PARIS, 22 mai (AFP) - Les centres Leclerc sortent une nouvelle arme pour mener la guerre des prix dans la grande distribution, en lançant un site internet de comparaison des prix de tous ses magasins avec ses concurrents, le site www.quiestlemoinscher.com
"Nous allons créer le premier site d'évaluation des performances des enseignes en France", a déclaré le président du groupe Michel-Edouard Leclerc lors d'une conférence de presse.
La comparaison, réalisée par un institut de panel professionnel, "se concentre sur les achats quotidiens", a expliqué le responsable du projet, Hubert Delahaye.
Les enquêteurs ont examiné "2.013 magasins de plus de 30 enseignes différentes". Les "hard-discounters" ne sont pas examinés.
Chaque magasin Leclerc sera référencé, ainsi que ses concurrents des alentours, avec les écarts en pourcentage des prix constatés sur plusieurs milliers de produits de référence présents dans les magasins comparés.
Ainsi, par exemple, ce sont plus de 120 Carrefour, 440 Intermarché, 80 Auchan, qui sont examinés. Les mises à jour devraient être trimestrielles, mais "la fréquence d'actualisation n'est pas encore clairement définie", selon M. Leclerc.
"Il y a quelques magasins Leclerc qui ne sont pas premiers" par rapport à leurs concurrents, affirme le président du groupe, tout en assurant que le comparatif sera favorable à leur enseigne dans "environ 97% des cas".Le panier de produits, "que nous n'avons pas choisi, mais qui a été défini par les enquêteurs", précise-t-il, regroupe 3.500 références comparables, comprenant 1.500 marques nationales, 1.200 marques de distributeurs et 800 marques "Premier Prix".
En revanche, les produits frais ne sont pas référencés, "ils ne sont pas codés, donc pas comparables", selon M. Leclerc.
"Les consommateurs ont du mal à repérer ce qui est vraiment moins cher et plebiscitent beaucoup plus facilement la promotion" par coupons de réductions, assure M. Leclerc, en ajoutant que l'effort de son groupe porte plus sur la baisse durable des prix sur une longue période. "Nous préparons nos offensives durablement sur l'année", a déclaré M. Leclerc.
Jusqu'ici, "dans les produits de grande consommation, c'est la notion promotionnelle qui s'impose et qui entraîne une confusion générale de la notion de prix", selon M. Leclerc, qui estime que c'est "la loi Galland qui a strucuturé cette lecture en nous interdisant de négocier nos conditions d'achat".
Depuis la réforme Jacob-Dutreil de la loi sur la revente à perte, "il y a du potentiel de baisse, cela va donner des capacités de différenciation considérables entre enseignes", a-t-il jugé.
Du côté de ses concurrents, les grands acteurs sont restés prudents.
Le président du directoire de Carrefour José-Luis Duran n'a pas souhaité commenter jeudi matin cette initiative, se bornant à affirmer que "c'est le client qui décide", lors de la 4e rencontre annuelle des décideurs de la grande consommation réunie par l'hebdomadaire spécialisé LSA.
Chez Auchan, on affiche la "volonté d'avoir un positionnement prix performant. En 2005, nous étions déjà très bien placés", selon Jean-François Cherrid, directeur marketing France.
Intermarché se veut encore plus beau joueur, "on ne peut être que favorable à cette initiative de comparaison des prix, mais il faut que ce soit loyal et qu'on puisse comparer également les produits frais pour avoir une vision globale. Nous avons bon espoir de bien figurer dans ce classement", a déclaré Philippe Boutron, Président d'IPM (Intermarché alimentaire France).
Selon une étude de AC Nielsen publiée lors de la journée de rencontre organisée par LSA, hormis les hard discounters Lidl et Leader Price, Leclerc est perçu comme le distributeur le moins cher en France, suivi de Carrefour et Auchan.
Du côté du ministère du Commerce, on estime qu'il s'agit d'une "initiative qui permettra au consommateur de prendre ses décisions avec le recul nécessaire". "Toutes les informations sont bonnes à prendre", a-t-on ajouté de source proche du ministre.
Les véritables "grands gagnants" resteront néammoins probablement toujours les mêmes.