Suite à ce post de JP + à ce que j'ai reçu ce matin :
En arabe, le Sahara se dit Al Sahra, الصحراء
ce qui signifie vaste zone dépourvue de végétation. (1)
Avant la colonisation de l'Afrique du Nord par les Arabes le nom était Tiniri (« Ténéré ») qui signifie « grande plaine étendue, sans montagne ni dune, désert plat » en tamasheq, la langue tamazight des autochtones berbères (Touaregs); il désignait la région la plus aride de ce désert ;
Ce mot était utilisé dans la plupart des régions du nord pour désigner le grand Shara, en Kabylie et au Rif.
Est-ce qu’un jour on parlera d’une vaste zone couverte de panneaux solaires ?
L’idée n’est pas neuve.
C’est même un rêve qui existe depuis que l’on a découvert les panneaux solaires. Mais ce rêve ne verra sans doute pas le jour et heureusement. Vous allez comprendre pourquoi.
Un océan de sable et de dunes
Le Sahara couvre 9 millions de km² (2).
Cela représente 30% de la surface de l’Afrique.
C’est le plus grand désert du monde.
Il s’étend sur dix pays : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte ainsi que sur le nord de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad et du Soudan.
Il couvre quasi intégralement l’Algérie, la Libye et l’Egypte. (3)
Il va de l’Atlantique à la mer Rouge.
C’est un désert constitué de dunes ou ergs, ou de zones caillouteuses aussi appelés regs. (4,5)
Le Sahara compte aussi des massifs rocheux, des plateaux, des falaises ainsi que quelques milieux humides disséminés ici ou là : ce sont des oasis ou des marais.
Le Sahara est enfin riche de nombreuses ressources naturelles :
hydrocarbures, uranium, phosphate et autres minerais ainsi que de précieuses eaux souterraines. (6)
Mais la ressource la plus évidente du Sahara est le soleil.
Cette immense étendue reçoit plus de 3600 heures d’insolation par an, soit une moyenne de 10 heures d’insolation par jour. (7)
C’est la zone du monde où le soleil sévit le plus. Les précipitations y sont de moins de 100 mm par an.
Et des ingénieurs ont calculé que 1,5 km² de désert du Sahara pourrait permettre de produire l’équivalent en énergie de 1,5 millions de barils de pétrole par an. (8)
Sauf qu’il s’agit d’une énergie renouvelable.
Les barils puisés disparaissent tandis que le soleil est là en permanence.
C’est ce calcul qui a donné naissance au projet Desertec. (9)
D’autres chiffres ont été pris en compte.
Par exemple, un panneau solaire placé en Algérie peut produire chaque année trois fois plus qu’un panneau solaire en Allemagne. (10)
Un panneau solaire de 1 m² dans le Sahara peut produire en moyenne 5 à 7 kilowatts/h d’électricité tous les jours.
Si vous portez cette surface à 1 km² cela fait 5 à 7 Gigawatts/h d’électricité tous les jours. (11)
Si cette surface est portée à 1000 km², cela donne 5 à 7 Térawatts/h d’électricité.
Une telle production serait suffisante pour couvrir l’essentiel des besoins européens en électricité. (12)
Et si vous multipliez cette surface de panneaux solaires par 10, soit 10 000 km² de Sahara, vous avez suffisamment d’électricité pour le monde entier.
Et cela ne représente qu’une petite partie des 9 millions de km² du Sahara. (13)
Voilà l’hypothèse qui a convaincu le club de Rome, un réseau entre économistes, industriels et haut fonctionnaires de plus de 50 pays, de lancer le projet Desertec. (14,15)
Les grands acteurs de Desertec
En 2003, la fondation Desertec a été créée par le club de Rome.
Un autre réseau de travail a été créé avec la TREC : Transmediterranean Renewable Energy Cooperation. (16)
Il s’agit d’un organisme de coopération international rassemblant des pays méditerranéens et du Moyen-Orient.
