Marie Conquy 10/06/10 à 07h04
Deux facteurs pourraient
transformer la marée noire du golfe du Mexique en un véritable fléau
mondial : les ouragans et le Gulf Stream.
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C’est bien connu, un malheur n’arrive jamais seul. La situation que
traversent actuellement les Etats-Unis ne fait pas mentir le proverbe.
Les météorologistes américains ont récemment annoncé que la saison des
ouragans - qui a débuté la semaine dernière et se termine le 30 novembre
- serait particulièrement violente. Les scientifiques estiment, en
effet, que pas moins de 18 tempêtes tropicales devraient se former
pendant cette période. Et, selon eux, cinq pourraient se transformer en
« ouragans majeurs », avec des vents soufflant à 180 km/h ou
plus, ce qui risque de fortement compliquer les opérations de nettoyage
de la marée noire sur le golfe du Mexique. Car le golfe du Mexique et
les Etats qui le bordent se trouvent exactement sur la trajectoire des
ouragans.
En outre, précisent les météorologues américains, « si un ouragan
passe à l’ouest de la marée noire, il y a des chances pour qu’il pousse
encore un peu plus de pétrole vers les côtes américaines, à cause de sa
rotation qui s’opère dans le sens contraire des aiguilles d’une montre ».
Dans ce cas, les nappes d’hydrocarbures s’enfonceraient encore plus
profondément dans les bayous.
Six scénarios prévisionnels
Mais les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. Les scientifiques
du Centre national de recherches sur l’atmosphère (NCAR, installé dans
le Colorado) ont réalisé six scénarios en s’appuyant sur des modèles
informatiques. D’après ces simulations, la marée noire pourrait dériver
en contournant la pointe de la Floride et en remontant le long des côtes
de l’Atlantique. Elle serait alors littéralement « embarquée »
par le Gulf Stream, le courant océanique qui parcourt l’Atlantique des
Bahamas jusqu’au Groenland. Vitesse : 160 kilomètres par jour. « On
nous a demandé si et quand des traces de la marée noire pourraient
atteindre les côtes européennes », indique Martin Visbeck,
chercheurs de l’Institut maritime de l’université de Kiel (Allemagne),
qui a participé aux simulations. La réponse est positive, mais le
scientifique s’empresse de préciser. « Nous pensons que le grand
brassage de l’océan ajouté à la désintégration biologique devrait rendre
la pollution quasi inexistante lorsqu’elle atteindra les côtes
européennes. » Rassurant ? Pas tant que cela