Les conséquences de la crise économique ne sont pas encore tout à fait résorbées que, déjà, la pénurie de chauffeurs redevient un souci de taille pour les sociétés de transport belges. D'ores et déjà, ce sont pas moins de 1200 à 1500 chauffeurs qui vont manquer chaque année en Belgique.
Il est possible d'évaluer la portée immédiate de cette pénurie en corrélant des chiffres obtenus à plusieurs sources, afin d'évaluer l'afflux de nouveaux chauffeurs et le nombre de chauffeurs qui quittent la profession chaque année.
6 travailleurs sur 10 seulement sont chauffeurs
Les chiffres de l'ONSS ne portent que sur les personnes disposant d'un contrat de travail dans une entreprise du secteur (commission paritaire 140.03). Ils excluent donc des secteurs comme le déménagement, le négoce de carburant (dont les entreprises doivent disposer d'autorisations de transport), mais aussi les indépendants et les chauffeurs sous contrat intérimaire. Ils reprennent par contre les chauffeurs étrangers sous contrat de travail belge.
Les derniers chiffres disponibles portent sur le quatrième trimestre de l'année 2009, où 59804 travailleurs étaient employés dans le transport routier, dont seulement 59.75 % comme chauffeurs (soit 35732 personnes). Cette proportion est d'ailleurs en baisse depuis des années, confirmant le glissement vers les activités logistiques.
Un autre calcul portant sur le nombre de véhicules portant une licence de transport (réalisé par la rédaction de Truck & business) fait état de 55.600 poids lourds utilisés par le secteur en novembre 2010.
Pyramide inversée
Mais là où la pyramide des âges des autres fonctions ouvrières est normale, avec une base plus large en dessous de 30 ans qu'au-dessus de 50 ans, la situation est exactement inversée pour les chauffeurs. Seuls 11.95 % des chauffeurs ont moins de 30 ans, et 29.55 % ont plus de 50 ans.
Si l'on suit une règle arithmétique simple, cela signifie que 1600 chauffeurs atteignent l'âge de la pension en moyenne par an. Il s'agit ici d'un calcul extrêmement prudent, qui part notamment du principe qu'au sein de la classe des 50 à 65 ans, il y ait autant de chauffeurs de 50 que de 58 ou de 65 ans.
Si l'on extrapole au nombre de véhicules effectivement utilisés les chiffres de l'ONSS, on obtient un départ naturel de 2463 chaufeurs par an.
A ce chiffre, il faut encore ajouter les chauffeurs qui quittent le secteur du transport avant la fin de leur carrière, mais il n'existe aucun chiffre fiable à ce sujet. Le chiffre de plusieurs centaines de défections par an n'est cependant pas irréaliste.
Un afflux dramatiquement maigre
A l'autre bout de la pyramide, le nombre de nouveaux chauffeurs a beaucoup baissé ces dernièeres années. En 2009, seuls 869 personnes ont obtenu leur permis C ou CE, et l'on estime que les trois quarts de ces travailleurs ont au moins débuté leur
carrière dans une entreprise de transport routier, soit environ 650 chauffeurs 'neufs'. De ces 650 chauffeurs, les trois quarts proviennent des filières VDAB/Forem/Bruxelles Formation et un quart seulement des écoles secondaires.
Déficit de 2350 chauffeurs par an
Si 3000 chauffeurs quittent chaque année le secteur du transport routier alors que seuls 650 nouveaux chauffeurs rejoignent les rangs, la pénurie annuelle atteint donc 2350 chauffeurs par an.
Un dossier complet sera consacré à cette problématique, ainsi qu'aux solutions à y apporter, dans le numéro de juin du magazine Truck & Business.
Voila pourquoi aussi il y as de plus en plus de chauffeurs de l'est