Puis différentes sociétés se sont regroupées dans le consortium DII (Desertec Industry Initiative).
Le leadership était allemand. Une dizaine de sociétés dont le géant de l’énergie E.ON constituait ce consortium.
Puis, d’autres acteurs européens sont entrés dans la danse.
Désormais le concept Desertec a été intégré dans les politiques européennes de l’énergie.
Mais il s’agit plus d’un réseau de professionnels échangeant des idées et des technologies que d’un véritable système de production d’énergie solaire.
Un problème de transport
Si le concept Desertec est si long à se déployer, c’est parce que les coûts d’une telle opération restent très importants.
Pour commencer, il faudrait relier entre eux les différents projets de productions d’énergies renouvelables d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et acheminer l’électricité produite en Europe.
Mais aujourd’hui, il n’existe que deux liaisons électriques entre les continents africain et européen.
Elles sont situées près de Gibraltar entre le Maroc et l’Espagne.
Mais il faudrait en construire plus de 500 ou 600 autres pour pouvoir acheminer l’électricité nécessaire aux besoins européens.
D’autres liaisons via l’Italie ou la Grèce pourraient voir le jour mais cela ne fera que deux ou trois gros câbles en plus…
Par ailleurs, pour produire de l’électricité sur place il faudrait également des investissements colossaux.
Et le coût de la maintenance est aussi conséquent.
Enfin, transporter de l’électricité n’est pas simple. Outre l’infrastructure, il faut prendre en compte la déperdition d’énergie.
Les experts estiment que tous les 1000 km de transport, on perd environ 3% d’électricité.
Cela peut paraître surmontable, les distances méditerranéennes n’étant pas gigantesques. Il y a par exemple 2000 km entre Berlin et Tunis.
De grands projets solaires sortent de terre en Afrique du Nord
Si le concept Desertec n’a pas vraiment abouti sur le terrain, il a néanmoins donné envie à certains gouvernements locaux de prendre les devants.
Ainsi, le Maroc avec la centrale thermodynamique de Noor-Ouarzazate et l’Egypte avec son parc photovoltaïque de Benban qui fait plus de 37 km2 sont entrés dans une nouvelle ère énergétique.
D’autres projets devraient voir le jour.
En revanche, il est possible que les gouvernements optent de plus en plus pour les panneaux photovoltaïques.
En effet, leur prix a chuté ce qui rend les centrales thermodynamiques, qui utilisent des miroirs, moins attractives.
La course au soleil a-t-elle des effets sur l’environnement ?
La volonté des européens de sous-traiter une partie de leurs besoins énergétiques aux pays du Sahara est parfois critiquée. (17)
En effet, certains pays européens comme le Royaume-Uni comptent sur l’électricité renouvelable produite par l’éolien et le solaire du Sahara pour les aider à atteindre leurs objectifs environnementaux.
Une partie des écologistes s’inquiètent d’une transformation du Sahara en une vaste zone industrielle au détriment de la faune et de la flore locale ainsi que des habitats traditionnels. (18)
Rien n’est simple en matière environnementale !
Références à consulter
Jean-pierre a écrit:
Au vu du soleil qu'il y a là bas on se demande pourquoi il n'y a pas de panneaux solaires et d'accus pour la lumière.
Couvrir le Sahara de panneaux solaires
et
arrêter de raser les forêts ! ?
et
arrêter de raser les forêts ! ?
En arabe, le Sahara se dit Al Sahra, الصحراء
ce qui signifie vaste zone dépourvue de végétation. (1)
Avant la colonisation de l'Afrique du Nord par les Arabes le nom était Tiniri (« Ténéré ») qui signifie « grande plaine étendue, sans montagne ni dune, désert plat » en tamasheq, la langue tamazight des autochtones berbères (Touaregs); il désignait la région la plus aride de ce désert ;
Ce mot était utilisé dans la plupart des régions du nord pour désigner le grand Shara, en Kabylie et au Rif.
Est-ce qu’un jour on parlera d’une vaste zone couverte de panneaux solaires ?
