Deutsche Bahn : la privatisation prend tournure

Le figaro a écrit:Les deux grands partis au pouvoir outre-Rhin sont proches d'un accord sur l'introduction en Bourse des chemins de fer.
Berlin

Le projet est sur la bonne voie : la privatisation de la Deutsche Bahn se concrétise. Partenaire de la CDU-CSU au sein de la grande coalition, la direction du SPD était jusqu'à présent divisée sur la question. Elle a fini par trouver un compromis. La proposition des sociaux-démocrates a déjà eu un écho positif dans les rangs de la CDU. Le SPD se dit d'accord pour introduire en Bourse 24,9% de l'activité de transports, contre 49,9% initialement. En revanche, le réseau ferroviaire soit 34 000 kilomètres de rails resterait dans le giron de l'État fédéral comme c'est le cas en France. C'est un grand pas. La prochaine étape sera, le 28 avril, l'approbation du projet par la coalition.

Discutée depuis des mois au sein du gouvernement, cette privatisation partielle devrait mettre tout le monde d'accord. «C'est un compromis qui permettra à la Deutsche Bahn de lever des fonds, mais qui ne donnera pas de minorité de blocage aux actionnaires», s'est félicitée la vice-présidente du parti, Andrea Nahles. Côté CDU, l'accord de principe trouvé par le SPD n'est pas vu d'un mauvais œil. Pour l'expert en transports Hans-Peter Friedrich, il s'agit d'un pas vers la privatisation partielle à partir duquel « on peut discuter». Les conservateurs ont toutefois l'intention de poursuivre la privatisation au-delà des 24,9%, notamment après les élections fédérales de 2009.

Impatience
La privatisation devrait rapporter 3 milliards d'euros. Il devrait y avoir à cette occasion une augmentation de capital pour financer l'expansion de la Deutsche Bahn hors d'Allemagne. Le patron du groupe, Hartmut Mehdorn, ne cache pas son soutien au projet, son impatience même. «Nous avons besoin d'une décision positive concernant la privatisation partielle dans les prochaines semaines, a-t-il déclaré lors de la présentation des résultats, fin mars. Le marché des transports européen est en pleine mutation. La DB doit pouvoir utiliser ses chances maintenant. Pour cela, elle a besoin d'un supplément de capital.»

Classé numéro un mondial des transports ferroviaires par le magazine Fortune en 2007, l'entreprise allemande a dégagé l'an dernier 1,7 milliard d'euros de bénéfice pour un chiffre d'affaires de 31 milliards d'euros. Dès 1994, la Deutsche Bahn a perdu son monopole sur le transport de voyageurs et elle affronte des concurrents régionaux. Pour compenser, le groupe s'est tourné vers le fret et la logistique avec sa filiale Schenker. Entreprise de transport routier à l'origine, elle a développé le fret ferroviaire, maritime et aérien et réalise 18 milliards d'euros de chiffre d'affaires. C'est d'ailleurs ce modèle de croissance dans le transport de marchandises que Guillaume Pepy, le président de la SNCF, imite aujourd'hui.