par Jean-pierre Jeu 10 Mar - 23:43À l'heure où le prix du litre d'essence s'envole, le propriétaire d'un engin à moteur reprend le cri d'un patient sortant d'un hôpital psychiatrique : « J'ai été siphonné ! » L'un va mieux, l'autre se désespère. Son plein de carburant qu'il avait réglé grâce à un emprunt sur six mois a été pompé dans la nuit par un olibrius en quête de liquidités saoudiennes. C'est décidé : toute la famille dormira sous le réservoir.
Un article du Figaro relate l'ampleur du phénomène. Les siphonneurs se jettent sur tout ce qui vrombit et recèle le précieux nectar. Citernes, voitures, tracteurs, camions, engins de chantier et tuyauteries diverses font l'objet de ponctions ou de braquages sur les aires d'autoroute.
Dans le seul département de l'Ain, une centaine de vols de carburant relevée depuis le début de l'année. La prédiction de plusieurs économistes d'un litre d'essence à 3 euros dans les mois qui viennent laisse présager des ventes record d'outils nécessaires au transvasement. Avec une paille, 10 km parcourus. Une flûte à bec : 20 km. À défaut de manifestation, le gilet jaune pourrait faire preuve d'inventivité en faisant passer la richesse pétrolière dans uns dans le réservoir des autres.
Pour parer à ces hold-up par essence dommageables au citoyen, la maréchaussée se transporte au chevet des particuliers et des entreprises pour leur fournir moult conseils. Au Figaro, l'adjudant-chef René détaille l'arsenal de protections mis à la disposition des victimes potentielles : « Au cas par cas, nous pouvons conseiller de poser un portail, renforcer les clôtures, installer des systèmes d’éclairage et de détection, sécuriser les citernes en les grillageant ou en investissant dans des systèmes de coupures électriques de pompes. » Mines anti-personnel dans les garages, pièges à loup... À 3 euros le litre, le Français sort la grosse artillerie.
Mais assez de vaines recommandations. La solution radicale est proposée dans un tweet par un certain Jean-Baptiste Catier, responsable de Paris en selle (Fédération française des usagers de la bicyclette) : « Rappelons qu'on n'a jamais obligé personne à habiter en grande banlieue ou à la campagne. » Les lumières d'un grand penseur manquaient au débat. Le fond du problème est ici posé sans faux-semblants. Il y a, aux alentours des stations-service, des pervers qui ont choisi leur martyre. Des masochistes de la pompe à essence qui font exprès d'aller habiter au diable vauvert, loin des quartiers huppés des grande métropoles. Honte à eux et à leurs semblables...
À l'image de Sandrine Rousseau, adepte de la déclaration qu'elle invalide deux jours plus tard, le cycliste possédé s'en fut rapidement effacer son message et se confondre en excuses. Siphonné la veille, guéri le lendemain. L'espoir renaît chez les automobilistes
bvoltaire.fr
Je comprends le ton humoristique de l’article, mais je vous assure que les transporteurs et les conducteurs eux, n’ont pas envie de rire en ce moment.
Dans certains cas, ce sont des pleins de 700 à 1 000 sur les camions, de quoi aiguiser bien des convoitises et bien des agressions.
