Réélu largement au Havre dimanche et toujours perché à des sommets de popularité, Edouard Philippe sort politiquement renforcé des élections municipales, mais la percée écologiste projette l'ombre d'un doute sur le maintien à Matignon d'une figure de droite modérée.
Avec la pointe d'ironie dont il ne se départ que rarement, M. Philippe avait souhaité dimanche soir depuis l'Hôtel de ville du Havre "bon courage" aux "commentateurs" qui "auront probablement beaucoup de travail" dans les jours à venir.
Une manière d'anticiper une semaine riche en spéculations, alors que se profile un remaniement d'ampleur qui doit traduire les priorités d'Emmanuel Macron pour la fin de son quinquennat.
Si la place exacte d'Edouard Philippe dans l'équation reste pour l'heure inconnue, le Premier ministre peut se targuer d'une nette réélection dans son fief, avec 58,83% des suffrages face au député communiste Jean-Paul Lecoq, soutenu par La France insoumise et le Parti socialiste. Malgré une abstention plus forte que lors de sa victoire en 2014, et un corps électoral plus réduit, M. Philippe a réussi à rallier quasiment le même nombre de voix qu'il y a six ans.
En parallèle, ses baromètres de popularité paradent au beau fixe après trois mois de gestion de crise sanitaire.
Un sondage Harris interactive indiquait dimanche soir que 55% des Français souhaitaient que M. Philippe poursuive à Matignon. Et selon une enquête du même institut parue vendredi, son action recueillait 51% de jugements positifs (44% pour M. Macron), avec une percée notable chez...les sympathisants socialistes (60%, +12).
Reste à savoir quel gain M. Philippe peut retirer de ces signaux favorables. Lui qui capte aussi tout un électorat de centre-droite en est-il pour autant indéboulonnable ?
"Il est fort politiquement donc c'est difficile de le remplacer par quelqu'un dont on dit: +c'est évident+", voulait croire lundi un ministre, désireux de "continuer à travailler" avec M. Philippe.
"Avoir un chef de gouvernement un peu au fait de la coordination interministérielle et du fonctionnement de l'Etat profond, c'est nécessaire", souligne le même. "Si vous avez besoin de six mois pour que la machine tourne, c'est six mois de trop", appuie-t-il, pointant ainsi les limites de la nomination d'un novice à Matignon.
- "Encore du jus" -
Pour autant, M. Philippe pourrait pâtir du scrutin de dimanche, marqué par une déferlante écologiste dans les grandes villes (Lyon, Bordeaux, Strasbourg...) qui plaide pour colorer en vert la fin du mandat de M. Macron.
A quel point M. Philippe, qui s'est entretenu lundi en tête-à-tête avec M. Macron, est-il prêt à endosser cette accélération, impulsée avec le discours du chef de l'Etat devant les membres de la Convention citoyenne pour le climat ? Et est-il l'homme de la situation ?
Le président "sait qui je suis, ce que j'incarne, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire", avait fait valoir M. Philippe il y a deux semaines.
Edouard Philippe "n'est pas granitique, il est capable d'évoluer, de mettre de l'eau dans son vin... mais de là à porter une identité politique qui n'est pas la sienne, non", confirme un de ses proches.
Mais le même s'insurge contre l'image prêtée au juppéiste, ancien lobbyiste chez Areva, de "quelqu'un de droite très industrialiste qui n'en a rien à faire de l'écologie": "ça, c'est vraiment très faux", insiste-t-il, se désolant que les frictions avec l'ancien ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot aient fait tant "de mal" à la réputation de M. Philippe.
Une chose est sûre, martèle l'entourage du Premier ministre: ce dernier n'instaurera pas de rapport de force avec M. Macron. "Il ne veut pas donner le sentiment qu'il s'accroche aux murs", glisse un ami, tout en ajoutant que M. Philippe a encore "du jus".
"Il aime encore plus l'Etat que la politique donc il respectera la décision du président", abonde un autre. "Il a dit son envie de rester. Mais il sera loyal s'il devait sortir, en vue de la réélection d'Emmanuel Macron en 2022", assure-t-il.
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La loyauté en politique ? J'ai un doute, si Philippe sent qu'il a une option de se présenter contre Macron et avec le soutient de L.R. et des sondages, je doute fort que la loyauté résiste à ce genre de chose.
Remplacer Philippe je veux bien mais par qui ? Franchement les noms qui circulent ne me convainquent pas vraiment, je crains fort que le remplaçant ne soit pas à la hauteur du remplacé.