La femme fenêtre
de Patricia Laranco
Accrochée à la vitre
avec son visage de papier mouillé
la femme fenêtre pendue
qui te regarde à travers la maison toute entière.
Sur ses yeux tristes s'est inscrite
la pluie comme une descente aux enfers
où les volets claquent
comme pour marquer ton calvaire.
Soudainement, assiégé par l’espace de ta Mercedes grise,
tout t’apparaît comme une évidence :
Le monde a fait un pli invisible
repus, il s’est éteint sous tes yeux.
Tu existeras désormais dans cette brèche invisible
avec pour espace vitale un petit peu de métal,
métayer dans ton âme infernale
Tu seras poète moderne
Tu n’auras que des mots, en guise d’hôpital
Pigeons
Idée de Pigeons
Une graine par-ci
une miette par là
Ainsi sur la place pavée
en sautillant
la liesse des jours
Drôles
à s’en moquer
Ces monstres sans plumes
Dignes d’un coup d’aile à peine
Qu’ont -ils donc dans la tête
Un sourire de glaise
Quelques notes noires
ou croches qui n’accrochent personne
Des mots qui glissent et s’évaporent
Pas même de traces de pas
au ruisselant miroir de marbre
où se fond le rêve
Sur ces ailes de pierre
Comment donc s’envoler