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    Simone Signoret, femme de combats

    Jean-pierre
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    Se défoule à fond


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    Simone Signoret, femme de combats Empty Simone Signoret, femme de combats

    Message par Jean-pierre Jeu 1 Avr - 18:27

    Elle aurait eu 100 ans le 25 mars et restera l'inoubliable interprète de Casque d'or, de Madame Rosa et de tant d'autres... Première Française à avoir remporté l'Oscar de la meilleure actrice, sa fragilité autant que sa capacité de résistance ont marqué les coeurs et les esprits. Militante, elle s'est engagée tant en politique que dans son couple, avec intégrité et sans s'épargner.

    Le 11 octobre 1985, Paris Match consacre sa couverture et trente pages à la disparition, à 64 ans, d’une actrice solaire qui a tout joué, d’une pasionaria infatigable qui a mené tous les combats, d’une femme à la voix unique, entendue, écoutée. Casque d’or pour l’éternité, Simone Signoret aurait 100 ans aujourd’hui mais quand elle débarque sur les écrans en 1946, dans « Macadam », elle n’en a que 25. Sa beauté gouailleuse et provocante affole la pellicule, dévoile déjà une différence. « Tout chez elle respire l’intelligence : son regard, sa façon de se tenir, de parler, écrit Benjamin Castaldi, son petit-fils, dans le livre “Je vous ai tant aimés”. Elle n’est pas seulement un corps, elle a un corps qui pense et cela se voit, se ressent. Parce que c’est une intelligence profondément humaine. »

    Au sortir de la guerre, Simone Kaminker, dite Signoret, est déjà une intellectuelle de gauche qui s’engage dans des rôles populaires qu’elle n’a de cesse d’ennoblir. Simone a eu Lucie Aubrac comme prof d’histoire l’année du bac. Elle fréquente Sartre et Prévert, épouse le réalisateur Yves Allégret dont elle a eu une petite fille, Catherine. Quand, en 1949, elle rencontre Montand, chanteur reconnu, fils d’une famille de communistes, sa vie bascule. Ce coup de foudre va les lier durant trente-trois ans. Pour le meilleur et pour le pire. Le couple devient mythique et ultra médiatique. Proches du PCF, ils sont de toutes les manifestations, leurs déclarations d’artistes à succès portent. Ils en profitent. Aux côtés de Montand, Simone fustige les guerres d’Algérie, du Vietnam, de Corée, défend les Rosenberg, Pierre Goldman, les opprimés des dictatures sud-américaines, Lech Walesa plus tard. En pleine guerre froide le couple cautionne, à travers une longue tournée, le régime communiste. Vénérés, détestés, menacés, ils déchanteront d’eux-mêmes. Mais la Signoret, que l’on compare vite à Gabin pour sa présence et son autorité, n’abandonne jamais le combat : « Il y a chaque jour des raisons de se battre pour les plus faibles. Si vous ne le faites pas, comment bien dormir la nuit ? » Elle a son sacré caractère et une intransigeance qui claque parfois comme un fouet : « Je peux être méchante avec ceux que je méprise, donner l’impression d’être une emmerdeuse épouvantable et je le suis sûrement mais je peux me tromper. » Elle qui disait avoir été « fiancée » avec le Parti communiste assume finalement que les désillusions, comme les chagrins d’amour, sont difficiles à digérer. Elle se relève de certaines déceptions politiques mais tout finit par abîmer. Surtout les trahisons intimes.

    L'humiliation que Simone subit fait le tour du monde. Montand lui vole la lumière. Elle chancelle mais ne le quitte pas.
    En 1960, Simone Signoret est la première actrice française à recevoir un Oscar pour « Les chemins de la haute ville » qui lui a déjà valu un prix à Cannes. Alors qu’elle repart, en pleine gloire, pour tourner à Rome, Montand achève « Le milliardaire » avec Marilyn Monroe et entame une liaison avec elle. L’humiliation que subit Simone fait le tour du monde, Montand lui vole la lumière. Elle chancelle mais ne le quitte pas, il revient. Pour préserver son couple, elle tente de faire bonne figure, de l’excuser, mais le coup de canif au contrat est empoisonné et le poison de la confiance trompée se distille sans guérison possible. L’amour ne sera plus ce qu’il était et la beauté d’avant va subir inexorablement l’assassinat du temps.

    L’actrice a fini par choisir l’alcool et la nicotine pour pallier l’amertume et la déprime. Sa voix cassée, son apparence physique, son humanité racontent mille vies mais surtout la sienne qui se flétrit dans une forme d’autodestruction. Pourtant, « Le chat », « La veuve Couderc », « La vie devant soi », autant de petits chefs-d’œuvre de la deuxième partie de sa vie, doivent beaucoup à la grandeur de son engagement total

    qui puise toujours dans son vécu. Après un César obtenu en 1978 pour son rôle de Madame Rosa dans « La vie devant soi », sa carrière peuplée d’une soixantaine de films s’étiole. Elle joue jusqu’au bout, affrontant le cancer et la cécité, gardant la tête et le verbe hauts. Dans « La nostalgie n’est plus ce qu’elle était », sa première autobiographie publiée en 1975, Simone Signoret écrivait à propos de la beauté qui s’envole et de la chirurgie esthétique censée atténuer cette fuite : « Je n’y suis pas allée parce que je n’ai jamais été une star [...]. Je n’ai donc jamais eu le souci de perpétuer une image qui est souvent l’équivalent de la belle chanson qui fixe à jamais une période de la jeunesse. C’est très difficile d’être une star. C’est très facile de continuer de fonctionner au rythme de ses contemporains, de mûrir puis de vieillir avec eux. » Elle ne s’est donc jamais accordé le droit de tricher. Et c’est sûrement pour cette conviction d’une sincérité absolue, cette incarnation sans fard de tous les âges et des blessures jamais cicatrisées, que le public l’a tant aimée.

    parismatch.com

    On ne peut pas dire que j'apprécie les idées qu'elles défendaient avec Montant, mais au moins, c'était des gens de conviction et vraiment des stars par des artistes de pacotilles comme on en voit tous les jours.

    Elle aurait eu 100 ans, mais je me demande quel regard elle aurait porté sur le monde de maintenant, sur Macron, sur la Covid19, sur la cérémonie des Césars aussi.

      La date/heure actuelle est Mer 8 Mai - 9:43