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Dans Le Dernier Jour d’un condamné, paru en 1829, Victor Hugo met en scène le monologue intérieur et les angoisses d’un homme dont la tête sera, quelques heures plus tard, séparée du corps grâce à la machine promue par le bon docteur Guillotin qui y voyait un mode d’exécution plus « humain ». « Et puis, on ne souffre pas, en sont-ils sûrs ?, s’interroge le héros. Qui le leur a dit ? Conte-t-on que jamais une tête coupée se soit dressée sanglante au bord du panier et qu’elle ait crié au peuple : Cela ne fait pas de mal ! Y a-t-il des morts de leur façon qui soient venus les remercier et leur dire : C’est bien inventé. Tenez-vous-en là. La mécanique est bonne. »
Il est cependant un homme, Jean-Vincent Laborde (1830-1903), qui, à défaut d’avoir fait parler la tête d’un guillotiné, alla voir ce qui se passait dedans juste après que le couperet fut tombé. Mais cela ne se fit pas sans mal – si l’on peut dire. Pour effectuer ses expériences, le docteur Laborde, qui s’était entraîné sur des animaux, savait qu’il lui fallait entrer en possession de la précieuse caboche dans les minutes suivant la décollation. Or, à Paris, la règle voulait que la dépouille, entière, des suppliciés fût d’abord transportée hors de la ville, au cimetière d’Ivry, ce qui condamnait toute possibilité d’expérience valable. Et faisait pester le sieur Laborde contre ce retard, ce « voyage légendaire, absolument platonique au Champ-de-Navets [surnom du cimetière d’Ivry], et qui empêche les recherches vraiment intéressantes ».