http://www.lefigaro.fr/international/2010/09/20/01003-20100920ARTFIG00720-algerie-mauvais-musulmans-et-chretiens-sont-traques.php
Pour avoir rompu le jeûne du Ramadan, deux chrétiens algériens sont jugés mardi. Le procureur a requis, à l'issue de son réquisitoire, une peine de trois mois de prison ferme.
Le tribunal d'Aïn-el-Hammam (Kabylie, 150 km à l'est d'Alger) abrite, mardi, un procès bien singulier : celui des «dé-jeûneurs» du Ramadan. Hocine Hocini et Salem Fellak, ouvriers dans le bâtiment, ont été interpellés par la police le 12 août, deuxième jour du Ramadan, lors de la pause déjeuner, à l'intérieur d'une maison en construction. Arrêtés en «flagrant délit de consommation de denrées alimentaires», et présentés au parquet, ils ont été mis en examen pour «atteinte et offense aux préceptes de l'islam». Lorsque Hocine Hocini décline sa foi chrétienne et invoque la Constitution qui «garantit la liberté de conscience», la procureure, en colère, lui aurait conseillé de «quitter ce pays, qui est une terre d'Islam»…Mardi, trois mois de prison ferme ont été requis contre eux. Verdict le 5 octobre.
Cette opération n'est pas isolée. A Ighzer Amokrane, en Petite Kabylie, la police a donné l'assaut à un local commercial fermé, pour interpeller une dizaine de jeunes, coupables d'avoir consommé de l'eau et du café ; leur procès est prévu pour le 8 novembre prochain.
Toujours en Kabylie, quatre chrétiens comparaîtront, le 26 septembre, devant les juges de Larbâa-Nath-Irathen pour «pratique d'un culte non musulman sans autorisation».
La dernière provocation contre la communauté chrétienne remonte à quelques jours, lorsque l'église protestante de Tizi-Ouzou a été sommée par la wilaya (préfecture) de démolir des travaux, effectués à l'intérieur du mur d'enceinte pour sécuriser l'édifice. Le motif, qui invoque le «défaut de permis de construire», contraste avec l'anarchie architecturale qui a fait la réputation du quartier. Mustapha Krim, président de l'Église protestante d'Algérie, est amer : «Cette attitude discriminatoire n'est motivée que par un seul argument : notre foi chrétienne. Nous lançons un appel solennel aux autorités supérieures de l'État pour mettre un terme à ces dérives, et faire respecter le principe d'égalité des citoyens devant la loi.»