par Bill d isere Mar 27 Avr - 22:16
Oh, c'est tout simple !
Au préalable, il faut dire que j'adorai mon métier, même si c'est moins vrai aujourd'hui.
Mais j'avais comme l'impression que mon patron me roulait sur pas mal de chose et ça m'agaçait quand même pas mal... Malgré tout, j'avais pas envie de changer de job, comme je l'ai eu fais souvent précédement.
Mais j'avais envie de pouvoir le faire correctement et également d'être payé en retour de ce que je donnais !
Soudainement est apparue "la crise de fièvre aphteuse" début des années 2000. Mon chef m'appelle et me dit de ne plus aller travailler jusqu'à nouvel ordre... Aussitôt, j'appelle le siège de la boite pour demander comment on allait être payé. la secrétaire de direction (que je n'avait jamais vu ni d'Adam ni d'Eve) me répond sèchement "Vous ne travaillez pas, vous croyez quand même pas qu'on va vous payer, non ?" et me raccroche au nez !
J'ai donc cherché une permanence syndicale (j'avais été syndiqué "de base" dans une autre entreprise près de 10 ans avant) car je savais par expérience que j'y trouverai du soutien et des arguments pour me défendre. J'y suis donc allé et je suis tombé sur deux gars trés sympas qui m'ont d'abord payé un café et qui m'ont écouté.
Je me souviendrai toujours de la naïveté de ma première question: "mon patron ne me donne plus de travail et ne veut plus me payer. est ce qu'il a le droit ?" Les deux gars étaient pliés de rire, comme je le suis maintenant quand on me pose une question pareille !
Ils m'ont expliqué que non, il n'en avait pas le droit. Ensuite, ils m'ont demandé si je voulais rester dans cette boite ou si je voulais me tirer. J'ai dis que je voulais rester pardi ! Et comme j'avais contacté deux ou trois collègues, je leur ai dis qu'on voulait se battre pour sauver nos emplois. dès lors, ils m'ont montré les textes de loi, expliqué comme faire pour mener à bien notre bataille.
Le lendemain, je mettais le binz dans une réunion que ma boite organisait pour soit disant informer les médias sur la fièvre aphteuse. ça a failli finir à coup de poing avec mon taulier et son associé (à qui j'ai dis, alors que je le tenais contre le mur par la cravatte "Rassure toi, je taperai pas car quand on tape dans la m**** on est toujours éclaboussé).
En rentrant, je suis repassé à la permanence de la CGT. J'ai raconté ça à mes copains de la veille en leur disant que j'allais surement être viré... Eux, ça les a encore fait rire !!! Ils m'ont demandé ce que mes collègues en pensaient. Je leur ai dit que c'est eux qui avaient coïncés les patrons dans la salle et que tous avaient fait du grabuge.
Encore une fois, mes deux gars étaient mort de rire et disaient "ça fait du bien de voir des jeunes se prendre en main comme ça" (eux étaient déjà en retraite). Le jour même, ils me prenaient rendez vous avec l'inspection du travail pour que j'aille plaider ma cause, avant même que mon patron lance une procédure de licenciement...
L'inspectrice du travail me dit immédiatement que si je veux bien devenir délégué syndicale dans cette entreprise, elle me soutiendrait sans faille et qu'elle refuserait systématiquement mon licenciement.
En rentrant, je dis ça à José et Hubert (mes deux accueilants de la CGT). L'un file dans un bureau pendant que l'autre continu la conversation avec moi... José ressort du bureau, il me donne un papier en me disant "Tu pourrai payer le champ', camarade délégué"
Je lis "Monsieur, notre organisation à l'honneur de vous faire part de la nommination de Bill d'isère aux fonctions de délégué syndical dans votre établissement.
Putain (oups) !!! Mais c'est moi ?
Moi qui était une bille à l'école, moi à qui on a toujours dit que j'étais un bon à rien, ces deux gars me nomment comme ça, sans diplome, sans expérience, sans rien !
