareilles choses. Maintenant, je vois réellement les mânes des morts. Toutefois, personne ne me croira quand je raconterai ce que j'ai vu. Je vais donc me saisir d'un des chevaux libres qui suivent la troupe ; je vais le monter aussitôt, je le conduirai chez moi, et je le ferai voir à mes voisins pour leur inspirer de la confiance dans mon récit. »
Aussitôt il saisit la bride d'un cheval noir ; mais celui-ci se débarrassa vigoureusement de la main qui s'emparait de lui, et s'enfuit vers la troupe des noirs. Le prêtre se tint encore au milieu du chemin, et se présentant devant un cheval qui venait à lui, il étendit la main. L'animal s'arrêta pour attendre le prêtre, et soufflant par ses naseaux, il jeta en avant un nuage grand comme un chêne très élevé. Alors le prêtre mit le pied gauche à l'étrier, saisit les rênes, porta la main sur la selle ; mais aussitôt il sentit sous son pied une chaleur excessive comme un feu ardent, tandis que par la main qui tenait la bride un froid incroyable pénétra jusqu'à ses entrailles.
Tout à coup quatre horribles chevaliers survinrent, et jetant des cris terribles proférèrent ces paroles : « Pourquoi vous emparez-vous de nos chevaux ? Vous viendrez avec nous. Aucun d'entre nous ne vous a fait de mal, tandis que vous entreprenez de nous enlever ce qui nous appartient. » Le prêtre excessivement effrayé, lâcha le cheval. Trois chevaliers ayant voulu le saisir, un quatrième leur dit : « Lâchez-le, et laissez-moi m'entretenir avec lui. » Il voulut ensuite charger Gauchelin de divers messages pour sa femme et ses enfants, et sur le refus du prêtre il se précipita sur lui et le saisit à la gorge. Le malheureux ne fut délivré que par l'intercession d'un autre chevalier qui se fit reconnaître à lui pour son frère, et causant longuement avec lui, lui parla en termes touchante de leur enfance.
Pendant leur entretien, Gauchelin remarqua au talon du damné, vers son éperon, une espèce de grumeau de sang de la forme d'une tête humaine. Tout étonné, il lui en demanda la raison. « Ce n'est pas du sang, répartit le chevalier, c'est du feu et il me paraît d'un poids plus grand que si je portais sur moi le mont Saint-Michel. Comme je me servais d'éperons précieux et fort pointus pour arriver plus vite à répandre le sang, j'en porte avec raison un énorme poids à mes talons ». A ces mots, le chevalier s'enfuit précipitamment. Toute la semaine le prêtre resta gravement malade ; ensuite il vécut près de quinze années bien portant.
C'est de sa propre bouche, ajoute Ordéric Vital, que j'ai appris ce que je viens d'écrire, et beaucoup d'autres choses que j'ai mises en oubli. J'ai vu aussi sa figure meurtrie par l'attouchement de l'horrible chevalier.
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Message par provence26 Lun 9 Nov - 18:53

GOBE-MOUTON ET ÉGAGROPHILE
(D'après un article paru en 1835)
Quelques campagnards méchants et madrés ont peut-être encore la recette des gobe-mouton, espèces de pilules destinées à faire mourir le troupeau du voisin.
Ces pilules se composent, dit-on, de bourre ou de filasse roulées en boulettes que l'on fait frire, ou que l'on enduit de poix de beurre, ou de miel. L'innocent animal, affriandé par l'enveloppe, GOBE avidement les pilules meurtrières placées le long du chemin, ou cachées cautereusement sous l'herbe par l'ennemi de son maître.
On a ouvert des moutons soupçonnés d'avoir été GOBÉS ; leur estomac contenait en effet les fatales boulettes qui paraissaient confectionnées comme nous venons de l'expliquer.
En 1792, un laboureur des environs d'Evreux, accusé d'avoir détruit ainsi un troupeau, fut condamné à la flétrissure et à six années de galères. Cet homme appela du jugement. Le tribunal d'appel crut devoir consulter la société royale d'agriculture, sur la question de savoir si le gobe-mouton était en effet un moyen d'empoisonnement.
Il résulta du rapport de cette société que les prétendus gobe-mouton n'étaient que des égagropiles, c'est-à-dire des pelottes de poils ou de laines que l'on trouve dans la panse de plusieurs animaux ruminants, qui sont recouverts d'un enduit visqueux produit par les sucs de l'estomac, et qui en effet peuvent causer leur mort. (Egagropile est formé des mots grecs aïx, chèvre ; agrios, sauvage ; pilos, balle de laine).
Le séjour des poils et de la laine dans l'estomac en altère la couleur, de sorte qu'on peut les prendre pour de la vieille bourre. La société d'agriculture expliqua ainsi la formation des égagropiles.
Les animaux, en léchant leurs petits et se léchant eux-mêmes, ramassent sur leur langue des poils et des filaments de laine qui passent dans l'estomac ; les moutons particulièrement avalent de la laine ; en hiver, les plus avides s'enfonçant dans les rateliers, couvrent leur toison de fragments de fourrages que les autres s'empressent de brouter en arrachant de la laine qu'ils avalent en même temps ; en été, des flocons de laine s'accrochent aux broussailles, et les bêtes les mangent en broutant.
La société d'agriculture fortifia son avis d'un certificat du maître de poste de Nonancourt, qui avait plusieurs fois placé des gobe-mouton sur les chemins où paissait son troupeau et qui n'avait vu aucun animal y toucher.
Le malheureux laboureur ne fut point marqué du fer rouge, il n'alla pas aux galères, il fut absous. Mais on peut croire qu'avant lui, d'autres accusés moins heureux avaient été condamnés au supplice pour le même délit par des tribunaux qui avaient jugé sans un examen aussi approfondi.
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Message par provence26 Lun 9 Nov - 18:54

