À chaque fois c’est pareil, dès que le prix du carburant augmente, on subit des vols dans les réservoirs de nos camions, qu’ils soient sur notre site ou sur les routes », témoigne Stéphane Grégoire, transporteur d’animaux vivants à Chemille-en-Anjou (49). En mars dernier, alors que le gazole dépassait les 2 € à la pompe, son entreprise a été visitée quatre week-ends de suite ! « Sur nos quatorze véhicules, il y en a toujours une dizaine stationnée au siège en fin de semaine », rapporte le dirigeant qui se pensait protégé par les grillages et les caméras de surveillance qu’il avait fait installer suite à un cambriolage.
Pourtant, cet équipement n’a pas dissuadé des malfaiteurs de pénétrer par effraction sur son site. Samedi 26 février, vers 1 heure du matin, ils sont parvenus à repartir avec l’équivalent de 1 500 € de gazole. La semaine suivante, un de ses conducteurs qui rentrait du Salon de l’agriculture repère des rôdeurs, donne l’alerte et les fait fuir. Mais les mêmes ont retenté leur chance le week-end suivant, parvenant à « alléger » de quelques litres de carburant les véhicules qui étaient garés.
La nuit dans son bureau, armé d’une carabine
Le samedi suivant, Stéphane Grégoire décide de passer la nuit dans son bureau, armé d’une carabine. « J’avais prévenu les gendarmes », nous dit-il. Cette nuit-là il ne se passe rien mais le lendemain, alors que le chef d’entreprise regagne son domicile, des hommes pénètrent à nouveau sur le terrain de sa société pour repartir bredouilles. « La veille, alors que je dis toujours à mes chauffeurs de ne pas fermer leur réservoir à clé pour éviter la casse en plus des vols, je les avais tous cadenassés. Si bien que les voleurs, conscients que j’allais arriver, sont repartis sans rien tenter », avance Stéphane Grégoire.
Pour faire cesser ce manège, le transporteur a rajouté du barbelé autour de son terrain, une caméra supplémentaire et un éclairage qui reste allumé la nuit. « Les gendarmes réalisent en plus quelques tournées de dissuasion », confie sans illusion le transporteur qui a fait ses comptes : « Nous en sommes à 5 000 € de préjudice, et je sais que dès que les forces de l’ordre arrêteront de passer, les voleurs reviendront. »
De nouvelles consignes aux conducteurs
Claude Rault, transporteur à Pontivy (Morbihan), a lui aussi subi des vols de gazole dès que le prix du carburant a commencé à flamber. Pour limiter la casse, il a donné des consignes à ses conducteurs : « Avant, ils mettaient 1 200 litres de carburant dans leur véhicule le lundi matin, mais comme plusieurs se sont fait voler d’importantes quantités de gazole, je leur demande désormais de remplir leur réservoir au jour le jour. » Une stratégie qui a permis de stopper l’hémorragie.
« Au quotidien, ils doivent commencer par chercher les stations les moins chères autour d’eux pour se ravitailler, cela leur prend du temps, mais on n’a pas trouvé mieux comme parade », regrette-t-il. Plus question non plus d’installer des systèmes anti-siphonnage ou des bouchons antivol. « Ces produits ne résistent pas aux voleurs qui les brisent, ce qui entraîne des coûts supplémentaires lorsque cela les oblige à percer un réservoir pour parvenir à leurs fins », justifie-t-il.
“On se sent vraiment démuni face à ce fléau”
Lorsque les vols surviennent sur les parkings d’autoroute et que les chauffeurs n’ont plus de quoi se rendre à la station suivante pour remplir leur réservoir, il assure subir une double peine. « En plus de la perte, l’intervention d’un dépanneur est nécessaire, c’est un coût de 1 000 € », déplore le chef d’entreprise qui a aussi décidé d’arrêter certains trafics, jugés trop sensibles.
Un conducteur de Solution Express (38) a même été victime d’un vol en face de son domicile. « Depuis des années, il gare ses camions devant chez lui et n’avait jamais eu de problème jusqu’à la mi-mars. En repartant, il s’est rendu compte qu’on lui avait vidé son réservoir », rapporte son patron, Julien Desbos. Les voleurs avaient aussi siphonné le semi de son voisin, transporteur également. « Il était à sec. Il a dû aller chercher quelques litres avec sa voiture pour pouvoir redémarrer. Mon chauffeur a eu plus de chance, il lui restait de quoi aller faire le plein, indique-t-il. On se sent vraiment démuni face à ce fléau. On ne fait plus de plein pour la semaine pour ne pas attirer les convoitises et je réfléchis à installer des bouchons avec alarme, mais ça coûte 400 € pièce », déplore-t-il.
transportinfo.fr
En fait, lorsque la racaille est décidée, c'est très difficile de l'arrêter voir impossible, ils ont senti l'odeur du pognon et dans ces cas-là, il faut mettre le paquet pour les empêcher de voler.
Les gens ne se rendent pas compte, mais ça devient un casse-tête pour trouver du carburant le moins cher possible et gérer sa consommation et c'est encore pire pour ne pas se faire agresser ou voler du gasoil.
Nous sommes rendu à une époque où un chef d'entreprise doit défendre sa société les armes à la main en patrouillant la nuit.
Est-ce que vous vous rendez compte ?