Je leur fais la remarque que je n'y connais rien ect... José se marre et me dit "Parce que tu crois que je savais tout moi ? Tu crois que ma mère, elle avait mit le code du travail dans mon biberon ?"
Il ajoute "Là, si on fait pas ça, demain t'es au chômage, avec une faute grave et tout patron te fera une pub longue comme le bras. T'es parti pour le RMI et la misère. Nous on pense que tu vaut le coup, on te fait confience. Si on s'est planté, on s'est planté, mais au moins on aura essayé !"
Que ces deux gars que je ne connaissais pas une semaine plus tôt m'accordent une telle confiance, je peux vous dire que ça m'a fait quelque chose !
Par la suite, ils m'ont formé, à mon rythme et j'ai suivis leurs conseils. j'ai fais le tour de mes collègues pour discuter avec eux, savoir comment ils voyaient le boulot, qu'est ce qu'ils attendaient de la boite pour que ça aille mieux. j'ai mis ça sur papier, essayé de bien argumenté pour aller en discuter avec le patron. J'ai potassé les textes de loi, les jurisprudences, la convention collective pour déjà aller dire au singe de nous donner ce à quoi on avait droit.
Rapidement des choses ont changées dans la boite et du coup les collègues ont vu qu'ils pouvaient avoir confience en moi et j'ai pu monter un syndicat avec eux dans la boite. Grace à ça, j'ai pu intégrer la commission paritaire nationale qui négocie la convention collective. En quelques mois, j'étais passé de grouillot smicard dont le patron ne connaissait même pas le nom à négociateur national de la convention collective !
Là dessus, les élections Prud'homales de 2002 arrivaient. J'ai été désigné par les dirigeants de l'antenne syndicale locale (celle où j'étais aller poser ma question idiote au début) pour être candidat pour la section agriculture. j'ai dis oui, mais à condition de ne pas être en position éligible... 3ème sur la liste le jour du dépot officiel des candidatures, j'avais aucune chance de passer et ça m'allait bien. Sincèrement, j'avais d'immenses difficultés avec l'orthogrphe et la lecture...
Mais la tête de liste avait eu un problème avec la justice (suite à un divorce) et ignorait qu'il était déchu de ses droits civique temporairement... le 2ème passait donc 1et et moi 2ème. Sauf que le 2ème, apprenant qu'il se retrouvait éligible a démissionné... du coup, je me retrouve tête de liste et forcément élu.
Entre temps, j'avais débuté à me formé dans le domaine juridique et j'y avais prit goût, alors j'ai dis "banco, on m'a fait confience et ben je vais me défoncer la rate pour être à la hauteur". j'ai enchainé les formations les unes derrière les autres et finalement j'ai été à peu près à la hauteur...
Comme je suis curieux de tout (ou presque) et que j'aime apprendre, je n'ai pas cessé de me former et d'essayer de toucher à tout... Finalement, je me suis épanouï là dedans comme jamais dans rien d'autre. Je touve ça formidable de pouvoir aider les gens, tout en apprenant des choses et je trouve extrèmement enrichissant le fait d'essayer de comprendre le problème d'un autre pour ensuite essayer de lui apporter une réponse qui le satisfasse lui (le même problème peut être résolu differement suivant ce que désire la personne). Un peu comme José et Hubert l'ont fait pour mon cas. Ils auraient agit differement si je leur avais dit que je ne souhaitai pas rester dans ma boite !
Alors de fil en aiguille, j'ai pris, peu à peu, d'autres responsabilités à la CGT et je continu mon bonhomme de chemin là dedans et chaque jour (ou presque) je rentre le soir en me disant que j'ai fais des choses interessantes et utiles tant pour moi que pour d'autres ou même pour la collectivité. en plus ce que je fais correspond à ma façon de voir la vie. C'est formidable, non ?