Nés pour être bus
Un Américain - riche, naturellement - s'est acheté récemment une bouteille d'Ornellaia, un grand vin de Toscane, pour la somme fort peu modique de 33 600 dollars, soit un peu plus de 40 000 de nos francs ou encore 24 550 €.
Heureusement, ladite bouteille était un salmanazar qui, comme tout le monde le sait, contient neuf litres. Avec les frais de déplacement du citoyen de Seattle, le divin breuvage ne sera donc pas si cher: 500 francs (305 €) le ballon, à tout casser .
Quel que soit le prix, une question me tarabuste. Ce vin sera-t-il bu? Je l'espère de tout coeur. Déjà que j'ai de la peine à comprendre les collectionneurs en général, alors vous imaginez ce que je peux penser de ceux qui entassent dans leurs caves des crus qui, d'une part, ont été créés pour être bus et, d'autre part, constituent une denrée périssable.
Il ne viendrait à personne l'idée de collectionner des anchois de Collioure, du saumon sauvage d'Alaska ou du jambon patta negra? Alors pourquoi stocker égoïstement des vins qui ne demandent qu'à remplir leur mission première: réjouir les papilles des convives lors d'un repas entre amis?
Et il y a pire que le collectionneur de vins: le spéculateur! Acheter des vins réputés avec pour unique dessein de les revendre plus cher est d'un extrême mauvais goût à côté duquel le bouchon n'est que roupie de sansonnet!
PAUL VETTER 9 novembre 2007
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