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DAMES BLANCHES, DAMES ROUGES, DAMES VERTES

(D'après « Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés
et traditions populaires » paru en 1856)

DAMES BLANCHES

Les dames blanches constituent une classe de fées dont quelques-unes sont graves et bienfaisantes ; d'autres sont méchantes ou simplement espiègles. Elles correspondent à la Benshie des Écossais. Lorsqu'on les rencontre au bord des fontaines et au pied des vieux arbres, c'est toujours d'un fâcheux présage. En Bretagne, il est de ces Dames Blanches qui s'introduisent dans les écuries portant des chandelles allumées. Elles laissent tomber alors des gouttes de suif sur le crin des chevaux, ce qui leur permet de le lisser avec plus de soin.
Elles agissent de même dans les contrées du Nord. En Allemagne, la Dame Blanche se montre dans les forêts et dans les prairies, et l'on prétend que dehors elle voit parfaitement clair, tandis que renfermée dans sa demeure elle est aveugle. Certaines Dames Blanches sont les protectrices de grandes familles, et elles apparaissent constamment lorsqu'un des membres de ces familles doit mourir. Telles sont entre autres les maisons de Neuchaus, de Rosenberg, de Brunswick, de Bade, de Brandebourg, de Pernstein, etc. Byron cite aussi la Dame Blanche de la famille Colalto.
S'il faut en croire les historiens contemporains, une Dame Blanche aurait contribué, en 1638, durant la guerre contre le comté de Bourgogne, à sauver la ville de Salins et à battre un corps d'armée de Louis XIII, commandé par Villeroy. « Il est remarquable, dit Girardot, l'un de ces historiens, qu'au même temps qu'on pourchassait les Français, une petite fille, nourrie au couvent des Ursules de Salins, étant près de mourir, dit aux religieuses assemblées autour de son lit, qu'elles n'eussent plus de crainte des Français, car elle les voyait fuir devant une femme blanche ».
Dans ses Traditions populaires comparées, Désiré Monnier cite un passage du journal lyonnais Le Réparateur de 1840, et affirme être frappé du singulier conflit d'idées religieuses et païennes qui se réveillèrent alors : « on reconnaîtra combien il est naturel au peuple de recourir è des prodiges pour expliquer les catastrophes qui le frappent ».
En présence des calamités que la ciel vient de faire peser sur le pays, beaucoup d'esprit sont abattus et sous l'empire d'une terreur secrète : il circule dans le
Fées et elfes dansant sous un toit de feuilles d'oseille

