Opposés au plan de relance tel que proposé par Emmanuel Macron et Angela Merkel, les Pays-Bas sont renvoyés à leur "égoïsme", voire à leur statut de paradis fiscal.
UNION EUROPÉENNE - Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais, voue une véritable admiration à l’ancienne dirigeante britannique Margaret Thatcher. Et en cette période de négociations en sommet européen, cela n’est pas si anecdotique. Les 27 sont actuellement réunis à Bruxelles pour se décider sur le plan de relance européen post-crise du nouveau coronavirus, un moment que certains n’hésitent pas à comparer à la création de l’euro.
Concocté par la chancelière allemande Angela Merkel et le président Emmanuel Macron, ce plan prévoit désormais 300 milliards d’euros de prêts et 450 milliards de subventions - qui n’auront pas à être remboursés par les bénéficiaires. Alors que ce dimanche les dirigeants attaquent leur troisième jour de négociations, les positions sont particulièrement tendues entre les États dits frugaux, Pays-Bas (en tête), Autriche, Suède et Danemark, et les autres. Dans la soirée de samedi, les dirigeants français et allemands ont même quitté la réunion.
Paris et Berlin refusent en effet de “descendre en dessous de la barre des 400 milliards” pour la partie subvention du plan de relance (contre 500 milliards initialement proposés), alors que les frugaux préféreraient que l’aide prenne plutôt la forme de prêts (donc à rembourser). Les États du sud craignent de leur côté que cela ne les oblige à se soumettre à un programme de réformes (marché du travail, retraites...) imposé, comme à la Grèce par le passé.
Dans ce jeu de tour de table, la position de fer assumée par Mark Rutte, pas vraiment dissimulée dans un gant de velours, a le don d’agacer plusieurs élus français.
Haro sur la fiscalité néerlandaise
Sur Twitter, Richard Ferrand, le Président de l’Assemblée nationale tance ainsi la position d’un pays qui s’opposerait à 90% de la population européenne, alors que de son côté sur Europe 1, le député Modem Jean-Louis Bourlanges insistait ce dimanche matin sur “l’égoïsme” des pays frugaux, et l’entêtement de Mark Rutte.
De fait, même s’ils ne font pas partie de la liste noire de l’UE, les Pays-Bas sont au même titre que l’Irlande et le Luxembourg des champions de l’optimisation fiscale. L’ONG Ofxam estimait même en février dernier que si les critères européens étaient bien appliqués chez nos voisins néerlandais, ils seraient alors inclus dans cette liste au même titre que les îles Caïmans, ou les Bahamas.
Terrible ironie, le réseau Tax Justice Network estime que le système fiscal des Pays-Bas a coûté près de 10 milliards d’euros aux pays européens. Dans les détails, les finances italiennes auraient perdu près de 1,5 milliard de dollars au profit des Pays-Bas, alors que Madrid aurait vu s’envoler 1 milliard de dollars.
En dehors des frontières hexagonales, le Pays-Bas “bashing” connaît d’ailleurs également un certain plébiscite. Si le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, tance le manque de clairvoyance des frugaux, faisant valoir la nécessité d’une réponse forte, Viktor Orban, le président hongrois, en a fait une affaire personnelle. “Je ne sais pas quelle est la raison personnelle pour laquelle le Premier ministre néerlandais me hait, moi ou la Hongrie, mais il attaque si durement”, a-t-il commenté. “Nous devons le dire clairement: si un accord est bloqué, ce ne sera pas de ma faute mais celle du gars des Pays-Bas, parce que c’est lui qui a commencé”.
L’un des plus gros quotidien espagnol, El Pais, a de son côté publié un éditorial au vitriol contre le dirigeant néerlandais “qui ne sert que ses intérêts”.
Attention à la sortie de Rutte
Comment expliquer la détermination de Mark Rutte? Alors que les Pays-Bas qui avaient rejeté la Constitution en 2005 ont la réputation d’être plutôt eurosceptiques, certains observateurs ne manquent pas de pointer que les prochaines législatives néerlandaises ont lieu dans 8 mois et la fragile coalition au pouvoir à Amsterdam.
À cela s’ajoute pour l’ancienne Batave une percée du parti europhobe, Forum pour la démocratie, lors des élections provinciales, sénatoriales et européennes de l’an passé. Au Sénat le FdV est devenu la première force politique. Des résultats qui obligent au moins en partie Mark Rutte à maintenir une position dure à Bruxelles.
Une tactique limitée tant elle risque d’isoler plus encore les Pays-Bas, et dont la seule issue possible reste celle du compromis. Au risque d’entraîner un Nexit?
À cet égard, le premier néerlandais a plusieurs atouts. Le Monde pointait également en avril dernier son admiration pour Winston Churchill mais aussi sa souplesse politique qui lui a permis de rester en poste depuis 2010.
huffigtonpost.fr
Une sortie des Pays-Bas de l'Union-Européenne ça sera assez rigolo ou en tout cas ça me ferait beaucoup rire.
Ceci-dit il est vrais que l'opposition à l'U.E. a toujours été forte dans ce pays qui a même faillis basculer à l'extrême droite fut une époque et tous les ingrédients sont là pour que les populiste prenne le pouvoir dans ce pays-là.
Pas mieux pour le Danemark et la Suède, le populisme est monté à des niveaux très hauts dans ces pays dû d'une immigration délirante qu'ils ont pratiqué depuis des décennies et ils n'ont guère de marge de manœuvre si ils lâchent des milliards qu'ils ne reverront jamais à l'U.E.