Rien ne va plus et tout va mal : telles semblent être la conviction et la ligne de communication de nos gouvernants. La certitude du malheur et des catastrophes est devenue pour eux, du moins en sont-ils persuadés, la seule voie de renforcement de leur légitimité. En gros : il y a de quoi être terrorisé, mais nous sommes là.
Le catalogue des raisons de s'inquiéter est infini et justifié : 9e vague de Covid, coupures de courant, guerre à nos portes, et bien sûr la fin du monde par le réchauffement climatique. Si on les écoutait, nous n'aurions plus qu'à attendre ce baisser de rideau inéluctable terrés dans nos bunkers individualistes. Pourtant, le genre humain et plus particulièrement les Français en ont vu d'autres, et d'aussi sérieuses.
Un homme des Lumières et de nos après-guerres ne reculerait pas devant ces immenses défis. Mais cette fois, au contraire, nos dirigeants vous le disent : le pire est sûr. Ils ne revendiquent même plus de pouvoir l'éviter, mais de nous accompagner dans le néant, parfois avec des chèques. Le noir est à la mode, en col roulé ou en tailleur. Le sourire est proscrit et même la tête d'enterrement, recommandée. Le gouvernement a joué les croque-mitaines lors de la crise sanitaire, il est tout aussi à l'aise dans le rôle de croque-mort.
L'enthousiasme est devenu un défaut (on se croirait sur le défouloir )
On s'extasiait autrefois sur le sourire de nos dirigeants (rappelez-vous Lecanuet, « monsieur dents blanches » ou les débats sur les canines de Mitterrand) ; on attendait les conférences de presse, les grands jurys et les « cartes sur table » avec impatience. Au milieu des questions traitées avec expertise, on se répétait ensuite les bons mots, les pirouettes et les vieilles expressions exhumées par les débatteurs. L'humour était féroce ou gratuit, en tout cas la marque des politiques de haut vol. Cette époque est révolue. L'enthousiasme est devenu un défaut. Et malheur à qui est heureux quelque part, c'est si louche qu'il faut vite penser une réformette pour le faire rentrer dans la grisaille et les angoisses ordinaires.
Que le « nouveau monde » et son chef de file aient renoncé à faire sourire les Français ne serait pas très important s'il n'avait promu la tristesse et les grincements de dents au rang de méthode de gouvernement. Qu'on ne se passionne vraiment que pour les interdictions les plus diverses, l'IVG et la fin de vie en sont les symptômes.
si macron passait par ici,il verrait qu'il a réussi son pari