peuple une foule de récits plus ou moins extraordinaires. Un correspondant du Réparateur lui adresse le résumé de tout ce qu'il a entendu raconter dans le peuple : « Voyez, dit-il, comme l'instinct populaire se rattache à tout : on vous parle de sécheresse extraordinaire qui, au printemps, a laissé nos rivières sans eau, et de cette pierre au fond du Rhône sur laquelle une main inconnue a tracé une menace qui ne s'est que trop réalisée : Qui m'a vue a pleuré, qui me verra pleurera. Les récits les plus effrayants, les contes les plus absurdes sont dans toutes les bouches. Ici, c'est le prophète de Salons, en Provence, qui annonce pour 1840 une inondation telle que les hommes n'en virent jamais depuis le déluge ; là, c'est le prince Hohenlohë qui a prédit que Lyon périra par l'eau, aussi en 1840. Les uns annoncent que, le 24 novembre, Lyon sera enseveli sous les eaux ; d'autres disent le 6 décembre. On se rit de ces sinistres prophéties ; mais on ne peut se défendre de la peur.
« On dit qu'à Grenoble, il y a quelques mois, à la veille de cette fatale année, une vieille femme apparut sur le haut de je ne sais quel clocher, tenant en ses mains deux flacons, l'un rempli d'eau, l'autre plein de sang : !'eau, vous disent les commentateurs, signifiait l'inondation ; le sang, c'était la guerre. A Fourvières, ajoute un autre, on a trouvé, la nuit, la chapelle illuminée nomme aux grands jours de fête, et la statue de la Vierge implorant, à genoux devant l'autel, la miséricorde divine en faveur de la ville dont elle est la protectrice.
« Sans doute aussi, vous aurez entendu parler d'une Dame Blanche qui s'est montrée, la nuit, sur les hauteurs, se promenant silencieusement près l'un des forts qui nous dominent. Une première fois, elle passe non loin d'une sentinelle, elle porte une coupe remplie d'eau ; au Qui vive ! du soldat, elle ne répond pas et disparaît. Bientôt elle revient, et cette fois elle porte une torche d'où jaillit une flamme livide ; même Qui vive! Même silence ! Elle reparaît une troisième fois tenant à la main un pain ; toujours même silence ! Enfin elle revient une dernière fois un glaive flamboyant à la main. En la voyant armée, le soldat redouble ses Qui vive ! et menace de faire feu. La Dame Blanche s'arrête et répond d'une voix lugubre et solennelle : Quand j'ai passé près de toi avec une coupe pleine d'eau, c'était l'inondation et tous ses désastres ; tu vois... la torche signifiait la peste ; le pain, c'est la famine, et ce glaive, c'est la guerre. Malheur, malheur, malheur à vous tous ! Et elle disparut, sans qu'on ait pu savoir qui elle était.
« Voilà ce qui se raconte dans le peuple, et bien autres choses encore ! Ne diriez-vous pas que nous sommes revenus au Moyen Age ? Tout cela est absurde, sans doute ; tout cela est incroyable dans le siècle des lumières, au milieu d'une révolution qui prétend avoir régénéré l'esprit humain et avoir fait justice de l'ignorance et des préjugés ; mais tout cela explique la situation des esprits, et prouve jusqu'à quel point ils sont frappés de terreur. Faut-il en croire ces rumeurs populaires, et les menaces de 1840 ne seraient-elles pas toutes accomplies ? »
Selon Xavier Marmier dans ses Souvenirs de voyages, peu de traditions anciennes sont aussi généralement répandues que celle de la Dame Blanche, et se sont aussi longtemps maintenues dans la croyance non seulement du peuple, mais des gens éclairés. Qu'elle soit fondée sur un fait historique, c'est ce dont il est impossible de douter, ajoute-t-il ; seulement, les chroniqueurs diffèrent d'opinion sur l'origine de la Dame Blanche. Les uns la font descendre de la célèbre maison de Méran, et, selon eux, elle épousa le comte Henri d'Orlamund ; d'autres disent que son image se trouve dans le château de Nehaus en Bohême. Du reste, on sait que la Dame Blanche doit apparaître dans les châteaux de Berlin, Bayreuth, Darmstadt, Carlsruhe, Bade, etc. Yung Stilling en parle comme d'une chose certaine dans sa Théorie des esprits.
Or, voici ce que l'on raconte dans le pays de Bade sur la Dame Blanche : Bertha de Rosenberg épousa, en 1449, Jean de Lichtenstein. Ce mariage fut on ne peut plus malheureux ; la comtesse se sépara de son mari, et se retira avec la haine dans le cœur en Bohême, où elle fit bâtir le château de Neuhaus. L'esprit de Bertha apparaît le plus souvent pendant la nuit, quelquefois aussi pendant le jour. Elle porte une robe blanche comme celles que l'on portait de son temps ; son visage est couvert d'un voile épais, et éclairé par un pâle rayon. Ce qu'il doit surtout y avoir de terrible dans son apparition, au dire de tous ceux qui l'ont vue, est le regard fixe, perçant, immobile, de ses grands yeux noirs, qu'elle arrête en silence sur l'homme à qui elle se montre. Ce regard pénètre jusqu'au fond de l'âme et glace la pensée d'effroi. Quiconque l'a entrevue une fois ne l'oubliera de sa vie.
Quelquefois aussi la Dame Blanche apparaît avec un enfant à la main. Son apparition est toujours l'indice de la mort prochaine d'un des membres de sa famille, ou d'un grand malheur. Souvent on l'a vue se pencher sur le lit d'un jeune prince dans son sommeil, et peu de jours après l'enfant était mort. Elle se montre tantôt dans les galeries, tantôt dans la chapelle, et quelquefois aussi dans le jardin du château.
DAMES ROUGES

