Le cri du cœur d’Adamo

«Pensons les uns aux autres et soyons reconnaissants auprès du personnel médical en première ligne dans cette guerre»

Salvatore Adamo s’est exprimé sur la crise du Coronavirus dans un message poignant publié sur Facebook.

Le chanteur Belge Savatore Adamo a tenu à s’exprimer sur la crise du coronavirus qu’il qualifie de « guerre ». Un poignant message qu’il a publié sur Facebook.

« J’ai beaucoup hésité avant de m’exprimer au sujet de la parenthèse difficile que nous vivons toutes et tous, en espérant qu’elle se referme au plus tôt, sans trop de dégâts physiques ou moraux pour chacune et chacun de nous.

Ma prise de parole pourrait être jugée prétentieuse. Au nom de quelle légitimité, quelle compétence le fais-je ? Et d’abord : quel ton utiliser ? Angoissé ? Alarmiste ? Emphatique ? Donneur de leçons ? Humoristique qui friserait le caustique, genre : « Joyeuses Pâques et bon confinement » ?

Je touche du bois en vous écrivant que je vais bien… Je suis comme tout un chacun et chacune, confiné chez moi, avec patience, prudence, crainte, méfiance, et malgré tout confiance… et espoir. J’essaie comme tout le monde ne pas tirer une des nombreuses boules noires de cette cruelle loterie. Et pour cela, j’évite d’être obligé de devoir en choisir une à l’aveugle.

Prenez donc ces quelques lignes comme une conversation entre amis, comme vous le faites certainement toutes et tous entre vous depuis la prise de conscience de la gravité de la situation.

Mon message sera donc affectueux… et paradoxal, puisqu’il constate que le salut de tous(tes) passe justement et cruellement par la méfiance envers nos propres amis, que nous devons éviter, par des « gestes barrières », ne sachant pas qui ils ont rencontré, de même qu’eux ignorent avec qui nous avons été en contact. C’est la négation même de l’amitié : le refus de la proximité. Et pourtant, c’est la plus belle preuve d’amour et d’affection que nous puissions nous offrir l’un à l’autre ; et nous devons nous y tenir fermement. C’est vital.

C’est tellement angoissant de penser que nous pourrions être celui ou celle qui contaminera la ou les personnes qui nous sont les plus chères, et qu’inversement, elles pourraient nous infecter. Mais c’est comme ça ! C’est le prix à payer pour le retour à la « normale ».

Ceci dit, je souhaite à chacun et chacune de trouver le moyen d’évasion qui lui conviendra le mieux, dans les limites permises par le confinement. Mettez-vous à la fenêtre et regardez le ciel, avec toutes ses nuances changeantes. Mes compatriotes italiens m’ont bouleversé par leur chant et leur musique. Ils nous ont donné l’espoir et la confiance dans la force de la vie.

Je remercie le public espagnol présent à mes concerts de Madrid et Barcelone début mars, malgré le danger, qui s’annonçait déjà sournoisement, pour venir m’écouter. Le souvenir de leur accueil me donne du baume au cœur. J’ai été très touché également par la présence de nombreux « sympathisants(es) » venus de toute l’Europe, de France, de Belgique, de Hollande, d’Italie, de Grèce, d’Allemagne… et même d’Angleterre malgré le Brexit. J’espère qu’ils sont rentrés en bonne santé et le sont restés.

Pensons les uns aux autres ; prenons de nos nouvelles avec affection et empressement. Appelons-nous, skypons-nous. C’est déjà ça, et heureusement, la technologie nous le permet. Rien ne vaudra jamais la vraie présence de nos parents et amis, mais les voir, même virtuellement peut nous rassurer et nous permet de veiller les uns sur les autres avec le même amour que d’habitude, et même plus, puisqu’il est renforcé par la crainte, non avouée, de ne pas nous revoir. Et nous nous reverrons. Nous nous embrasserons, rirons et jubilerons à nouveau ensemble.

Soyons reconnaissants au personnel médical en première ligne dans cette guerre : médecins, infirmiers(es), aides-soignants(tes), ambulanciers ; aux pompiers, aux policiers, gendarmes, militaires et à ceux et celles qui continuent de tenir leur rôle dans la chaîne de notre vie quotidienne pour nous permettre de nous alimenter, nous informer, et prendre soin de nous en gardant à notre disposition tout ce dont notre corps et notre âme ont besoin pour ne pas sombrer dans le désespoir.

Croisons les doigts pour que cette triste aventure inhumaine, ce drame, se termine au plus vite et ne soit plus que le souvenir d’un cauchemar duquel nous nous réveillerons, je l’espère, avec le moins de coups et de meurtrissures possibles. Il faut croire au retour des beaux jours. Courage.

On est tous sur le même bateau. Affectueusement à vous toutes et vous tous. »