Trois policiers seront jugés à partir de demain jusqu’au 19 janvier aux assises de Bobigny pour « violences volontaires » dans l’affaire Théo. Le 2 février 2017, Théo Luhaka 22 ans, est interpellé à Aulnay-sous-Bois. Il a été blessé après l’interpellation au niveau de la zone rectale par une matraque télescopique.
Un premier policier, 34 ans, est accusé de « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente chez la victime » et deux autres policiers de 42 ans et 31 ans, sont accusés de « violences volontaires » avec plusieurs circonstances aggravantes. Un quatrième policier, témoin de la scène, a lui bénéficié d’un non-lieu. Cinq jours après les faits, Théo Luhaka avait reçu la visite de François Hollande, alors président de la République, à l’hôpital.
« L’affaire Théo » aux assises, sept ans après
Trois policiers comparaissent à partir de mardi 9 janvier à Bobigny pour leur participation à une interpellation violente en 2017, dont Théo Luhaka, 22 ans à l’époque, conserve des séquelles physiques permanentes.
Un an d’enquête sur les faits, deux ans et demi d’expertises médicales, les recours, les demandes de délais, la crise liée au Covid-19 : il aura fallu près de sept ans pour que soit jugée « l’affaire Théo », symbolique des relations tendues entre forces de l’ordre et jeunes habitants des quartiers pauvres, et révélatrice des méthodes de certains policiers sur lesquelles va devoir se prononcer la justice – rarement à l’aise lorsque les mis en cause sont précisément ceux dont elle a besoin pour ses enquêtes.
Mardi 9 janvier s’ouvre, à Bobigny, devant la cour d’assises de la Seine-Saint-Denis, le procès pour « violences volontaires aggravées » de trois policiers accusés d’avoir commis plusieurs gestes brutaux sur Théodore Luhaka, 22 ans à l’époque, lors d’un contrôle d’identité ayant mal tourné, le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). La scène, captée par les caméras de vidéosurveillance de la ville, dure huit minutes.
On y voit quatre hommes en uniforme – l’un d’eux sera mis hors de cause – venir à la rencontre d’un groupe de jeunes au pied d’un immeuble. Une minute après le début du contrôle, qui se déroule hors caméra, la situation dégénère. Policiers et jeunes réapparaissent dans le champ de la caméra, les premiers se focalisent sur un individu – Théo – tandis que le reste du groupe se disperse dans la confusion. Aux prises avec les agents, le jeune homme se débat, perd sa veste, se retrouve au sol, reçoit des coups et du gaz lacrymogène, avant d’être relevé et bloqué contre un muret par les policiers, qui peinent à le menotter.
Lire aussi l’enquête (2020) :
Article réservé à nos abonnés
Affaire Théo : la démonstration implacable d’une lourde série de manquements policiers
Ajouter à vos sélections
C’est alors que l’agent Marc-Antoine Castelain, qui se trouve derrière Théo, lui porte un coup d’estoc au niveau des fesses avec la pointe de sa matraque, qui provoque une rupture du sphincter anal. Le jeune homme s’effondre au sol, où il continue de recevoir des coups. A son arrivée au commissariat d’Aulnay-sous-Bois, il présente un important saignement au niveau des fesses et est immédiatement envoyé à l’hôpital. Quand on lui demandera, le lendemain, d’évaluer l’intensité de la douleur ressentie sur le coup, de 1 à 10, Théo répondra « dix ». L’affaire avait entraîné plusieurs jours de manifestations et d’émeutes. Le président de la République de l’époque, François Hollande, s’était rendu à l’hôpital au chevet du jeune homme, qui prendra pour avocat Eric Dupond-Moretti avant que celui-ci, devenu ministre de la justice, ne cède la place à son associé, Antoine Vey.
Vifs échanges à prévoir
Deux phases litigieuses de cette interpellation seront jugées à Bobigny : le coup de matraque ayant entraîné la grave blessure dont a souffert Théo, d’une part ; les gestes violents commis ensuite, alors que le jeune homme, tombé à terre et maîtrisé par les policiers, ne bougeait plus, d’autre part.