Nous ne croyons pas que les dames de cette couleur soient en grand nombre dans notre mythologie populaire ; mais Désiré Monnier en cite une qui habite une grotte du vallon de la Creuse, dans le département du Jura : elle y fait entendre des cris plaintifs, et l'on menace de cette Dame Rouge les petits enfants de la contrée qui ne sont point sages.
DAMES VERTES
Les Dames Vertes sont l'objet de croyances superstitieuses dans les départements du Doubs et du Jura, et qui se montrent dans les bois et les jardins. Monnier rapporte ces fées à Iana ou la Diane celtique, et désigne les lieux où elles sont le plus en réputation. Tels sont les vergers de Maizières ; les villages d'Angerans, de Relans, de Veyria, de Graye et de Gigny ; les rives des étangs du territoire de Cages, etc.
Xavier Marmier consacre à la Dame Verte cette gracieuse description : « La Dame Verte, c'est notre péri, notre sylphide, la déesse de nos bois, la fée de nos prairies : elle est belle et gracieuse ; elle a la taille mince et légère comme une tige de bouleau, les épaules blanches comme la neige de nos montagnes, et les yeux bleus comme la source de nos rochers. Les marguerites des champs lui sourient quand elle passe ; les rameaux d'arbres l'effleurent avec un frémissement de joie, car elle est la déesse bien-aimée des arbres et des fleurs, des collines et des vallées. Son regard ranime la nature comme un doux soleil, et son sourire est comme le sourire du printemps. Le jour, elle s'asseoit entre les frais taillis, tressant des couronnes de fleurs, en peignant ses blonds cheveux avec un peigne d'or, ou rêvant sur son lit de mousse au beau jeune homme qu'elle a rencontré. La nuit, elle assemble ses compagnes, et toutes s'en vont folâtres et légères, danser aux rayons de la lune, et chanter.
« Le voyageur qui s'est trouvé égaré le soir au milieu de nos montagnes a souvent été surpris d'entendre tout à coup des voix aériennes, une musique harmonieuse, qui ne ressemblait à rien de ce qu'on entend habituellement dans le monde : c'étaient les chants de la Dame Verte et de ses compagnes. Quelquefois aussi les malignes sylphides égarent à dessein le jeune paysan qu'elles aiment, afin de l'attirer dans leur cercle, et de danser avec lui. Que si alors il pouvait s'emparer du petit soulier de verre d'une de ces jolies cendrillons, il serait assez riche ; car, pour pouvoir continuer de danser avec ses compagnes, il faudrait qu'elle rachetât son soulier, et elle l'achèterait à tout prix. L'hiver, la Dame Verte habite dans ces grottes de rochers, où les géologues, avec leur malheureuse science, ne voient que des pierres et des stalactites, et qui sont, j'en suis sûr, toutes pleines de rubis et de diamants dont la fée dérobe l'éclat à nos regards profanes. C'est là que, la nuit, les fêtes recommencent à la lueur de mille flambeaux, au milieu des parois de cristal et des colonnes d'agathe. C'est là que la Dame Verte emmène, comme une autre Armide, le chevalier qu'elle s'est choisi.
« Heureux l'homme qu'elle aime ! Heureux ce sire de Montbéliard qu'elle a si souvent attendu sous les verts bosquets de Villars ou dans le val de Saint-Maurice ! C'est pour cet être privilégié qu'elle a de douces paroles et des regards ardents, et des secrets magiques ; c'est pour lui qu'elle use de toute sa beauté de femme, de tout son pouvoir de fée, de tout ce qui lui appartient sur la terre. Il y a cependant des gens qui, pour faire les esprits forts, ont l'air de rire quand vous leur parlez de la Dame Verte, et ne craindraient pas de révoquer en doute son existence. Ces êtres-là, voyez-vous, il ne faut pas discuter avec eux, il faut les abandonner à leur froid scepticisme ».
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Message par Jean-pierre Lun 9 Nov - 22:34

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