Il y avait bien longtemps que je n'avais pas franchi les Alpes par la route... Mon voyage m'a emmené à Novara puis le lendemain à Novi Ligure. Je connaissais déjà ce coin, surtout Novi Ligure. Mais il y a presque 20 ans que je n'avais pas fais cette route !
Je n'étais que passager, mais la route c'est la route.
Première deception, le grand ruban est maintenant tout le long et de l'autoroute devenue obligatoire pour les poids lourds, j'ai vu tous les lieux qu'autrefois les routiers fréquentaient être aujourd'hui à l'abandon...
Nous nous sommes arrêtés à la station après le Fréjus. Les serveuses ne parlent plus français et nous servent les routiers comme des "étrangers". A l'époque on était là comme en famille. Tout le monde parlait un mélange de Franco-italien et tout était rigolade et bonne humeur !
Sur Navora, il y a de de plus en plus d'entrepots de grande firmes internationales et les petites entreprises ont toutes fermées... Les petites fermes au milieu des rizières sont à l'abandon et les parcelles ont grandie, grandie, grandie... Là bas aussi l'agriculture familliale a abdiquée face à l'agriculture industrielle...
Sur Novi Ligure où à l'époque j'allais dans des industries locales et où il y avait pas mal de "ristorantes" de village, ce n'est plus que ruines et friches industrielles... Maintenant, sur des kilomètres et des kilomètres, c'est une zone commerciales où on retrouve des Carrefours, Décathlon, Leroy Merlin, et des Mc do, Burger King etc... Là dedans aussi plus personne ne vous accueille comme le Français ayant franchi les montagnes pour venir voir la Dolce Vita. Que des vendeuses qui font la gueule, comme celle de n'importe quelle banlieue de merde de n'importe quelle ville pourrie dans n'importe quel pays...
J'ai passé deux jours en Italie, comme je le faisais il y a 20 ans... Sauf que cette fois, il n'y a pas eu les grande partie de rigolade dont me régalaient les Italiens... Pas eu de drague sympa avec les serveuses, pas de blague avec les "signori". pas de verres de "Crema Mandorla" servit sans qu'on le demande et qu'on fini par payer après deux heures de fausses engueulades...
Pas de fille qui demande: "Francèse ? Emmenes moi" et qui rigole si on dit "Si séniora". Pas même de marchand ambulant de clopes !
En remontant, on a fait le détour par Susa... La ville est maintenant interdite aux poids lourds !
Quelle tristesse ! Que des superettes crasseuses qui vendent plein tarif les alcools et le tabac pour couillonner 3 ou 4 campings caristes qui ont osés sortir de "l'autostrada". Ici non plus, plus personne ne fait l'effort d'avoir un mot gentil pour le pigeon de passage... La ville est à moitié en ruine aussi. la caserne sur la place est vide et les volets battent au vent...
Sur les autoroutes, je n'ai vu que des routiers dans des camions tout aussi blanc et anonymes que ceux qui roulent en France, avec le même air résigné que les conducteurs d'ici. A aucun moment, je n'ai vu ces rassemblement de vieux Fiat, OM autour des quels les chauffeurs cuisaient "la Pasta" avant une bonne sièste...
Pas vu non plus les "pétarelles" Piaggio" qui roulent comme des avions en ville...
Bref !
Je rentre déçu, je n'ai pas retrouvé l'Italie que j'aimais tant ! Je me suis retrouvé dans un pays qui ressemble à tous les pays du monde d'aujourd'hui, sans vie ! Des commerces froids et anonymes, les mêmes que partout dans le monde, des gens tristes et sans âme, sans culture. Des villes sâles et mortes entourées de centres commerciaux moches...
Peut être que si j'avais continué la route, je n'aurai pas vu le changement. En allant toutes les semaines au même endroit, on ne sent pas l'évolution, car elle se fait peu à peu mais là, il y a presque 20 ans d'écart et c'est le choc !
Je me suis cru dans ma banlieue Lyonnaise !
900 Kilomètres en 2 jours et le même décor d'un bout à l'autre... Triste monde, pauvre monde !