L’idée n’est pas neuve.
C’est même un rêve qui existe depuis que l’on a découvert les panneaux solaires. Mais ce rêve ne verra sans doute pas le jour et heureusement. Vous allez comprendre pourquoi.
Un océan de sable et de dunes
Le Sahara couvre 9 millions de km² (2).
Cela représente 30% de la surface de l’Afrique.
C’est le plus grand désert du monde.
Il s’étend sur dix pays : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte ainsi que sur le nord de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad et du Soudan.
Il couvre quasi intégralement l’Algérie, la Libye et l’Egypte. (3)
Il va de l’Atlantique à la mer Rouge.
C’est un désert constitué de dunes ou ergs, ou de zones caillouteuses aussi appelés regs. (4,5)
Le Sahara compte aussi des massifs rocheux, des plateaux, des falaises ainsi que quelques milieux humides disséminés ici ou là : ce sont des oasis ou des marais.
Le Sahara est enfin riche de nombreuses ressources naturelles :
hydrocarbures, uranium, phosphate et autres minerais ainsi que de précieuses eaux souterraines. (6)
Mais la ressource la plus évidente du Sahara est le soleil.
Cette immense étendue reçoit plus de 3600 heures d’insolation par an, soit une moyenne de 10 heures d’insolation par jour. (7)
C’est la zone du monde où le soleil sévit le plus. Les précipitations y sont de moins de 100 mm par an.
Et des ingénieurs ont calculé que 1,5 km² de désert du Sahara pourrait permettre de produire l’équivalent en énergie de 1,5 millions de barils de pétrole par an. (8)
Sauf qu’il s’agit d’une énergie renouvelable.
Les barils puisés disparaissent tandis que le soleil est là en permanence.
C’est ce calcul qui a donné naissance au projet Desertec. (9)
D’autres chiffres ont été pris en compte.
Par exemple, un panneau solaire placé en Algérie peut produire chaque année trois fois plus qu’un panneau solaire en Allemagne. (10)
Un panneau solaire de 1 m² dans le Sahara peut produire en moyenne 5 à 7 kilowatts/h d’électricité tous les jours.
Si vous portez cette surface à 1 km² cela fait 5 à 7 Gigawatts/h d’électricité tous les jours. (11)
Si cette surface est portée à 1000 km², cela donne 5 à 7 Térawatts/h d’électricité.
Une telle production serait suffisante pour couvrir l’essentiel des besoins européens en électricité. (12)
Et si vous multipliez cette surface de panneaux solaires par 10, soit 10 000 km² de Sahara, vous avez suffisamment d’électricité pour le monde entier.
Et cela ne représente qu’une petite partie des 9 millions de km² du Sahara. (13)
Voilà l’hypothèse qui a convaincu le club de Rome, un réseau entre économistes, industriels et haut fonctionnaires de plus de 50 pays, de lancer le projet Desertec. (14,15)
Les grands acteurs de Desertec
En 2003, la fondation Desertec a été créée par le club de Rome.
Un autre réseau de travail a été créé avec la TREC : Transmediterranean Renewable Energy Cooperation. (16)
Il s’agit d’un organisme de coopération international rassemblant des pays méditerranéens et du Moyen-Orient.
Puis différentes sociétés se sont regroupées dans le consortium DII (Desertec Industry Initiative).
Le leadership était allemand. Une dizaine de sociétés dont le géant de l’énergie E.ON constituait ce consortium.
Puis, d’autres acteurs européens sont entrés dans la danse.
Désormais le concept Desertec a été intégré dans les politiques européennes de l’énergie.
Mais il s’agit plus d’un réseau de professionnels échangeant des idées et des technologies que d’un véritable système de production d’énergie solaire.
Un problème de transport
Si le concept Desertec est si long à se déployer, c’est parce que les coûts d’une telle opération restent très importants.
Pour commencer, il faudrait relier entre eux les différents projets de productions d’énergies renouvelables d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et acheminer l’électricité produite en Europe.
