Samedi matin dernier, Yaro S., 41 ans, Mauritanien sans papiers, se rend à sa banque pour retirer de l’argent. Il ne se doute pas qu’il risque ainsi d’être arrêté par la police et menacé d’expulsion. Car l’homme dispose depuis cinq ans d’un compte dans cette agence de la Société générale de Boulogne (Hauts-de-Seine).
Chaque mois, son salaire d’aide-cuisinier dans un restaurant, d’environ 1 100 € y est directement versé. En ce début octobre, Yaro, a besoin d’espèces pour payer son loyer. « Au guichet, l’agent m’a demandé une pièce d’identité, raconte-t-il. J’ai donné ma carte de séjour, il m’a dit d’attendre. En fait, il appelé la police. J’ai voulu sortir mais il a bloqué les portes. »
Une tendance à la délation
Yaro, qui confesse que son titre est un faux, ne « comprend pas » ce qui lui est arrivé. Placé en rétention au Mesnil-Amelot, il doit être présenté aujourd’hui aux autorités consulaires de son pays, en vue d’une expulsion. En France, depuis 2002, débouté de sa demande d’asile après trois ans, il venait de déposer un dossier de régularisation par le travail. « J’avais rendez-vous en préfecture le 15 octobre », se désespère-t-il.
« Ce cas est symptomatique d’une tendance croissante à la délation, de la part d’employés du privé comme du public », constate la Cimade, indignée « d’un zèle qui dépasse le cadre des obligations professionnelles. » Cet été, trois affaires analogues se sont succédé : pour un téléphone dans une boutique Bouygues à Evry ; un retrait de carte bleue dans une agence du Crédit lyonnais d’Aulnay-sous-Bois ; l’ouverture d’un compte dans une agence du CIC à Montrouge. Interrogée, la Société générale avance que « l’agent d’accueil a respecté l’obligation de contrôle de l’identité d’un titulaire de compte ».
Pourquoi l’appel à la police ? Y a-t-il des consignes ? Pas de réponse. Sociologue au CNRS, Fabien Jobard (« Citoyens et délateurs », Editions Autrement, 2005) suggère : « Les organisations privées poussent à l’individualisation des responsabilités. Cet employé a peut-être juste voulu se couvrir… Sans réfléchir aux conséquences. »
Chaque mois, son salaire d’aide-cuisinier dans un restaurant, d’environ 1 100 € y est directement versé. En ce début octobre, Yaro, a besoin d’espèces pour payer son loyer. « Au guichet, l’agent m’a demandé une pièce d’identité, raconte-t-il. J’ai donné ma carte de séjour, il m’a dit d’attendre. En fait, il appelé la police. J’ai voulu sortir mais il a bloqué les portes. »
Une tendance à la délation
Yaro, qui confesse que son titre est un faux, ne « comprend pas » ce qui lui est arrivé. Placé en rétention au Mesnil-Amelot, il doit être présenté aujourd’hui aux autorités consulaires de son pays, en vue d’une expulsion. En France, depuis 2002, débouté de sa demande d’asile après trois ans, il venait de déposer un dossier de régularisation par le travail. « J’avais rendez-vous en préfecture le 15 octobre », se désespère-t-il.
« Ce cas est symptomatique d’une tendance croissante à la délation, de la part d’employés du privé comme du public », constate la Cimade, indignée « d’un zèle qui dépasse le cadre des obligations professionnelles. » Cet été, trois affaires analogues se sont succédé : pour un téléphone dans une boutique Bouygues à Evry ; un retrait de carte bleue dans une agence du Crédit lyonnais d’Aulnay-sous-Bois ; l’ouverture d’un compte dans une agence du CIC à Montrouge. Interrogée, la Société générale avance que « l’agent d’accueil a respecté l’obligation de contrôle de l’identité d’un titulaire de compte ».
Pourquoi l’appel à la police ? Y a-t-il des consignes ? Pas de réponse. Sociologue au CNRS, Fabien Jobard (« Citoyens et délateurs », Editions Autrement, 2005) suggère : « Les organisations privées poussent à l’individualisation des responsabilités. Cet employé a peut-être juste voulu se couvrir… Sans réfléchir aux conséquences. »