Après l'avoir été au ministère de l'Ecologie, Rémi Guillet est aujourd'hui spécialiste des déchets au conseil général des Mines du ministère de l'Industrie. Selon lui, il faut repenser notre façon de produire et d'acheter pour que le cycle de vie des biens soit plus long.
Limiter à la source ce qui peut finir en déchets n'a pas l'air d'aller de soi. Quelles sont les réticences ?
Parler de prévention des déchets, c'est toucher à la viande : à l'emploi. Après l'élimination pure et simple, l'élimination écologique puis le recyclage, le non-déchet est la phase la plus délicate car elle touche directement au productivisme, à la frénésie de consommation héritée de vingt ans de publicité. Boire de l'eau du robinet plutôt qu'en bouteille peut faire réaliser une économie de 450 euros par famille et par an. Mais on tape dans l'activité des grands minéraliers et des fabricants de bouteilles plastique. Et si ça marche, il y aura des emplois supprimés.
Pour les sacs plastique, si on reste, comme actuellement à 10 ou 15 % de sacs de caisse en grande distribution, ce sera gentillet, absorbé par l'industrie du sac plastique. En revanche, si on passe à 50 %, on va supprimer de l'activité. Dans l'industrie, si des emplois de fabrication, de transport et de distribution vont sans doute disparaître, d'autres sont à recréer dans l'entretien et la réparation, qui sont sensiblement plus nobles, notamment par leur dimension sociale, que ceux de ripeurs ou trieurs de déchets créés par le recyclage.
Pourtant, vous soutenez qu'il y a
des paradoxes aux démarches vertueuses...
La collecte sélective est parfois un alibi au gaspillage : pendant longtemps, on a négligé la masse des pubs et journaux gratuits puisqu'on avait une collecte sélective de ces déchets. Autre exemple, l'industrie automobile. Précurseur de l'écoconception, elle génère aussi des contradictions : un bas de caisse intégrant de la matière recyclée est plus lourd de quelques kilos. Ce qui augmente la consommation de carburant et donc l'émission de CO2. L'écobilan (l'analyse de cycle de vie) montre, dans ce cas, qu'il faut d'abord considérer la consommation d'essence plutôt que la production de déchets et ne pas utiliser de matière recyclée. Enfin, l'écoconception ne rend pas un produit utile pour autant. On peut tenter d'optimiser un sac de caisse jetable, réduire les encres, modifier la composition du plastique, ça restera quand même un produit inutile.
Qu'est-ce qu'un produit durable ?
Il est moins jetable, plus robuste, mais sera souvent plus cher. Pourtant, il faut relativiser : les vélos bon marché jetés avec les encombrants ou en déchetteries parce qu'ils ont une pièce faussée ou cassée sont-ils vraiment moins chers s'ils produisent plus de déchets ? Généraliser la prévention des déchets suppose de transformer radicalement les habitudes de consommation, de production et de distribution, par exemple avec des produits en vrac, et des emballages réutilisables, consignés, et des reprises systématiques par le distributeur. Un réseau associatif comme Envie (qui remet en état frigos et gazinières, ndlr), c'est aussi du développement durable, même si l'effet social rend marginal l'impact sur les déchets.
L'article est un peu long mais il m'a sembler intérèssant.
Il semblerais que se ne soit pas si simple de tout recycler, difficile équilibre entre l'avenir de la planète et l'emploi de plusieurs centaines de personne.
Le fait de mettre des pieces issus du recyclage mais plus lourdes donc engendrant une consomation plus grande sur des voitures et une chose a laquelle je n'avais pas pensé