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En logique formelle, en vertu du principe de non contradiction et du tiers exclus, cela montre simplement que la réalité ne pouvant être montrée, car s'opposant à la doxa, elle ne peut qu'être inversée dans sa représentation.
Et c'est comme ça qu'on se retrouve avec une famille modèle "forcément métissée", jeune, avec deux enfants (la norme chez les français propriétaires susceptibles de craindre pour leurs biens durement acquis par un honnête labeur) mais cool et sympathique (aucun signe extérieur qui pourrait ternir l'image d'Épinal), et surtout pas des retraités classiques. C'est la femme qui est blanche (standard de la représentation), et même rousse. Et les deux enfants ont les cheveux plus clairs que leur père. Signe de métissage équilibré, rare dans la vraie vie. Et dans le rôle du "jeune" monte en l'air, un vieillard bien gwer, ridiculisé par la gentille et jeune famille métissée.
Évidemment le vieux qui tient le rôle du "jeune" - et qui entre nous a l'air parfaitement stupide - est filmé en contrebas, pour signifier par l'image, sa vulnérabilité et son infériorisation, permise par le dispositif d'alarme. Et la gentille petite famille le surplombe de l'étage, pour montrer qu'elle le domine, tout en faisant de la main, le signe de le chasser.
Mais ce serait un tort de voir tout ça comme de la propagande. Il s'agit juste de la conséquence des choix de société que collectivement nous avons acceptés. À partir du moment où nous avons choisi d'excuser les délinquants, il devenait nécessaire de charger les victimes. Si ce n'est pas l'un c'est l'autre. Si ce n'est pas l'idéologie du violeur qui justifie le viol, alors c'est forcément que la fille avait les bras nus et n'avait pas mis sa subway shirt… La logique du mensonge, la pure logique du mensonge.
Car si les délinquants n'avaient pas souvent le même profil, qui les rend identifiables, et les fait craindre, on pourrait alterner les rôles. Et il n'y aurait pas de problèmes à diversifier la représentation des délinquants. Ce serait juste un reflet de la vraie vie. Malheureusement, inverser les rôles dans les pubs serait "stigmatiser". Mais pour être stigmatisé, il faut être stigmatisable. Par exemple, est-ce que le papy voleur de la pub est stigmatisable ? Est-ce ce genre de personne dont vous redoutez la visite, quand vous êtes en vacances? Qui vous pousse à faire poser une alarme?
Sur ce modèle, j'attends avec gourmandise la vidéo contre le harcèlement de rue, montrant une jeune femme en jupette, mettant la main au paquet d'un "jeune" en train de tenir les murs avec ses potes, et lui demandant son 07 avec insistance. Surtout la scène où on la voit s'éloigner sans encombre, laissant derrière elles le petit groupe aussi surpris que traumatisé, courant rapporter leur mésaventure aux commissariat le plus proche
Bref. Les causes ont des conséquences. Les choix de société aussi. Elle ne font que traduire nos illusions, nos utopies et nos dénis. Jusques à quand…
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En logique formelle, en vertu du principe de non contradiction et du tiers exclus, cela montre simplement que la réalité ne pouvant être montrée, car s'opposant à la doxa, elle ne peut qu'être inversée dans sa représentation.
Et c'est comme ça qu'on se retrouve avec une famille modèle "forcément métissée", jeune, avec deux enfants (la norme chez les français propriétaires susceptibles de craindre pour leurs biens durement acquis par un honnête labeur) mais cool et sympathique (aucun signe extérieur qui pourrait ternir l'image d'Épinal), et surtout pas des retraités classiques. C'est la femme qui est blanche (standard de la représentation), et même rousse. Et les deux enfants ont les cheveux plus clairs que leur père. Signe de métissage équilibré, rare dans la vraie vie. Et dans le rôle du "jeune" monte en l'air, un vieillard bien gwer, ridiculisé par la gentille et jeune famille métissée.
Évidemment le vieux qui tient le rôle du "jeune" - et qui entre nous a l'air parfaitement stupide - est filmé en contrebas, pour signifier par l'image, sa vulnérabilité et son infériorisation, permise par le dispositif d'alarme. Et la gentille petite famille le surplombe de l'étage, pour montrer qu'elle le domine, tout en faisant de la main, le signe de le chasser.
Mais ce serait un tort de voir tout ça comme de la propagande. Il s'agit juste de la conséquence des choix de société que collectivement nous avons acceptés. À partir du moment où nous avons choisi d'excuser les délinquants, il devenait nécessaire de charger les victimes. Si ce n'est pas l'un c'est l'autre. Si ce n'est pas l'idéologie du violeur qui justifie le viol, alors c'est forcément que la fille avait les bras nus et n'avait pas mis sa subway shirt… La logique du mensonge, la pure logique du mensonge.
Car si les délinquants n'avaient pas souvent le même profil, qui les rend identifiables, et les fait craindre, on pourrait alterner les rôles. Et il n'y aurait pas de problèmes à diversifier la représentation des délinquants. Ce serait juste un reflet de la vraie vie. Malheureusement, inverser les rôles dans les pubs serait "stigmatiser". Mais pour être stigmatisé, il faut être stigmatisable. Par exemple, est-ce que le papy voleur de la pub est stigmatisable ? Est-ce ce genre de personne dont vous redoutez la visite, quand vous êtes en vacances? Qui vous pousse à faire poser une alarme?
Sur ce modèle, j'attends avec gourmandise la vidéo contre le harcèlement de rue, montrant une jeune femme en jupette, mettant la main au paquet d'un "jeune" en train de tenir les murs avec ses potes, et lui demandant son 07 avec insistance. Surtout la scène où on la voit s'éloigner sans encombre, laissant derrière elles le petit groupe aussi surpris que traumatisé, courant rapporter leur mésaventure aux commissariat le plus proche
Bref. Les causes ont des conséquences. Les choix de société aussi. Elle ne font que traduire nos illusions, nos utopies et nos dénis. Jusques à quand…
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