Règlement de comptes au pistolet automatique entre passeurs à Loon-Plage
jeudi 15.09.2011, 05:11 - ALEXIS CONSTANT
En juillet, une dizaine de migrants avaient effectué une expédition punitive dans le camp de Loon-Plage faisant trois blessés graves. En juillet, une dizaine de migrants avaient effectué une expédition punitive dans le camp de Loon-Plage faisant trois blessés graves.
| COMPARUTION IMMÉDIATE |
C'est la guerre des passeurs entre les camps de Grande-Synthe, Téteghem et Loon-Plage. Les tensions sont vives. Chacun défend son territoire, sa clientèle, et les expéditions punitives se terminent parfois à l'arme à feu.
Dans la nuit du 22 au 23 juillet, les migrants de Loon-Plage ont essuyé une descente du clan des passeurs de Grande-Synthe, décrits comme « les plus agressifs » dans le milieu. « Ils avaient annoncé par des messages qu'ils viendraient nous attaquer », ont témoigné les victimes.
Cette nuit-là, une dizaine d'assaillants effectuent une descente armés de couteaux, de bombes lacrymogènes et d'un pistolet automatique de calibre 7,65. Une dizaine de coups de feu ont été tirés et des coups de couteau portés. Trois blessés graves sont à déplorer parmi les clandestins.
Un seul suspect
Sur la foi d'un unique témoignage, une seule personne a été identifiée parmi la bande des assaillants : Soran Hassen, un ressortissant irakien du camp de Grande-Synthe. Il est décrit comme un passeur et a déjà été condamné à dix mois de prison pour des violences avec arme lors d'une expédition punitive, cette fois dans le camp de Téteghem.
Recherché depuis les faits, il a été interpellé lors d'un contrôle de la police aux frontières, le 9 septembre, à Saint-Pol-sur-Mer et présenté, lundi, en comparution immédiate.
Les preuves contre lui sont minces et, aussi bien à la barre que devant les services de police, il a toujours nié farouchement son implication dans cette expédition, assurant qu'il était en Suède tout le mois de juillet pour une demande d'asile. « Quatre jours après ma sortie de prison, je suis parti en Suède. Ils ont refusé ma demande d'asile en me disant que j'avais déjà déposé une demande en Grande-Bretagne. C'est bien après que je suis revenu en France, pour regagner l'Angleterre ».
« Le problème c'est qu'on a tenté de vérifier si vous étiez bien en Suède au moment des faits, mais on n'a trouvé aucun élément prouvant votre présence là-bas, aucune trace de votre demande d'asile », signale la présidente. Autre détail qui chagrine le tribunal, les empreintes digitales de Soran Hassen correspondent à quatre identités différentes.
Sur les trois blessés, un seul affirme avoir vu Soran, précisant que c'est lui qui tirait au pistolet automatique. Après avoir été hospitalisées, les trois victimes n'ont jamais été retrouvées, donnant à cette enquête un aspect lacunaire.
« Vous ne pouvez pas le condamner sur la foi d'une seule personne qui vous dit : "oui, il était là". Cette parole n'est pas fiable, de la part de quelqu'un qui pourrait être lui-même un passeur de Loon-Plage voulant se débarrasser d'un rival ». Le tribunal a malgré tout reconnu Soran Hassen coupable, et l'a condamné à trois ans de prison ferme assortis d'un mandat de dépôt. Il est interdit de territoire pour une durée de trois ans.
LA VOIX DU NORD