la ceuillette de le mandragore
La mandragore (Mandragora officinarum L.) est une plante de la famille des Solanacées, présente sur le pourtour du bassin méditerranéen. La partie aérienne est constituée de grandes feuilles près du sol. C’est sa racine, une énorme rave fourchue pouvant atteindre 60 à 80 cm, qui la rendit célèbre. Cette racine, brune à chair blanche, a en effet, avec quelque imagination, une forme humaine, avec notamment deux “jambes”.
La plante contient différents alcaloïdes (atropine, scopolamine, hyosciamine, hyoscine, etc.) aux propriétés soporifiques, sédatives et hallucinogènes, et, à forte dose, toxiques et mortelles. La tradition lui prête des vertus aphrodisiaques et fertilisantes.
Sa cueillette au Moyen-âge devait obéir à un rituel très précis, car celui qui ne deviendrait pas fou ou qui ne se ferait pas tuer en la déterrant sans précaution serait poursuivi par une malédiction : La nuit du vendredi, lorsque les mandragores sont lumineuses après l’orage, il convient de les rechercher au pied d’un gibet, où le sperme du pendu leur apporte vitalité, ou sur les places de supplice ou de crémation. Un chien noir affamé, animal condamné, est attaché au pied de la plante, et, excité par le son du cor, est appelé au loin, devant franchir trois cercles concentriques inscrits à terre autour de la mandragore à l’aide d’un poignard magique. La plante émet lors de l’arrachage un cri d’agonie insoutenable, tuant l’animal, et l’homme non éloigné aux oreilles non bouchées de cire. La racine devient magique après lavage, macération et maturation en linceul ; elle représente l’ébauche de l’homme, “petit homme planté” ou “homonculus”. Ainsi choyée, elle reste éternellement fidèle à son maître et procure à son possesseur, prospérité prodigieuse, abondance de biens, et fécondité. De ce fait, elle est vendue très chère en raison du risque à la cueillette, et ce d’autant plus que la forme est humaine, de préférence sexuée par la présence de touffes judicieusement disposées.