Comme nous l'écrivions, le 2 janvier, pour Emmanuel Macron, l'année 2022 a bien mal commencé. Et c'était avant son mauvais buzz savamment calculé de l'emm... des non-vaccinés. Les conséquences ont été immédiates. Et pas celles qu'attendaient les conseillers en communication disruptive et vulgaire.
Ce jeudi tombait l'enquête mensuelle Elabe pour Les Échos sur la cote de popularité du Président : l'information a été peu relayée, et pour cause : « La cote de confiance d'Emmanuel Macron décroche, [elle] chute de 4 points en janvier. » Sur la durée du quinquennat, c'est un tournant, et un tournant inquiétant à l'orée d'une campagne qui lui est promise depuis des mois comme une quasi-formalité pour sa réélection. En effet, selon ce sondage, Emmanuel Macron est tombé à « un niveau jamais atteint depuis le début de la crise sanitaire ». Les deux ans d'une popularité dopée par la sidération due à la gestion de ladite crise semblent se dissiper, puisqu'« il faut remonter à décembre 2020 pour retrouver une cote de confiance aussi basse et à septembre 2020 pour constater un décrochage aussi élevé en un mois ». L'opinion semble se déconfiner et demander des comptes sur les absurdités, les contradictions et l'instrumentalisation de la crise à des fins politiques.
Le détail de cette chute contient aussi un élément d'inquiétude supplémentaire pour le Président car, s'il perd logiquement du terrain chez les catégories de « vaccinés par contrainte » (35-49 ans), il « accuse une nette baisse auprès de son électorat (-9 points à 70 % de confiance) et chez celui de François Fillon en 2017 (-5 points à 38 %). » La stratégie du bouc émissaire ne fonctionnerait pas et déplairait au cœur même de son électorat. C'est embêtant au moment où il lui faudrait justement mobiliser ses troupes.
Ce n'est donc pas un hasard si, au sein même de la Macronie, l'ambiance vire à la méfiance, sinon au lâchage du Président. Il y a eu Alain Minc, déclarant au Point de cette semaine qu'il voterait Pécresse, même si c'était avec l'argument alambiqué de soutenir la moins bien placée des candidats du cercle de la raison pour qu'ils parviennent tous deux au second tour en évitant la présence d'un candidat populiste qui ferait tache.
Plus sérieux, la nouvelle détérioration des relations entre Emmanuel Macron et son ancien Premier ministre Édouard Philippe, révélée par Le Figaro, jeudi. Cet Édouard Philippe devenu l'homme politique le plus populaire depuis qu'il a quitté Matignon tisse activement sa toile, avec la fondation de son parti Horizons en décembre. Il était prévu que son écurie présidentielle fusionne avec le petit parti centriste Agir pour bénéficier du financement public de cette structure représentée à l'Assemblée nationale. Mais Emmanuel Macron a mis son veto et Frank Riester, ministre du Commerce extérieur et patron de l'Agir en question, s'est exécuté. Peut-être en échange de la présidence du château de Versailles, selon Le Figaro…
En tout cas, l'épisode en dit long sur la rivalité entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe : pour Le Monde, « les relations tournent à l’aigre ». Le bras droit d'Édouard Philippe, Gilles Boyer, a même été menaçant : « Et donc, en conséquence, nous avons suspendu notre participation à la maison commune de la majorité », le machin lancé à l'automne pour réunir tous les micro-partis de marcheurs. Édouard Philippe lui-même déclarait, le 5 janvier dernier, sur France 2 : « Quand on est candidat à sa réélection, on doit être dans une logique de rassemblement et probablement d’élargissement. Sinon, ça ne marche pas. »
Édouard Philippe continue-t-il à prendre date pour 2027 ou se prépare-t-il à remplacer dans quelques semaines, pour cette élection de 2022, un Emmanuel Macron qui renoue actuellement avec ses mauvais démons et une impopularité artificiellement gommée par la crise sanitaire ? Ce samedi matin, l'ancien Premier ministre a été amené à réaffirmer son soutien au Président. En tout cas, la fébrilité de ce dernier, avec cette « mauvaise manière » faite à Édouard Philippe, montre qu'il n'est peut-être pas ou plus au zénith des sondages.
bvoltaire.fr
En effet, la baisse dans les sondages n'a pas fait la Une des médias ni beaucoup de commentaires dans les émissions, tout au moins, je ne l'ai pas entendu.
Un tournant dans la campagne électorale ? C'est possible, je pense que les bons sondages ont été maintenus un peu artificiellement par les médias, mais que trop, c'est trop et qu'ils ne peuvent pas non plus orienter outre mesure.
Il se pourrait bien que le Président en exercice ait fini par lasser les médias ou une parie des médias et qu'ils finissent par se tourner vers Pecresse plus consensuelle et plus diplomate.
Si c'est le cas, nous allons voir une chute assez rapide du Président dans les sondages et ça ne va pas améliorer son caractère.