Le conflit entre voisins glisse sur le terrain écologique. Et ce n'est pas terminé...
Le clin d'œil de Philippe Eliakim
Nous allons aujourd’hui vous narrer une histoire de mare assez marrante, sauf pour ses propriétaires, les époux Pécheras, et pour leurs voisins, les époux Malfione. Cette mare, plutôt charmante au demeurant, est située à Puycherifels, un paisible hameau de Dordogne. Elle a été creusée il y a une dizaine d’années par les Pécheras dans leur propre jardin, à environ 80 mètres de leur maison, mais à seulement trois enjambées de celle des Malfione. Au début, ça allait. Mais très vite elle s’est remplie de grenouilles, et les coassements incessants des batraciens ont rendu la vie impossible aux malheureux voisins. Mettez-vous à leur place, ils ont fini par en avoir marre. Bien sûr, avec un peu de bonne volonté, l’affaire aurait pu se régler en trois jours. Il aurait suffique les Pécheras déplacent leur plan d’eau de quelques dizaines de mètres, on aurait partagé les frais, voilà tout. Seulement, chez les Gascons, on a la tête dure. En 2012, les Malfione ont donc préféré confier leur salut à l’Etat, et la machine infernale de la Justice s’est mise en branle, aux frais du contribuable.
Le 25 mars 2014, le tribunal de grande instance de Périgueux a débouté les plaignants de leur demande. Le 2 juin 2016, après moult expertises, la cour d’appel de Bordeaux a infirmé ce jugement, et condamné les époux Pécheras à reboucher leur mare coassante. Le 14 décembre 2017, la Cour de cassation a confirmé ce jugement. Le 17 décembre 2019, la cour d’appel de Bordeaux, saisie en tierce opposition par une association écolo (au motif que la mare abritait quatre espèces protégées de batraciens), a de nouveau confirmé la condamnation des Pécheras. Le 3 décembre 2020, le juge de l’exécution du tribunal de Périgueux leur a intimé l’ordre d’assécher leur trou d’eau dans les trois mois sous astreinte de 150 euros par jour de retard, et a exigé qu’ils versent illico les 10.000 euros de dommages-intérêts dus aux plaignants.
Au moment où nous écrivons ces lignes, huit ans après le début de l’affaire, tout le monde attend avec impatience la décision de la Cour de cassation, de nouveau saisie par l’association écologiste. Si, comme c’est probable, les hauts magistrats parisiens confirment l’obligation de combler le plan d’eau, l’affaire n’en sera pas pour autant terminée. Car le Code de l’environnement interdit formellement de détruire l’habitat des espèces protégées, sous peine de deux ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende. En somme, si les Pécheras exécutent leur peine, ils tomberont sous le coup de la loi. Et de nouveaux procès seront intentés. Hmmm… Et si on les assaisonnait avec une petite persillade, ces grenouilles protégées ?
capital.fr
Ce n'est pas un truc de fous ça ? En fait, à part déplacer ou tuer les voisins, il n'y a pas de solutions, mais par contre des frais de justice absolument déments qui nous coûtent un bras et qui ne devrait pas.
Il faudra bien une réforme de la justice à un moment où à un autre pour simplifier tout ça, il n'est pas normal que ça dure autant de temps et qu'il y ait autant de recours possible.