Mais aujourd’hui, il n’existe que deux liaisons électriques entre les continents africain et européen.
Elles sont situées près de Gibraltar entre le Maroc et l’Espagne.
Mais il faudrait en construire plus de 500 ou 600 autres pour pouvoir acheminer l’électricité nécessaire aux besoins européens.
D’autres liaisons via l’Italie ou la Grèce pourraient voir le jour mais cela ne fera que deux ou trois gros câbles en plus…
Par ailleurs, pour produire de l’électricité sur place il faudrait également des investissements colossaux.
Et le coût de la maintenance est aussi conséquent.
Enfin, transporter de l’électricité n’est pas simple. Outre l’infrastructure, il faut prendre en compte la déperdition d’énergie.
Les experts estiment que tous les 1000 km de transport, on perd environ 3% d’électricité.
Cela peut paraître surmontable, les distances méditerranéennes n’étant pas gigantesques. Il y a par exemple 2000 km entre Berlin et Tunis.
De grands projets solaires sortent de terre en Afrique du Nord
Si le concept Desertec n’a pas vraiment abouti sur le terrain, il a néanmoins donné envie à certains gouvernements locaux de prendre les devants.
Ainsi, le Maroc avec la centrale thermodynamique de Noor-Ouarzazate et l’Egypte avec son parc photovoltaïque de Benban qui fait plus de 37 km2 sont entrés dans une nouvelle ère énergétique.
D’autres projets devraient voir le jour.
En revanche, il est possible que les gouvernements optent de plus en plus pour les panneaux photovoltaïques.
En effet, leur prix a chuté ce qui rend les centrales thermodynamiques, qui utilisent des miroirs, moins attractives.
La course au soleil a-t-elle des effets sur l’environnement ?
La volonté des européens de sous-traiter une partie de leurs besoins énergétiques aux pays du Sahara est parfois critiquée. (17)
En effet, certains pays européens comme le Royaume-Uni comptent sur l’électricité renouvelable produite par l’éolien et le solaire du Sahara pour les aider à atteindre leurs objectifs environnementaux.
Une partie des écologistes s’inquiètent d’une transformation du Sahara en une vaste zone industrielle au détriment de la faune et de la flore locale ainsi que des habitats traditionnels. (18)
Rien n’est simple en matière environnementale !
Références à consulter
- Spoiler:
(1) https://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/le_Sahara/142022
(2) https://fr.123rf.com/photo_70778882_carte-du-d%C3%A9sert-du-sahara-et-de-la-zone-du-sahel.html
(3) https://fr.123rf.com/photo_70778882_carte-du-d%C3%A9sert-du-sahara-et-de-la-zone-du-sahel.html
(4) https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1970_num_79_431_19801
(5) http://atlas-sahara.org/milieux/reg/reg.html?cat=milieux
(6) https://lewebpedagogique.com/histoiregeotruffaut/2020/03/12/le-sahara-ressource-et-conflit/ressources-sahara/
(7) https://fr.123rf.com/photo_70778882_carte-du-d%C3%A9sert-du-sahara-et-de-la-zone-du-sahel.html
(8) https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/desertec
(9)https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/desertec
(10) The Problem with Solar Energy in Africa, Real Engineering, Youtube
(11) The Problem with Solar Energy in Africa, Real Engineering, Youtube
(12) The Problem with Solar Energy in Africa, Real Engineering, Youtube
(13) The Problem with Solar Energy in Africa, Real Engineering, Youtube
(14) https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/desertec
(15) https://www.novethic.fr/lexique/detail/club-de-rome.html
(16) https://www.e5.org/cooperations-spin-offs/trec/
(17) https://e360.yale.edu/features/africa-europe-solar-wind-power
(18) https://www.scienceabc.com/eyeopeners/can-we-cover-the-sahara-desert-with-solar-panels.html
Dernière édition par Pelayo le Mer 28 Juin 2023 - 14:17, édité 2 fois